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- Skeleton Road | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Skeleton Road Val McDermid Flammarion 2018 454 pages traduites par Perrine Chambon et Arnaud Baignot Polar Chronique 21 avril 2018 « La géographie est une question de pouvoir. Bien qu'on la juge souvent innocente, la géographie du monde n'est pas un produit de la nature, mais le fruit de luttes entre des puissances concurrentes pour obtenir le pouvoir d'organiser, d'occuper et d'administrer l'espace. » Gearoid O Tuathail, Critical Geopolitics. En effet, et les hommes se retrouvent écrasés par le rouleau compresseur de l'Histoire, celle qu'on veut bien nous raconter partiellement. Les faits, les circonstances sont changés pour coller à une réalité de pacotille, qui ne souffre pas un examen plus approfondi. « Bobards. Je disais que si nos dirigeants n'aiment pas tellement parler des Balkans, c'est qu'on a vite fait d'avoir une vision manichéenne de la situation.... Personne n'a les mains propres dans ces conflits. Ni les croates, ni les Albanais, personne. Ils étaient tous capables du pire.... » Les Balkans, vite oubliés et pourtant ! Une guerre aux accents moyenâgeux, vengeance de siècles en siècles, mémoire qu'on ranime en permanence comme on gratterait les croûtes d'une plaies pour ne jamais cicatriser. Loi du Talion frappant les coupables mais aussi les innocents au passage, dommages collatéraux. Un coucher de soleil magnifique sur le port crétois de La Canée. En terrasse, il fait bon siroter un fond de Metaxa sept étoiles pour cet homme d'une soixantaine d'années, large d'épaules et avant-bras musculeux. Quelques kilos en trop trahissent le relâchement bien heureux dans lequel se prélasse ce retraité. Il s'en va enfin pour rejoindre son appartement. Soudain, une voix lui murmure un nom à l'oreille qu'il n'a plus entendu depuis des années, trop tard, de la gorge tranchée jaillit le sang, éclaboussant tout sur son passage, emportant avec lui les cris des victimes... Presqu'au même moment, dans le centre historique d'Édimbourg, Fraser Jasmine arrive sur les toits de la John Drummonds School, abandonnée depuis vingt ans, et bientôt restaurée pour créer des logements étudiants. Fraser doit donc inspecter le bâtiment et la maçonnerie, et malheureusement pour lui sujet au vertige, également ce fichu toit. Arrivé au troisième pinacle, ce qu'il voit le terrifie, plus que le vide... Un squelette abandonné depuis des années. C'est l'inspectrice Karen Pirie de l'Unité des Affaires Historiques, flanquée de son adjoint balourd, l'inspecteur Jason Murray, qui est chargée de l'affaire. Celle-ci les mènera à Oxford et en Croatie, dès que l'identité de la victime, tuée d'une balle dans la tête, sera établie. Elle les conduira aussi dans le royaume des morts, des monstres, dans un monde où des criminels de guerre restent impunis pendant que leurs proies crient toujours d'effroi du fond de leur cauchemar ou de leur tombe. Et puis il y a la figure presque théâtrale de l'amante, la femme, l'épouse, qui telle une gente dame attend le retour de son beau Chevalier depuis huit ans, lorsqu'il a disparu de sa vie, d'Oxford où ils vivaient heureux, tournés vers l'avenir. Ce policier est un des plus réussi et bouleversant de Val McDermid, touchant à un drame indicible, indescriptible qu'on pensait impossible 45 à 50 ans après la seconde guerre mondiale : l'histoire tragique aux couleurs Shakespeariennes des Balkans. L'auteure s'appuyant sur les travaux de deux femmes exceptionnelles, Kathy Wilkes, professeur de philosophie à St Hilda's College à Oxford, et du professeur Sue Black, Directrice du centre d'anatomie et d'identification humaine à l'Université de Dundee, peut déployer tout son talent pour émouvoir, effrayer et révolter son lectorat. Toutes deux sont allées sur le terrain, l'une pour enseigner, ayant donc vécu le siège de Dubrovnik, ayant témoigné par ses écrits de ce qui se déroula vraiment dans cette zone de guerre, dont une rue de la ville reconstruite porte aujourd'hui son nom, et l'autre, médecin légiste anthropologue dirigeant l'équipe médico-légale britannique envoyée au Kosovo par le ministère des Affaires étrangères sous l'égide des Nations unies. Combien d'horreurs, d'atrocités ont été perpétrées dans les années 90, qu'ont elles dû voir et répertorier pour que justice soit faite au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ? Les comptes-rendus de ces deux héroïnes de l'après guerre œuvrant pour la mémoire des disparus ont inspiré l'auteure. C'est donc une fiction quant à l'enquête elle-même, parfaitement menée et maîtrisée jusqu'au bout par l'écrivaine, mais également un récit d'une valeur historique et humaine indiscutable. On sent l'implication personnelle et l'émotion de Val McDermid entre les lignes de ce thriller. L'écriture limpide, claire sans pathos inutile, ajoute à la dramaturgie. Les victimes se tiennent dignes, souvent silencieuses face à l'inexprimable. L'espoir reste en cette nouvelle génération connectée aux autres, via les fameux réseaux sociaux si souvent décriés, qui pourtant rendent l'autre si proche, si semblable. La technologie luttant contre l'obscurantisme d'un autre âge, vieux seulement de 25 à 30 petites années. Quatrième de couverture Des ouvriers découvrent les restes d’un cadavre au sommet d’un immeuble du centre historique d’Édimbourg. À qui appartient ce squelette, et comment est-il arrivé jusque-là ? C’est à l’inspectrice Karen Pirie qu’est confiée la résolution de l’énigme. Entre passé et présent, elle va devoir s’enfoncer plus loin qu’elle ne l’aurait cru dans l’histoire tragique des Balkans, là où couve encore la violence de crimes de guerre inavoués. Val McDermid signe ici un polar sombre, puissant et parfaitement maîtrisé, hanté par le souvenir sanglant des guerres de Yougoslavie des années 1990. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Marie Octave Monod Une femme libre | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Marie Octave Monod Une femme libre Brigitte Joseph-Jeanneney Editions Du Palais Mémoire De Femmes 22 septembre 2023 364 pages, version illustrée Divers Chronique 22 septembre 2023 Marie Octave Monod est entrée dans ma vie voici plus d'un an et demi par le biais de sa biographie rédigée en 1937 et rééditée par les Éditions des femmes Antoinette Fouque. Celle-ci intitulée « Daniel Stern, comtesse d'Agoult. De la Restauration à la IIIe République « m'avait frappée par sa qualité rédactionnelle, par sa franchise, sa modernité et son sujet principal, évidemment. Une rencontre entre Marie d'Agoult et Marie Monod avait eu lieu car les deux femmes étaient des amoureuses absolues, entières. La vie de Marie Octave Monod était donc relaté dans la préface écrite par son petit-fils, Jean-Noël Jeanneney, et je découvris une figure hors du commun, singulière et particulièrement attachante. J'éprouve une profonde admiration pour son courage, son engagement tout au long de sa vie. Pour le bien qu'elle a diffusé autour d'elle, pour ses convictions, sa bravoure et son sens de l'honneur malgré tous les malheurs et drames qui l'ont frappée. Je l'aime également pour sa capacité à aimer, justement, à écrire ses propres règles se libérant sans violence du carcan imposé par la société et le milieu protestant dont elle est issue. Elle s'interroge sur certains principes immuables et se remet également en question cherchant à s'améliorer inlassablement, preuve, s'il en est besoin, de sa grande âme. Je pourrais reprendre les principales dates qui ont jalonné son existence mais ce livre le fait précisément et avec brio. Je préfère rester dans le domaine intime de mon ressenti. L'idée magnifique de Brigitte Joseph-Jeanneney d'écrire ce texte sous forme d'une autobiographie fictive apporte un supplément de cœur, tisse un lien émotionnel particulier avec le lecteur. Je rêvais que ce fut ma grand-mère qui s'adressait à moi comme Marie écrivant à Brigitte, jeune fille. Cette dernière explique que ce qui la rapprochait particulièrement de sa grand-mère était lié à leur veuvage et à l'adoption chacune d'un enfant. Certainement.... j'ajouterai une empathie extraordinaire et une générosité exceptionnelle. Ainsi l'idée