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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Je serai ton ombre

Lisa Jewell

Hauteville

3 novembre 2021

416 pages traduites par Adèle Rolland-le Dem

Thriller

Chronique

17 février 2022

« Une Dangereuse obsession, un secret mortel.»


Aussi rare, entêtante et épicée que son prénom le laisse entendre, Saffyre ( safran ), la belle et jeune londonienne aux origines multiples cache pourtant bien des secrets au fond de son cœur, qui affleurent dans chaque cicatrice, chaque scarification. Comment en parler ? Elle ne réussit même pas à les avouer à son psy, Roan.


Celui-ci peu à peu devient une obsession pour elle qui se met à l'analyser, à décortiquer chacun de ces gestes, de ces mimiques, jusqu'à le suivre, lorsqu'au bout de trois ans, il met fin à la thérapie, Saffyre ayant arrêté de se faire du mal.


En réalité, cette dernière maîtrise à la perfection les rôles qu'elle doit jouer au quotidien, au lycée, chez elle, avec ses amis. Elle donne le change. Elle n'est pas souvent elle-même, sauf lorsqu'elle piste son ancien thérapeute et dans les chapitres où elle est la narratrice.


Dans les autres passages, Lisa Jewell nous compte les histoires des différents acteurs de ce thriller psychologique extraordinairement bien imaginé et développé :

- La famille de Roan, composée de Cate l'épouse, Georgia et Josh les enfants bientôt adultes.

- Owen le voisin d'en face vivant chez sa tante Tessie.


Des personnages satellites comme Alicia, les enquêteurs, Tilly et Elona, etc ... étoffent cette description sans concession d'une société malade, mère de toutes les déviances, psychopathies. De là s'installe un climat délétère dans tout le quartier si chic où Roan et sa famille se sont installés en attendant que leur maison d'une zone plus populaire soit restaurée.


Ouverture :

Nuit de la Saint Valentin, 23:59 ...

Le danger, une poursuite, une rue, des bruits de pas, choisir entre la fuite, la peur ou l'affrontement. Puis le récit commence normalement par les présentations de la jeune Saffyre et son récit d'enfance terrible mais toujours policé jusqu'à sa rencontre avec Roan Fours.


Des femmes se font agresser sexuellement dans le coin, tous ont peur ; vite trouver un coupable, peut-être le voisin d'en face si bizarre, hors clous... Owen.

Tous sont figés dans des rôles distribués depuis la naissance... si tu veux changer les cartes que l'on t'a distribuées, gare à toi.

En plein #Metoo, la société est en mutation, cela ne se fait pas sans violence, douleur, injustice, suspicion, débordements, erreurs.


Saffyre en est l'exemple type refusant le casting pré-établi de sa vie, décidant que c'est NON.

En suivant comme son ombre, dès la fin des cours, son ancien thérapeute, elle est témoin d'événements qu'elle n'aurait jamais dû connaître. Elle se familiarise avec la famille de cet homme énigmatique, ses voisins, elle est celle qui sait, analyse, déduit. Elle a retourné la situation mais pas forcément à son avantage car elle disparaît soudain. Est-elle une des victimes de l'obsédé sexuel qui s'attaque aux femmes ? Le destin qui a déjà tout pris à la jeune fille, va-t-il aussi lui réserver une fin horrible ? La police va, sans le savoir, mettre ses pas dans ceux de Saffyre...


En parallèle, celle-ci s'adresse toujours à nous et nous raconte son enquête, les étapes de son cheminement....


Lisa Jewell continue également à dérouler son scénario tortueux et diabolique :

On trouve un coupable parfait, on le suit dans les méandres de sa pensée, au lycée où il est professeur d'informatique, dans le bureau de la direction, lors des interrogatoires au commissariat....

Roan et Josh ne sont pas ceux que l'on croit, Cate se réveille petit à petit d'années d'aveuglement, toutes ses certitudes explosent, et des femmes sont toujours attaquées, l'étau se resserre, une ombre du passé de Saffyre entre dans la danse.... Notre tête se met à tourner jusqu'à ce qu'enfin la maîtresse de ce ballet commence à dénouer devant nous, bluffés, l'écheveau qu'elle a minutieusement créé.

Fabuleux !


Au delà du suspense, du frisson, du polar, de l'analyse sociétale et psychologique de certains types de caractères, Lisa Jewell aborde un thème que je n'ai jamais vu traité de cette façon : celui concernant les moyens à mettre en oeuvre pour changer les mentalités, créer un environnement réellement égalitaire entre les sexes. J'ai été heureuse de voir, noir sur blanc, ce que je ressens profondément quant à la question de l'importance désastreuse que l'on donne au genre dans l'éducation, dans toute relation, qu'elle soit personnelle, amicale ou professionnelle. Par ce biais, elle aborde également la question cruciale de la définition que nous donnons de nous-mêmes en temps qu'individu. Que ressentons-nous face à notre miroir, qui voyons-nous ?


Un roman très profond et intelligent, voire peut-être pour certains dérangeant, un thriller somptueux qui jusqu'à la fin nous dévoile des vérités insoupçonnées et terrifiantes. Du grand art. Je vais certainement lire les autres titres de cette écrivaine singulière.

Quatrième de couverture

Il n'y a pas de fumée sans feu...
Cate vit à Londres avec son mari et leurs deux enfants. Ces derniers temps, Roan rentre de plus en plus tard, et ses petites attentions se raréfient. Il y a des signes qui ne trompent pas : persuadée que son mari a une liaison, Cate se met à l'épier de façon maladive. Mais cette mère de famille va bientôt avoir d'autres sources d'inquiétude : sa fille, Georgia, affirme avoir été suivie à son retour de l'école. Et l'une de ses camarades prétend avoir été agressée à deux pas de là, avant de retirer sa plainte.

Cate a sa petite idée sur le coupable : son voisin d'en face, Owen Pick, un vieux garçon qui la met mal à l'aise. Le soir de la Saint-Valentin, une jeune femme disparaît dans le quartier - et la dernière personne à l'avoir vue vivante, c'est lui.

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