de cette petite fille imaginant ce que son aïeule aurait pu lui révéler est bouleversant. C'est une biographie écrite à quatre mains à travers le temps et l'espace. Merci infiniment à Brigitte Joseph-Jeanneney pour la confiance qu'elle a bien voulu me témoigner. Je renouvelle également ma gratitude envers Sylviane Guillaumont-Jeanneney autrice de "Marie Chavannes dans son siècle 1876-1966 - Transmission et liberté" paru le 29 novembre 2022 aux Editions L'Harmattan dans la collection Mémoires du XXème siècle, et à Jean-Noël Jeanneney, tous deux sœur et frère de l'auteure. Quatrième de couverture Cette autographie fictive, nourrie d’archives inédites, du journal et des lettres de Marie Octave Monod, se fait l’écho d’une forte personnalité qui fut confrontée à deux guerres et à de douloureuses épreuves personnelles. Une voix singulière qui nous parle, nous éclaire, nous bouleverse. Il constitue aussi le témoignage précieux d’une vie de femme, au tempérament fort et généreux, une femme soucieuse de « rester maîtresse de sa vie », d’imprimer sa marque. Situation rare dans cette génération de femmes : Marie Octave Monod, née en 1876, a su garder tout au long de sa vie sa liberté d’action et de création, exister par elle-même. Tout en restant profondément attaché à son mari, collaborateur de Marie Curie. Elle n’a eu de cesse de défendre la cause des femmes, de lutter pour leur accès aux études et aux professions supérieures, de prévenir la prostitution. Inspirée par un féminisme pragmatique et tenace, douée d’un tempérament à la fois ardent et mesuré, elle posa ainsi les premiers jalons de leur émancipation. Historienne, Marie Octave Monod est l’auteure d’une biographie de Daniel Stern, où elle met en valeur l’indépendance d’esprit et de cœur de la comtesse d’Agoult. Foncièrement républicaine, progressiste, elle fut dreyfusarde à 20 ans, et fervente de Clemenceau toute sa vie, dont elle s’attacha à honorer la mémoire. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Histoire de célibats | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Histoire de célibats Juliette Eyméoud - Claire-Lise Gaillard PUF 12 avril 2023 176 pages Essai Chronique 30 octobre 2023 Ouvrage publié à l'initiative scientifique d'Olivier Coquard. Lecture de l'introduction enregistrée en vidéo sur Évanances littéraires et Eva Résonances littéraires : En tout 11 contributrices et contributeurs ont participé à cet essai édifiant, tout à fait passionnant. - Des filles de Charlemagne écartées du mariage par leur père pour raisons politique et successorale. - Du veuvage d'un homme éploré, Macé Prestesaille, avec enfants à la fin du XVe siècle dont on a retrouvé l'exceptionnel livre de mémoire. - De la célèbre damoiselle Henriette de Conflans, marquise d'Armentières, femme de tête qui sa vie durant cherchera à rétablir la fortune de son nom et mit son existence sous le signe de l'indépendance. - De François-Antoine Devaux, surprenant représentant de la noblesse au siècle des Lumières, se consacrant à la littérature et s'opposant au mariage et ses contraintes multiples et d'abord d'ordre financier. Stratégie pour se singulariser et atteindre une visibilité ou réelle volonté de rester célibataire ? - Claude/Claudine Fauret contraint au XVIIIème siècle au célibat par la justice alors même qu'elle lui octroyait le droit de s'habiller en homme. Le mariage est fait pour donner des enfants à la patrie. Si cela n'est pas possible, interdiction pure et simple de convoler. La vision de la transsexualité, de l'homosexualité féminine, les termes employés d'hermaphrodisme, de tribadisme, les explications scientifiques sont stupéfiants. - Alexandre Brongniart le savant faisant partie d'une génération d'hommes représentatifs du monde scientifique postrévolutionnaire. Sans poste fixe, sans fortune, se marier est tout simplement inenvisageable. La question du célibat des savants à la fin du XVIIIème siècle est ici traitée. Célibat mais non chasteté évidemment d'où un portrait de la sexualité de ces messieurs croustillant en ces temps de masculinisme affirmé. Va-t-il se soumettre à l'institution, aux ordres de la société ? - Appoline Leclercq pauvre femme internée dans un asile au XIXème siècle, dès juillet 1871 par décision préfectorale. Elle représente toutes ces malheureuses célibataires internées en France en cette période et qui se retrouvent piégées car seules. Le célibat les fragilise, sans mari, sans famille, sans tuteur, nul espoir de sortir. Et pourtant Appoline n'a cessé de crier qu'elle voulait se marier.... - Gertrude Bell, archéologue toujours sur le terrain et en déplacement, polyglotte, traductrice de poèmes persans, alpiniste, écrivaine, officière politique, diplomate et en plus célibataire. « Figure paradoxale transgressant les rôles de genre, elle est pourtant éminemment conservatrice, milite contre les suffragettes et aspire au mariage et à une vie de famille qu'elle n'aura toutefois jamais »! Son existence est épique, incroyable... - Madeleine Pelletier, doctoresse décédée en 1939, grande amie de la femme de lettres Arria Ly militant pour un célibat accompagné de chasteté. Ce sont des femmes combattant le patriarcat, la société et toutes celles qui ne veulent pas les comprendre cela inclut certaines féministes. - Joseph-Antoine Canasi militaire corse cherchant avec ardeur une femme par petites annonces et autres procédés en vogue au début du XXe siècle. Monsieur est tiraillé entre son manque d'argent pour s'établir et son désir de s'élever socialement par le mariage. Le poids de la famille également est notable. Moment savoureux qui met un point final à cet essai, tant le personnage est ridicule et pourtant touchant. À lire évidemment. Quatrième de couverture Ce livre propose dix portraits de célibataires sur le temps long de l’histoire, du Moyen Âge au XXe siècle. Il part du constat d’une invisibilité des célibataires dans les recherches historiques en France : le célibat y a rarement été perçu comme une variable significative de la vie des individus, ou bien il n’est abordé qu’en négatif du mariage. Sans prétendre à la synthèse, l’ouvrage veut présenter différentes « vies de célibat », historiquement et socialement situées. Penser des individus par leur célibat permet à la fois de comprendre ce qu’être célibataire veut dire selon les époques, quelles pratiques sociales et quelles représentations collectives recoupe cette notion. Cette galerie de portraits incarne donc, par des trajectoires de vies, la progressive formalisation et stigmatisation du célibat face à la norme du mariage. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Dans l'épaisseur de la chair | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Dans l'épaisseur de la chair Jean-Marie Blas de Roblès Zulma 2017 384 pages Roman Chronique 24 juillet 2018 « Les morts sont bien morts. Qu'ils reposent en paix dans les deux camps. Au crépuscule de la dernière bataille, la sinistre comptabilité de la guerre finira, quoi qu'il arrive, à l'équilibre. Une fois reconnu l'arbitraire injustifiable de la colonisation de l'Algérie et recensées les atrocités qu'elle a produites, à quoi peut bien servir de remâcher ? Ni la mémoire ni l'oubli ne sauraient combler les ravines du désespoir creusées de part et d'autre par ce torrent. Mais si tout un peuple a eu raison de se lever contre l'occupation française, le temps est peut-être venu d'accepter cette évidence que des hommes transplantés par la misère dans un pays qui n'était pas le leur l'ont fait fructifier et l'ont aimé avec la même rage que ceux qui s'y trouvaient déjà. » Histoire d'un exil, d'un déracinement entrepris à la fin du XIX ème siècle par les grands parents, afin de ne plus crever de faim, d'Espagne à l'Algérie, longue lutte pour s'y faire une place, moments de vies cocasses, tendres, tragiques, humains en un mot, fierté du père devenu chirurgien, enrôlement à vingt ans pour se battre avec les bataillons d'Afrique du Nord en Italie puis en France contre l'Allemagne, début de l'indicible guerre d'indépendance, des massacres, de l'horreur encore, de la trahison et du rejet de tous, de la traversée vers la France inhospitalière, de la lutte encore et toujours pour s'y acclimater, y refaire à nouveau sa place, y élever ses enfants qui sont eux français et se souviennent peu du pays perdu... Histoire d'un fils en quête de son père, un fils qui " cherche à faire sienne la blessure paternelle, pour coïncider avec elle dans l'épaisseur de la chair : parce qu'il s'agit d'abord d'entrailles et de terre rouge, d'ivresse de vivre, d'embrasement de l'âme sous la lumière d'un plein été." " Toi de toute façon, tu n'as jamais été un vrai pied-noir !" Réflexion maladroite à la fin d'un dîner de Manuel Cortés à son fils venu fêter Noël chez ses parents dans le sud avec ses trois jeunes fils. Un couperet, une gifle ! Qu'est-ce à dire ? En quoi ne serait-il pas un vrai pied-noir ? Bouleversé au petit matin, Thomas a besoin de se retrouver, de comprendre et s'en va seul pêcher en Méditerranée. Mauvaise manipulation, il se retrouve à l'eau et est incapable de remonter à bord du bateau de son père, symbole puissant de la relation d'amour tumultueux entre les deux hommes. Commence une longue attente.... dans l'eau de plus en plus froide, peu à peu son esprit divague et retourne évidemment vers cette figure paternelle et son histoire familiale du XIX ème siècle à nos jours. Un récit entrecoupé de moments d'inquiétude quant à situation actuelle périlleuse mais aussi par rapport à son positionnement vis à vis de cette Saga. Pas facile d'être fils de....encore moins quand le destin parental a été si dramatiquement lié à l'Histoire et aux décisions arbitraires de certains. Pour nous, un témoignage bouleversant et une remise en couleurs de vieux films en noir et blanc qui sont aussi notre patrimoine commun. Une histoire intime et universelle, un père et son fils, un homme et sa Terre de cœur, une compréhension de l'autre au-delà de la simple empathie, jusqu'à se fondre totalement dans sa psyché, dans sa chair. Ne faire plus qu'un, comprendre enfin son père, son passé, être son enfant mais aussi son ami. Passer à l'âge adulte pour l'aider à cicatriser un peu, au mieux... La puissance et la beauté d'une langue française admirable, précise, variée, musicale. Un chant d'amour magnifique ! Quatrième de couverture C’est l’histoire de ce qui se passe dans l’esprit d’un homme. Ou le roman vrai de Manuel Cortès, rêvé par son fils – avec le perroquet Heidegger en trublion narquois de sa conscience agitée. Manuel Cortès dont la vie pourrait se résumer ainsi : fils d’immigrés espagnols tenant bistrot dans la ville de garnison de Sidi-Bel-Abbès, en Algérie, devenu chirurgien, engagé volontaire aux côtés des Alliés en 1942, accessoirement sosie de l’acteur Tyrone Power – détail qui peut avoir son importance auprès des dames… Et puis il y a tous ces petits faits vrais de la mythologie familiale, les rituels du pêcheur solitaire, les heures terribles du départ dans l’urgence, et celles, non moins douloureuses, de l’arrivée sur l’autre rive de la Méditerranée. Dans l’épaisseur de la chair est un roman ambitieux, émouvant, admirable – et qui nous dévoile tout un pan de l’histoire de l’Algérie. Une histoire vue par le prisme de l’amour d’un fils pour son père. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les âmes peintes | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les âmes peintes Philippe Nicolas Cohen & Cohen Août 2019 376 pages Polar Fantastique Chronique 21 octobre 2020 Premier roman très réussi « L'âme aime la matière. » « Conserver c'est converser. » « Contrairement à ce qu'ont dit certains philosophes, l'émotion artistique n'est pas le fruit d'une contemplation désintéressée. De même que le sentiment amoureux nous pousse à faire ce que nous éprouvons à savoir l'amour, le sentiment esthétique se raccorde à nos besoins Vitaux, en particulier à notre instinct de survie. » Combien ce roman inclassable m'a enthousiasmée résonnant fortement en moi, incroyablement !D'une part, comme vous tous me nourrissant de beauté, de musique et de littérature pour illuminer une période anxiogène crépusculaire, un tel ouvrage est incontournable et salvateur. Il offre une respiration.Mais également en tant qu'artisane d'art depuis mes vingt ans, designer, puis chanteuse lyrique, et le champ des possibles s'étend tous les jours, ce récit dense, riche, est en écho de ce que je vis quotidiennement. Pourquoi s'enfermer dans des limites ? Cette pluridisciplinarité est parfaitement illustrée par cette oeuvre aux multiples facettes....polar, thriller, romance, fantastique dans un décor fabuleux : le musée du Louvre. La visite des lieux, des souterrains aux combles, m'a passionnée, voir les coulisses, traverser le miroir des apparences m'a magiquement transportée dans un monde extraordinaire, insoupçonnable.Les artistes, les peintres de la Renaissance sont par excellence des touche-à-tout de génie, multipliant les dons, créant, innovant, améliorant les techniques grâce à leur connaissances en chimie, leur savoir-faire artisanal, leur expérience de la matière... Du coup celle-ci s'élève au niveau de médium vivant, pouvant évoluer. Dès lors, rien n'est réellement figé. Le Maître par excellence est incontestablement Léonard de Vinci.... Une de mes oeuvres favorites du Maestro est La belle Ferronnière, que je trouve envoûtante.Je ne suis pas la seule en particulier, Azor, jeune photographe qui semble hypnotisé, appelé par la jeune femme... À un tel point que tout disparaît autour de lui, comme s'il était entré dans le cadre, comme s'il communiquait avec la femme mystérieuse. Son amoureuse, Séléna, chimiste, le retrouve dans cet état figé, un peu inquiétant tout de même, face à ce même tableau qui de magique peut paraître soudain maléfique. Les tourtereaux se sont d'ailleurs rencontrés grâce à ce musée, devant cette oeuvre, pour leur travail respectif : l'un à la demande des Éditions du Louvre souhaitant faire paraître un livre sur l'art du portrait chez Léonard de Vinci, l'autre à la requête du Président du musée, Pierre Longueville, afin d'améliorer la cage de verre de la Joconde. Nous avons, nous français, l'immense privilège d'exposer, dans l'impressionnante salle des États, la Joconde et plus loin La belle Ferronnière... La première est protégée derrière du verre ... La regarde-t-on encore vraiment ? Rien n'est moins sûr.Cependant pour certains êtres doués d'une hypersensibilité, s'approcher de ce portrait s'apparente à une nouvelle rencontre... Nous nous attendons à redécouvrir ce sourire indéfinissable.... Et si un jour, une des conférencières , Lucie Bergeaud, à l'émotivité exceptionnelle, donnait brusquement l'alerte devant l'impensable : Monna Lisa ne sourit plus.... Et si, après vérification, des détails infimes mais réels apparaissaient métamorphosés sur d'autres toiles... Stupeur, terreur.... Panique à bord, branle bas de combat : le Ministre de la culture, Renaud Freysse, la Directrice du service des musées de France Marine Callazel, le Directeur du département des peintures, Giovanni Spazzolo, spécialiste des peintres de l'ombre tel Michel Ange, et Pierre Longueville se retrouvent en réunion d'urgence. L'Art est une affaire d'état et un enjeu considérable en terme de géopolitique et de relations avec les puissances étrangères.L'affaire enfle, on mandate sur place Bruno Gorce, policier ayant l'habitude d'être missionné dans les administrations. D'un physique banal doublé d'un esprit pragmatique, curieux, intuitif, il ne peut inquiéter personne. Tout est donc en place pour jouer la pièce de théâtre imaginé par un esprit supérieur, charismatique, ayant la capacité de naviguer entre différents univers, entre différentes réalités....Un compte à rebours est enclenché sans que personne ne comprenne ce qui se passe... Le mystère devient cauchemar lorsque l'on découvre des morts allongés devant des oeuvres qu'ils admiraient quelques secondes avant de s'écrouler... Une vibration des mondes devient perceptible...l'Art muselé, instrumentalisé par les gouvernants successifs depuis l'émergence de l'humanité serait-il en train de se libérer ? Complètement fou, improbable... Un tableau peut-il être vivant ? Non, bien sûr ! En êtes-vous certain ? En cette période bouleversante où les artistes ne peuvent s'exprimer, monter sur scène, exposer, condamnés à essayer de partager et de communiquer avec les citoyens via des vidéos insuffisantes, derrière la vitre des écrans, telle notre Monna Lisa, où la colère des peuples gronde alors que l'accès au rêve, à l'espoir est interdit par l'État, ce thriller policier et fantastique remet l'Art à sa juste place. Il apparaît certain qu'il répond à des besoins vitaux de chaque femme et homme depuis toujours : s'émouvoir, se reconnaître dans les oeuvres, se sentir un maillon d'une chaîne humaine... À partir de cette vérité, Philippe Nicolas nous offre un texte inclassable, atemporel, essentiel, tout en étant un roman magnifiquement écrit, réjouissant, lumineux alors même que les évènements évoqués et leurs conséquences sont tragiques. Les ténèbres assombrissent notre avenir, mais la beauté, la création, l'Art peuvent montrer un autre chemin en gardant intacte notre intégrité d'êtres humains. Quatrième de couverture Le Louvre est le théâtre de phénomènes étranges. Un homme est retrouvé mort au pied d'une toile. La Joconde perd le sourire. Un homme ne paraît pas surpris : le président du Louvre. Quel incroyable secret le patron énigmatique a-t-il découvert dans les portraits de Léonard de Vinci en menant des expériences dans les laboratoires souterrains du musée ? Un inspecteur mène l'enquête. Une histoire fantastique, policière et sensuelle au cœur du Louvre. L'incident vient de se produire dans la salle des Etats, au coeur du Louvre : Un homme est retrouvé mort de façon inexpliquée au pied d'une toile et en parallèle des centaines de visiteurs découvrent que les commissures des lèvres de La Joconde se sont légèrement affaissées... La déflagration est immédiate dans le monde de l'art et l'onde de choc se propage au niveau politique, diplomatique et économique. Le conservateur du Louvre Pierre Longueville, figure charismatique aux théories ahurissantes, ne semble pourtant pas étonné puisque de son point de vue la peinture devrait entrer dans la catégorie des arts vivants... Que s'est-il passé ? Quel divorce s'est produit entre le monde réel et celui de l'art ? Un inspecteur, Bruno Gorce mène l'enquête. Une histoire fantastique, policière et sensuelle au cœur du Louvre. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Sans foi ni loi | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Sans foi ni loi Marion Brunet Pocket Jeunesse 2019 223 pages Jeunesse Thriller Chronique 15 janvier 2020 Un thriller sous forme de western dont le personnage principal est une femme hors la loi, borderline, juste après la guerre de Sécession.... Pour les jeunes adultes en particulier, et pour tous, je pense : voilà qui est drôlement séduisant, original, d'autant plus que ce roman est diablement bien écrit, caustique, sans concession, ménageant de très belles scènes d'action, d'amour, d'amitié, de tendresse, d'émotions, de peur, de rire... Le cadre : le Far West, d'abord la maison d'un pasteur, le père violent et pervers de Garett, puis les plaines et forêts jusqu'à une ville de bonne taille avec son Saloon, son bordel... Là attendent Jenny et Pearl .... Mais aussi Will et Sean.... Tous ceux qui vont devenir si importants dans la vie de l'adolescent pour qui ce rapt, par une bandit de grand chemin, va être sa rédemption pour des pêchés qu'il n'a pas commis mais pour lesquels son père le battait et le maltraitait. Ce sera sa porte d'entrée vers l'âge adulte... Grâce à cette femme exceptionnelle, hors norme, il va apprendre à prendre sa destinée en main, à vivre libre, à choisi son camp, à faire preuve de tolérance et d'humanité dans une société sclérosée, mysogine, corsetée, injuste, expéditive avec les plus faibles et les femmes.... Abigail Stenson est haïe parce qu'elle est une voleuse, une tueuse, mais surtout, et avant tout, parce qu'elle se permet de s'habiller en homme, de vivre comme un homme, de s'arroger tous les droits de ces messieurs. On l'aime ou on la déteste.... elle ne laisse personne indifférent. S'enfuyant sur le cheval volé au Marshal avec Garett en prisonnier de plus en plus consentant, Ab met en place déjà la fin de cette histoire.... Elle le sait, poursuivie par le pasteur, le Marshal et un chasseur de primes psychopathe, elle n'a pas d'autre choix que de profiter de son avance pour rejoindre au plus vite Jenny et Pearl, pour les mettre financièrement à l'abri.... Et surprise, le jeune Garett est un compagnon de voyage utile, agréable, un gamin courageux dont la vie n'a pas été facile. Elle comprend ses cicatrices, elle les soigne et se soigne en même temps d'une enfance maltraitée. Elle devient son mentor, il est lui aussi sa rédemption.... J'ai eu en tête pendant tout ce livre très cinématographique Sharon Stone en hors la loi... C'est une histoire qui serait fabuleuse en film, de ceux de Robert Redford ou Clint Eastwood.... À vous de monter à cheval, une fantastique course poursuite à travers le Far West vous attend. Très bon livre... magnifique final... Quatrième de couverture Lorsqu'une hors-la-loi débarque chez lui et le kidnappe, Garett est terrifié. Pourtant Ab Stenson, cette femme indomptable, est celle qui lui ouvrira les portes d'un avenir moins sombre, loin de son père violent. Fasciné par sa ravisseuse, Garett découvrira ses plus grands secrets, ceux qu'on ne révèle qu'à ses plus proches amis. Dans son sillage, il rencontrera l'amour et l'amitié, là où il les attendait le moins. Jusqu'au bout de la route, où Ab lui offrira le plus beau des destins : la liberté. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Apnée noire | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Apnée noire Claire Favan Pocket 12 février 2015 384 pages Thriller Chronique 5 mai 2022 Un thriller policier très « américain » et cinématographique à la Linwood Barclay, efficace, vif, loin de la violence et du côté trash de « Le Tueur intime », tout aussi passionnant et haletant, mettant en scène un tandem improbable formé d'un flic en perdition alcoolique et suicidaire et d'une agente du FBI, véritable star des médias, glaçante et intrigante. Le postulat de départ n'est pas en soi original, mais son traitement l'est. On lit ce roman très vite, de plus en plus intrigués par le développement et les retournements que nous a concocté avec délectation l'autrice. Tous les ingrédients indispensables à la réussite d'un polar sont là avec un petit supplément spécial signé Claire Favan : des révélations surprenantes de dernière minute absolument imprévisibles nous emmenant bien loin du chemin balisé que nous pensions suivre. À noter l'humour omniprésent et un sens de la psychologie aiguisé. Le passage au Salon de l'occultisme est un moment réjouissant... Claire Favan s'amuse et ose, et cela fonctionne très bien. Un très bon policier. Quatrième de couverture Tout est là, comme avant. Une jeune femme, noyée dans la baignoire. La cordelette bleue qui lui attache, dans le dos, les poignets aux chevilles. Jusqu'au pendentif en forme de trèfle à quatre feuilles – un détail jamais révélé à la presse... La signature du serial killer Vernon Chester. Sauf que... Voilà plus d'un an que Chester a poussé son dernier souffle dans le couloir de la mort. Alors ? Un imitateur ? Une erreur judiciaire ? Pour Megan Halliwell, du FBI, et Vince Sandino, flic au passé trouble, la plongée en eaux profondes devient aussi perverse qu'irrespirable.. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Victime 2117 | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Victime 2117 Jussi Adler Olsen Albin Michel 2 janvier 2020 575 pages, traduites du danois par Caroline Berg Thriller et Policier Chronique 3 janvier 2020 En ce qui me concerne, Jussi Adler Olsen est le champion de marathon au long cours dans la catégorie série policière, thriller politique voire historique. On sent sa nécessité de dénoncer des injustices, son engagement de citoyen, ses profondes convictions humanistes, sa volonté de rétablir des vérités historiques, le tout assaisonné de scènes violentes, noires, crues mais aussi de tendresse, d'amour, d'amitié, de camaraderie, d'authenticité et de beaucoup, beaucoup d'humour. Je suis une fan inconditionnelle, et en plus c'est mon premier Jussi Adler Olsen acheté, les autres ayant été trouvés dans les médiathèques de Paris et de Malakoff que je remercie infiniment. Cela fait du bien de retrouver une famille de personnages plus vrais que nature, dont nous suivons les enquêtes, mais également les vies trépidantes jalonnées d'événements exceptionnels, gravissimes, de grandes souffrances mais aussi de joies extrêmes et de sacrées surprises. Et cet opus vous en promet de gratinées.... Carl Morck dirige ce département V, épaulé par Assad, très mystérieux quant à son passé, Rose dont c'est enfin le grand retour après deux ans d'absence, et Gordon toujours aussi timide et en amour pour sa collègue. Sans oublier Mona la compagne de Carl et les autres acteurs secondaires récurrents qui apportent une légèreté au récit tout en permettant à l'auteur de continuer à raconter la vie des héros en parallèle des enquêtes ponctuelles. Ainsi, le fil conducteur entre tous les tomes est toujours tendu. Jussi Adler Olsen réussit à nouveau à courir plusieurs lièvres à la fois avec maestria, sans aucun temps mort. Les régimes dictatoriaux de Syrie, Irak, et les répercussions sur les opposants aux régimes totalitaires, les mensonges des Etats Unis quant à la présence d'armement de destruction massive chez Saddam Hussein, la tragédie vécue par les migrants traversant cette Méditerranée devenue un immense cimetière, l'addiction de millions de jeunes de par le monde à des jeux vidéos ultra violents, totalement déconnectés de la vie réelle et potentiellement des criminels en puissance, le terrorisme enfin, en Europe principalement, faisant de nous tous des cibles. Mais surtout la personnalité d'Assad nous est enfin dévoilée... on a espéré ce moment pendant très longtemps. Tout commence donc à Barcelone, avec un journaliste raté, Joan, ruiné, seul, désespéré, assis à la terrasse d'un café en bord de mer essayant de trouver le courage de se suicider par noyade... Ce ne sera pas pour tout de suite, un attroupement sur la plage attire soudain son regard... Une équipe de télé filme un reportage sur une tragédie. Des corps viennent s'échouer sur un rivage chypriote, des migrants dont ce fut le dernier voyage.... Serait-ce le signe que Joan attendait.... Le scoop, sa chance.... Vite, trouver le moyen de se rendre sur place, la plage d'Ayia Napa.... l'y attend le corps de la victime n° 2117.... Il est piégé, il lui doit de dévoiler la vérité sur sa mort. Votre voyage commence qui passera par Copenhague pour finir à Berlin. Formidable épisode, cela valait la peine d'attendre.... Tout les ingrédients nécessaires à la rédaction d'un étonnant thriller politique y sont.... Une réflexion sur notre monde, qui encore une fois, nous pousse dans nos derniers retranchements. Respect ! Quatrième de couverture Le journal en parle comme de la "victime 2117" : une réfugiée qui, comme les deux mille cent seize autres qui l'ont précédée cette année, a péri en Méditerranée dans sa tentative désespérée de rejoindre l'Europe. Mais pour Assad, qui oeuvre dans l'ombre du Département V de Copenhague depuis dix ans, cette mort est loin d'être anonyme. Elle le relie à son passé et fait resurgi de douloureux souvenirs. Il est temps pour lui d'en finir avec les secrets et de révéler à Carl Morck et à son équipe d'où il vient et qui il est. Au risque d'entraîner le Département V dans l'œil du cyclone. Qui est Assad ? Victime 2117 est la réponse. Cette enquête est son histoire. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'enfer du Commissaire Ricciardi | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'enfer du Commissaire Ricciardi Maurizio De Giovanni Payot & Rivages 2019 476 pages traduites par Odile Rousseau Polar Chronique 4 avril 2020 Titre original : In fondo Al tuo cuore. Inferno per il commissario Ricciardi. Septième tome de la série policière consacrée au commissaire Ricciardi. Les titres précédents sont : L'Hiver du commissaire Ricciardi Le Printemps du commissaire Ricciardi L'Eté du commissaire Ricciardi L'Automne du commissaire Ricciardi Le Noël du commissaire Ricciardi Les Pâques du commissaire Ricciardi. « Le commissaire Ricciardi, avec ses yeux verts d'ange ou de démon, contraint à voir ce que les autres - les vivants - peuvent éviter, se meut sur les marges d'une frontière. Nous avons le privilège ou la malchance de partager ses visions. » Donato Carrisi Un saut dans le vide ouvre ce nouvel opus : on ne sait si celui qui vole un court instant avant de s'écraser, est un ange ou un démon. On sait en revanche, comme dans tous les épisodes de cette série policière historique que nous sommes à Naples, dans les années trente, en un été étouffant tant par la température que par l'ambiance anxiogène créée par Mussolini et ses sbires. Dans cette Italie du Sud où la vie est si difficile, Napoli représente la porte d'accès à une autre existence emplie d'espoir, une issue vers l'Amérique fantasmée où déjà bien des italiens, se sont installés. Les jeunes rêvent d'y aller, de prendre un billet de la liberté loin de la dictature et de l'enfer qui se prépare. Bientôt les élections en Allemagne vont avoir lieu, ouvrant sur des années de cauchemar et de barbarie. Certains le pressentent, certains le savent. Cette ville saturée de lumière, de soleil, de chaleur, de cris, de bruits, de parfums, de saveurs, de liesse et de profonde tristesse est aussi le théâtre d'une tragédie intemporelle, universelle, celle de l'amour. Où plutôt de la passion insensée menant inéluctablement au drame. Les âmes des trépassés ont beau murmurer à l'oreille du commissaire Ricciardi, doté de la capacité de voir et entendre les morts, cela ne suffit pas à sauver ceux qui ne peuvent l'être. Et évidemment, le pauvre commissaire, qui voit son don comme une malédiction, ne veut imposer sa présence à personne. Il est seul, d'autant plus que Rosa, la femme qui l'accompagne depuis sa naissance se meurt. La jeune fille qu'il aime, Enrica, est partie faute de témoignage de sa part d'un quelconque attachement. Bien sûr, la belle Livia est là qui l'attend et l'espère. Mais rien n'y fait : l'Italie et le monde entier franchissent les limites menant aux ténèbres, aux enfers. C'est le crépuscule de l'humanité qui s'annonce. Maurizio de Giovanni nous ramène ainsi en 1932 dans cette cité qu'il aime tant, à une époque tragique. En pénétrant dans le décor, en parcourant les ruelles, les piazze, les différents quartiers de la ville, votre silhouette traverse un clair obscur répétitif, vertigineux, à l'image des sentiments opposés qui animent les deux enquêteurs, le commissaire Ricciardi et le brigadier Maione. Ils sont tous les deux perdus, sentimentalement, ce qui ne les rend pas très efficaces sur le terrain. Plus la température monte, plus leur sang se glace, plus ils ont peur. Ils sont terrifiés à l'idée de perdre, qui une amante, qui une épouse, qui une mère de substitution. Tétanisés par leur propre tristesse, ils sont incapables de lire immédiatement la scène de crime qui se dévoile à eux en ce matin, où ils découvrent le corps brisé d'un éminent gynécologue obstétricien, défenestré. Suicide ou crime ? L'homme avait manifestement des secrets inavouables et des ennemis... L'auteur réussit encore une fois à créer une atmosphère très particulière dans ce roman policier teinté de surnaturel, ressuscitant la vie des napolitains, leurs traditions, coutumes, nous abreuvant de détails savoureux sur les spécialités culinaires, drolissime quant aux manies des uns et des autres. Le commissaire est une figure dramatique tandis que le brigadier, personnage haut en couleur, nous fait rire. La comedia dell'arte n'est jamais loin, comme la tragédie est proche quelquefois de la comédie. Opera buffa où chacun essaye d'interpréter la partition parfaitement mais n'y parvient pas. Les changements de scènes sont très rapides, sur un tempo vivace. Les coeurs sont incertains en cette veille de fête de la Madonna del Carmine. L'enfer est pavé de bonnes intentions, nos deux policiers vont le découvrir à leur tour. Un grand plaisir pour la fan de cet écrivain que je suis, aimant cette nostalgie, cette tendresse, cet humour et ce sens du drame. Quatrième de couverture Au beau milieu d'une canicule estivale, alors que Naples se prépare à célébrer la Madonna del Carmine, un célèbre chirurgien est défenestré depuis son bureau. Pour le commissaire Ricciardi et le brigadier Maione, c'est le début d'une enquête qui les confrontera aux passions les plus torrides. Au fil des témoignages et des aveux, l'infidélité et l'amour se confondent au point de semer le doute dans l'âme des deux policiers, compromettant leurs propres tentatives sentimentales. Angéliques, infernales et passionnées, les notes d'une chanson napolitaine planent sur les destins de chacun, alors que tous risquent de basculer dans l'abîme. Car la chaleur, la vraie chaleur, vient de l'enfer. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Normal | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Normal Warren Ellis Au Diable Vauvert 2018 189 pages traduites par Laurent Queyssi Thriller Futuriste (quoique) Chronique 13 octobre 2018 Un roman évidemment hors norme, que je qualifierais de thriller futuriste quoique.... Prévoir l'avenir dans ce mail ne très parallèle au nôtre se dit « Fixer l'abîme » . Tout le monde n'en est pas capable et se retrouve soudain dans le hall d'accueil d'un hôpital psychiatrique " Normal Head" anciennement ville abandonnée créée par un fou, aujourd'hui seul havre de paix pour ceux qui n'auraient pas dû voir certaines choses. Ainsi des veilleurs civils ou militaires se retrouvent dans ce lieu sans aucun contact avec l'extérieur, ni internet, ni journaux, ni télévision, coupés de tous pour leur bien. « Les visions de bouleversements géopolitiques, guerres de drones et d'apocalypses diverses » les ont fait littéralement disjoncter. Adam Dearden se retrouve donc hospitalisé dans ce lieu étrange après une dépression suite à une émeute à laquelle il a assisté en Namibie. Il ne s'en est pas remis.... Qu'a-t-il donc vu de si catastrophique. Tous les autres internés ont peu ou prou joué le même rôle que lui de guetteur, de veilleur. Tout ce joli petit monde de connaît. Une micro société très organisée, d'où pour certains il sera impossible de réchapper. À peine arrivé dans ce monde anxiogène, on retrouve dans la chambre voisine de celle d'Adam qu'un tas d'insectes à la place de l'ancien occupant. Enfin les malades vont pouvoir avoir un but à leur longue journée.... Retrouver le disparu, comprendre l'énigme des insectes.... Ce lieu de protection du monde extérieur va peu à peu se transformer en zone à haut risque... Les névroses et déséquilibres de tous vont être exacerbés... Une folle enquête commence.... Beaucoup d'humour et d'absurde pour ce livre court qui pourtant surfe sur certaines réalités paniquantes de nos sociétés, ce flicage de tous les moments, cette surveillance incessantes de nos actes, de nos pensées, héros malgré nous de vidéo surveillances légales ou non. Sous couvert de protection du plus grand nombre, la liberté individuelle est bafouée quotidiennement. Ce roman pourrait passer pour « une apogée dans le délire paranoïaque et l'ironie iconoclaste, par le maître de l'underground, auteur du grinçant Transmetropolitan. » Je pense pour ma part qu'il est dangereusement visionnaire. Un rappel de ce qui devrait être Normal et qui ne l'est plus, et en raison de notre inertie, de l'acceptation de l'impensable intrusion dans notre vie privée et nos pensées les plus intimes. Je vous rassure, rien que l'arrivée de Adam sur place est une scène drolissime bien dérangeante. À méditer dès que vous vous connectez, dès que vous sortez de chez vous. Quatrième de couverture Prévoir le futur. Certains nomment ça fixer l'abîme. À Normal Head on accueille des veilleurs stratégiques civils ou militaires rendus fous par leurs visions de bouleversements géopolitiques, guerres de drones et apocalypses diverses. Quand on retrouve à la place d'un patient un tas d'insectes dans son lit, les névrosés et déséquilibrés de l'institut se lancent dans une folle enquête, entre aliénation et surveillance ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Adieu, Margot | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Adieu, Margot Diana Adamek Unicité en 2024 224 pages traduites du roumain par Rodica Baconsky et Alina Pelea. conte Historique Chronique 27 juillet 2024 Aux Éditions Unicité dans la collection Éléphant Blanc, "Je suis le roi, le vent, je suis le temps qui passe." Grand roman historique, fresque épique, récit fantastique, texte d'une beauté singulière et d'une originalité incontestable. Des moments de fureur, de drame, de comédie, de drôlerie, de vérité absolue se succèdent inlassablement. Le temps devient abstraction. Étonnant scénario magnifié par un style littéraire unique. Voici un ouvrage à part. Jugez-en vous-mêmes : Saint Denis de 1793 à 2016. Vous penserez à une unité de lieu, évidemment. Ô, que nenni ! Préparez-vous à un grand voyage temporel et géographique décoiffant : la France, l'Italie, l'Égypte. Votre guide : Henri IV ou plutôt sa tête détachée de son corps un soir d'automne 1793 par une foule en furie se déchaînant dans la basilique Saint Denis sous les yeux effarés du gardien de ce lieu de sépulture royale, le sacristain Gustave le Mont. Deux amants dans cette nuée de fous furieux : Lorenzo, le révolutionnaire venu d'Italie, et la belle Arabella. Acteurs et spectateurs de ce déploiement de colère, de violence sur des charognes, des squelettes, sur tous symboles de la dictature monarchique et de ces Bourbons d'une omnipotence insupportable à l'origine de tant de malheurs et de désespoir. La scène est cataclysmique, effroyable. La jeune femme se fait comptable des corps, des vêtements, des bijoux et autres trésors volés, souillés... Tout est sorti de la Basilique, la dernière capture est Henri IV, "porté sur les bras au-dessus des têtes, non qu'il soit pesant, il suffirait d'un souffle pour qu'il s'éparpille comme pissenlit au vent, tant la moisissure l'a rongé, mais personne ne veut plus mourir étouffé dans ses habits. [...] Pauvre de lui, le grand roi est détroussé de tout ce qui brille, sauf peut-être de la lumière de la fin, celle du dernier spasme, quand sa vie est passée devant ses yeux, cet éclat secret de sous les paupières que personne n'a voulu ou n'a pu fermer une fois sa dernière heure venue, l'éclat qui l'a suivi dans sa tombe, quittant les yeux partis en pourriture pour se lover dans le vide des orbites et y résister près d'un siècle, l'éclat que personne ne pourra plus lui dérober. Ni cette nuit, ni jamais ." Ces hommes et ces femmes en fureur ne peuvent imaginer avoir libérer en réalité un monarque refusant de mourir, ce roi de France et de Navarre inoubliable. Arabella au milieu de cet océan d'immondices, dont la robe rouge, telle celle de la reine Margot enfouissant la tête de son amant dans ses jupes, continue à compter. Elle ne sait que son destin est d'ores et déjà scellé, qu'elle sera la gardienne de cette tête couronnée d'un reste de cheveux roux ayant roulé jusqu'à ses pieds. Lorenzo est assassiné, le rouge se répand encore et encore. Vite fuir en emportant ce qui reste d'Henri, l'homme à l'oreille percée, caché sous son jupon comme porteur d'une nouvelle vie... préfigurant l'enfant à venir déjà présent au creux du ventre de la fugueuse... Ce fils prédestiné à devenir le jumeau symbolique du décapité. À partir de cet instant, Arabella et toutes celles et ceux qui la suivront, seront comme hantés par le roi ne cessant de murmurer, de raconter, de revenir sur les évènements célèbres ou intimes qui ont jalonné son existence hors du commun. Bénédiction ou damnation, la mission qui échoit à chaque nouveau gardien de cet étrange fardeau jusqu'à nos jours est lourde. Alors que les éléments se déchaînent, que les tempêtes de l'Histoire emportent tout sur leur passage, Henri murmure, râle, conseille, prévient, tel un ami, un prédicateur, un magicien, un fou, un sage. L'immuabilité des choses nous saute aux yeux, nous qui avons l'insigne honneur de lire ce roman incroyable. D'une pertinence et d'une poésie soufflantes ! Je vous laisse donc découvrir ces pages magnifiquement traduites, d'un lyrisme et d'une atemporalité remarquables. Quatrième de couverture Illustration de couverture : Jacques Cauda Un conte baroque, à la limite du surréalisme, mêlant faits historiques réels et fantasmés, et qui se déroule sur plusieurs siècles, entre la France, la Pologne, ou encore l’Afrique du Nord… Foisonnant, poétique, Adieu, Margot ! nous conte les aventures de la tête perdue d’Henri IV, de la mise à sac de Saint-Denis, en 1794, à aujourd’hui. Passant de main en main, le crâne du monarque devient ainsi le véritable héros de ce surprenant roman, vaste fresque narrative, voyage à travers le temps et l’espace, écrit dans un style lyrique, expérimental, admirablement transcrit par Alina Pelea et Rodica Baconsky. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Ulysse, son identité à travers les femmes | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Ulysse, son identité à travers les femmes Efi Papavassilopoulou Editions du Panthéon 12 janvier 2018 80 pages Essai Philosophie Chronique 15 juin 2021 Ulysse ! Ah quel héros ! Et Pénélope ? Quelle femme ! Vraiment ?Ulysse c'est le rusé par excellence, celui qui a toujours la bonne idée pour se sauver d'une situation dramatique, pour gagner une guerre, ( le cheval de Troie, c'est lui, donc respect !), C'est le voyageur qui après le conflit Troyen n'a qu'un désir, un fantasme, rejoindre sa femme, son fils, et leur île, Ithaque. Ulysse se définit aussi par cette quête interminable, ce voyage sur les mers jalonné d'étapes multiples, d'épreuves à surmonter, de monstres à tuer, de femmes et déesses à vaincre voire séduire, et cela dure, dure... Un parcours initiatique en soi qui permet à Ulysse de se dépasser, d'apprendre, sans pour autant, changer sa nature profonde de rusé insatisfait, insatiable, fantasmant sur l'idée de voyage perpétuel.D'ailleurs une fois enfin revenu chez lui, il est déçu, Ithaque réelle n'est pas à la hauteur de ce qu'il avait désiré.... Son souhait : repartir ! Et Pénélope ? Celle-ci est le double au féminin de Ulysse, aussi rusée que son époux pour repousser les multiples prétendants qui rêvent de remplacer le grand héros ? Est-elle vraiment amoureuse de lui ? Sont-ils vraiment épris ? On peut se poser la question quant on sait le nombre de rejetons que Ulysse va semer sur son passage, sa fidélité à perspective variable, et le fait que Pénélope sera incapable de reconnaître son époux à son retour tant espéré !!!!De quoi là encore bousculer nos certitudes, aller au delà des apparences à la recherche de la vérité.Ulysse a grandi, a changé, et ne s'est construit que parce qu'il a affronté, aimé, trompé....: Circé, les Sirènes, Charybde et Scylla, Calypso, Nausicaa... Il est la somme de son patrimoine génétique et de ses expériences, de l'inné et de l'acquis. Suivons Efi Papavassilopoulou afin de comprendre ce que chacune des figures mythiques précitées ont apporté à la transformation du héros Ulysse. Que leur doit-il ? Que cherchent les Dieux ? Qu'est-ce qui est le plus important ? Le voyage ou la destination ? Changeons- nous grâce aux expériences de vie ou restons-nous fondamentalement les mêmes ? Quatrième de couverture Les voyages d'Ulysse relatent une quête épique, mais aussi un périple initiatique et identitaire. Son regard sur le monde et sur les autres s'affûte grâce à Circé, Calypso, Nausicaa, les sirènes et prend conscience du néant et de la mort... Et au bout du chemin, une autre femme personnifie son but ultime, sa finalité et le foyer de sa sagesse : Pénélope, qui l'attend à Ithaque. L'analyse d'Efi Papavassilopoulou est ici absolue : Ulysse a su construire son caractère et sa condition d'homme grâce au concours des femmes dont il croise le chemin tout au long de son voyage, et de son existence. L'auteur nous propose dans cet essai de découvrir les détails de ce parcours savamment guidé par celles qu'en d'autres temps l'on nommait le « sexe faible ». Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- 500 | EvanancesLittéraires
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- Le Fantôme du Vicaire | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Fantôme du Vicaire Eric Fouassier Albin Michel 27 avril 2022 384 pages Polar Historique Chronique 27 avril 2022 Tome 2 de la série « Le Bureau des affaires occultes », consacrée aux enquêtes de Valentin Verne « Il pleut, il pleut sans cesse, il pleut de l'horreur, il pleut du vice, il pleut du crime, il pleut de la nuit ; il faut explorer cette obscurité pourtant, et nous y entrons, et la pensée essaye dans ce sombre orage un pénible vol d'oiseau mouillé. « Victor Hugo, Les Fleurs. Cher Éric Fouassier, une petite fille à mes côtes souhaiterait vous remercier de lui avoir permis de lire, noir sur blanc, ce qu'elle ressentait au fond de son cœur, de son âme, depuis ce jour de bascule ineffaçable faisant voler en éclat son enfance. J'ai commencé ce roman tous mes sens en éveil bien ancrée dans ma réalité d'adulte résiliente mais peu à peu, comme lors de la découverte du premier opus, j'ai été très vite en état de sidération, d'effarement, face à l'extrême justesse avec laquelle vous décrivez les tourments, les affects, les blocages dûs au fracassement d'une partie de la psyché d'une victime de pédophilie. J'ai à nouveau pilé sur certaines phrases, projetée à nouveau dans un monde dédoublé... Ce fut douloureux mais heureusement la petite Dany m'a repris la main, et m'a accompagnée jusqu'à la dernière page. C'est donc moi, d'hier et d'aujourd'hui, qui avons lu votre texte. Recevez notre profonde gratitude pour avoir exprimé ce qui nous est si difficile de dire. L'enfance bafouée, instrumentalisée, violée, détruite, est au centre de ce polar "occulte" tout a fait captivant sur le plan historique. On retrouve avec jubilation les marottes de l'auteur pour les codes, les énigmes et casse-têtes, la science, la chimie, la pharmacopée et la physique. Un roman très sombre, profondément dramatique qui pourtant nous offre des moments d'une rare cocasserie et drôlerie, en particulier lors de dialogues ciselés et savoureux et des descriptions amusées de certains personnages hauts en couleurs. Cette légèreté, pure élégance de style, ne doit en aucun cas vous tromper sur la gravité du sujet. L'inspecteur Valentin Verne, en ce mois de mars 1831, à la tête du tout nouveau Bureau des Affaires Occultes est plus que jamais sur les traces du monstre qui l'a enlevé, séquestré, torturé et abusé alors qu'il n'était qu'un gamin. L'auteur fait planer sur ce thriller une ambiance à la Bram Stoker, putride, où de chaque recoin ténébreux peut surgir un croque-mitaine, le Diable, un Nosferatu.... Aucune zone de gris ici, tout est blanc ou noir pour Valentin dès qu'il s'agit de protéger l'innocent, la pureté, la vérité ; homme-enfant en équilibre instable sur une frontière qui délimite d'un côté, le monde des lumières où vivent des citoyens lambdas ignorants des noirceurs de cette société ...et de l'autre, le territoire de l'indicible, de la souffrance, du Mal absolu. La France gronde de la fureur du peuple générée par les récents événements de la Révolution de juillet. Dans ces temps d'incertitudes, d'instabilité, d'injustice sociale, de turpitudes politiques, un vague espoir avait vu le jour à la nomination, par décision de Louis-Philippe, au poste de président du Conseil, du banquier Laffitte partisan de mesures progressistes et de réformes sociales et économiques ; tout s'est soudainement écroulé au retournement de veste du monarque désavouant Laffitte pour Casimir Périer, un Conservateur de la pire espèce. Les troubles se multiplient, les forces de l'ordre ne savent plus où donner de la tête, et dans ces heures de chaos comme toujours, ce sont les plus faibles et les plus pauvres qui payent l'addition présentée par les riches et puissants : les enfants particulièrement deviennent marchandises, prostitués ou esclaves de patrons peu scrupuleux. Lorsque l'on ne sait plus à quel Saint ou Dieu se vouer, des charlatans, faux médiums et arnaqueurs de haut vol font leur apparition pour abuser et voler les plus naïfs en mal d'un remède à leur deuil, leur perte. C'est l'époque joyeuse où des célébrités se passionnaient pour l'occultisme, le surnaturel, le dialogue avec nos chers disparus. Il n'était pas rare de croiser Victor Hugo, Théophile Gautier, Charles Baudelaire, Gérard de Nerval, Honoré Daumier ou Eugène Delacroix dans des salons huppés, lieux de fabuleuses séances de spiritisme. Croire au merveilleux, à une autre dimension parallèle à la nôtre pour ne pas affronter la réalité. Tout n'est qu'illusion, jeu d'images qui apparaissent et disparaissent mystérieusement... Beaucoup de travail donc pour le Bureau des Affaires Occultes en perspective ! Et cela ne tarde pas puisqu'une charmante jeune femme désespérée, madame Ferdinand d'Orval, demeurant à Saint Cloud, se présente rue de Jérusalem, persuadée que son pauvre mari est victime d'un de ces bonimenteurs de talent. Après le départ de Vidocq, d'autres ont pris sa place, et l'ultime changement de gouvernement laisse à penser qu'il ne serait donc pas vain de prouver que le département dirigé par Valentin est d'une utilité incontestable pour le pouvoir. Valentin Verne charge son collaborateur Isidore Lebrac de réunir les premiers éléments de cette enquête pendant que luimême souhaite suivre la piste à nouveau chaude qui doit le mener à son ennemi juré, celui qui hante ses cauchemars et l'empêche de vivre pleinement son histoire d'amour avec la belle Aglaé, comédienne féministe et indépendante rencontrée voici quatre mois. Valentin devra-t-il se transformer en monstre lui-même pour espérer détruire son tourmenteur ? Devra-t-il faire appel à sa part d'ombre et de violence pour vaincre ? Et ce faisant, ne perdra-t-il pas son âme ? Le danger est réel pour tout l'entourage de notre héros, de notre diable d'ange. Bientôt une première lettre du Vicaire lui parvient. Le jeu de piste infernal imaginé par celui-ci s'enclenche.... Nous recommençons une partie.... Game over. Quatrième de couverture Valentin Verne, inspecteur en charge du Bureau des Affaires Occultes, doit résoudre une nouvelle affaire : un médium aurait recours au spiritisme et à de mystérieux pouvoirs extralucides pour ramener à la vie de la fille de Ferdinand d'Orval, un noble très fortuné. Tables tournantes, étranges apparitions, incarnations inexplicables... Mystification ou réalité ? Des bas-fonds parisiens aux salons de la haute société, des espions de Vidocq aux troublants mystères du spiritisme, l'auteur nous entraîne dans un polar crépusculaire et addictif. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Sidérations | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Sidérations Richard Powers Actes Sud 22 septembre 2021 400 pages traduites par Serge Chauvin Roman Chronique 28 octobre 2021 Dans la lignée de « L'Arbre Monde », l'opus précédent de Richard Powers. Comme toujours, avec ou grâce à cet homme, j'ai pleuré à la lecture de ce roman d'une extrême beauté, crépusculaire, résonnant comme un cri désespéré d'avertissement. Le titre est d'une justesse folle : Sidérations face à tout ce que nous devons affronter depuis trois ans et en fait, depuis bien plus longtemps. Je suis soulagée... et catastrophée en même temps, que cet auteur en particulier, celui qui est mon "écrivain totem" depuis des années, doué d'une telle faculté d'analyse, d'une telle intelligence émotionnelle et conceptuelle, puisse partager une vision de notre monde proche de la mienne. Richard Powers prend sa plume pour jouer son rôle d'humain, de citoyen de la Terre, par le biais de cette fiction mêlant éléments réels et Fantastique. Les Sidérations sont effectivement multiples : - Celle de nous tous comme statufiés par l'énormité des derniers événements, de ce qui nous attend... si on ne bouge pas très vite. - Celle du père, Theo, le narrateur, conscient des transformations sociales, écologiques, économiques, morales, partout sur la Terre, alors que son métier est d'imaginer à quoi ressembleraient d'autres planètes, refuges d'une humanité en errance, peut-être. - Celle surtout d'un enfant encore choqué par la mort de sa mère, une activiste engagée pour la protection de la Nature... Hypersensible, ressentant au centuple, comme un membre super empathique de la famille animale, la souffrance de chaque espèce en voie de disparition. Un enfant hurlant, terrifié par ce qu'il entrevoit de l'avenir, un enfant criant pour nous alerter, une Cassandre pas suffisamment armée pour supporter notre inaction, ou notre indifférence, ou notre coupable aveuglement. C'est l'histoire d'un père qui doit sauver son fils trop pur, surdoué du cœur et intellectuellement, un enfant que le système veut broyer, écraser pour le faire rentrer dans les cases, pour qu'il se taise.... Quoi de mieux qu'une surmédication, quoi de mieux que de la chimie pour tuer le naturel...? Les balades que le tandem père-fils fait dans la Nature, réel personnage de ce roman dans les Great Smoky Mountains, ou sur l'écran d'un ordinateur à la découverte de planètes potentielles bases de repli, ne suffisent pas à calmer le garçon.... Bifurcation de l'auteur alors vers la science fiction onirique..... Une solution miracle est proposée à ce père désespéré de ne pouvoir protéger son fils, de le rassurer... Et pendant qu'un nouveau voyage commence dans d'autres sphères de la conscience, le monde explose, des virus apparaissent, des régimes politiques deviennent totalitaires, la surveillance des citoyens oppressante.... Plus on bascule en enfer, plus l'enfant, grâce à un programme fabuleux expérimental, renaît, trouve le bonheur et la force de se battre pour la faune et la flore, grâce à une simulation, une nouvelle utilisation de son cerveau...sans chimie, sans médicaments ; son père est cette fois dans son sillage, suiveur, élève de sa progéniture... Plus Robin devient le digne héritier de sa mère, plus il se retrouve émotionnellement dans les bras de la disparue, plus le danger en dehors de cette bulle se rapproche.... J'ai mis beaucoup de temps pour écrire ce texte, car je suis bouleversée par l'œuvre et suis terrifiée par la justesse du propos. La beauté formelle du roman est incroyable, décuplée par la grande élégance et le respect de l'écrivain et de l'homme, laissant à son lecteur suffisamment d'espace pour pouvoir s'approprier ces mots, ces visions. Il n'impose rien, il nous fait voir et comprendre. Au centre de tout, l'enfance sacrifiée sur l'autel du profit, du pouvoir, de toutes ces absurdités, à l'instar de ces animaux, de ces végétaux, de cette Nature que nous laissons détruire. Référence est faite à tous les évènements d'hier et actuels et puis... à un virus passant de la faune à l'homme comme une malédiction inéluctable.... Un digne retour des choses ? Et les enfants, nos enfants, qu'allons-nous leur dire ? Avons-nous même un avenir ensemble ? Un roman comme une voix puissante, faite de tous les cris de chaque espèce qui s'efface, de chaque arbre qui tombe, de chaque humain qui devient ombre. WAKE UP ! Quatrième de couverture Dans une Amérique au bord du chaos politique et climatique, un père embarque son jeune fils souffrant de troubles du comportement dans une sidérante expérience neuroscientifique. Richard Powers signe un nouveau grand roman questionnant notre place dans le monde et nous amenant à reconsidérer nos liens avec le vivant Depuis la mort de sa femme, Theo Byrne, un astrobiologiste, élève seul Robin, leur enfant de neuf ans. Attachant et sensible, le jeune garçon se passionne pour les animaux qu’il peut dessiner des heures durant. Mais il est aussi sujet à des crises de rage qui laissent son père démuni. Pour l’apaiser, ce dernier l’emmène camper dans la nature ou visiter le cosmos. Chaque soir, père et fils explorent ensemble une exoplanète et tentent de percer le mystère de l’origine de la vie. Le retour à la “réalité” est souvent brutal. Quand Robin est exclu de l’école à la suite d’une nouvelle crise, son père est mis en demeure de le faire soigner. Au mal-être et à la singularité de l’enfant, les médecins ne répondent que par la médication. Refusant cette option, Theo se tourne vers un neurologue conduisant une thérapie expérimentale digne d’un roman de science-fiction. Par le biais de l’intelligence artificielle, Robin va s’entraîner à développer son empathie et à contrôler ses émotions. Après quelques séances, les résultats sont stupéfiants. Mettant en scène un père et son fils dans une Amérique au bord du chaos politique et climatique, Richard Powers signe un roman magistral, brillant d’intelligence et d’une rare force émotionnelle, questionnant notre place dans l’univers et nous amenant à reconsidérer nos liens avec le vivant. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs