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- Hollywood Boulevard | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Hollywood Boulevard Melanie Benjamin Albin Michel 2018 508 pages traduites par Christel Gaillard-Paris Biographie Chronique 3 août 2018 « La formule la plus simple pour construire une intrigue est peut-être la suivante : inventer des personnages hauts en couleur, les embarquer dans des situations apparemment compliquées, avant de trouver un moyen logique et spectaculaire de les sortir de là et de les rendre heureux. » Frances Marion Titre original « The Girls in the picture ». L'auteur dédicace ce roman biographique à Benjamin Drewer qui l'a sauvé en le retirant d'une pile de livres destinés à la poubelle. Incroyable ! Cela aurait été une belle perte pour nous tous. Il est très rare de lire une double biographie parfaitement menée à son terme avec un vrai souci de vérité et un talent incontesté à nous émouvoir, et encore plus à raconter l'histoire d'une amitié de plus de cinquante ans de deux femmes. Là encore ce sont souvent les relations masculines qui sont mises à l'honneur, une injustice corrigée magnifiquement par cet ouvrage. La narratrice est Frances. J'ai fini avec les larmes aux yeux cette fiction réalité après avoir été passionnée, enthousiasmée, chamboulée, énervée, mise en fureur, interloquée, stupéfaite et finalement maintenant admirative. Quelles femmes ! Quels destins ! Quel scénario !!! Je voyais le film de ces vies se dérouler devant mes yeux, me disant que mon Dieu, elles avaient été bénies de pouvoir traverser ces années exaltantes du début du cinéma, de Hollywood, avant que cet Art ne devienne la propriété de banques, de producteurs et d'hommes encore et toujours. Elles ont pu laisser libre cours à leur imagination, à leur aptitude formidable à inventer de nouvelles façons de filmer, d'écrire, d'émouvoir le public, de contrôler toute la chaîne, du premier embryon d'idée à la distribution du produit fini. Elles ont pu être des pionnières formidables en en remontrant à ces messieurs mysogines, paternalistes, insupportables. Elles ont foulé les premières des territoires inexplorés tant aux USA que dans le monde entier (concernant Frances sur les champs de bataille en France et Allemagne lors de la première guerre mondiale. La première femme à avoir franchi le Rhin afin de filmer les femmes dans le conflit ! ), ou grâce à l'exportation de leurs œuvres à l'international. Des féministes convaincues, des grandes amoureuses d'hommes exceptionnels : - Mary Pickford la première grande Star provoquant le délire des foules lors de ses sorties, femme d'affaires intelligente et précurseure en bien des domaines, mais aussi productrice, propriétaire de studio de cinéma avec Charly Chaplin, Douglas Fairbanks entre autres, capable de s'opposer à "papa" Zukor pendant des années, consciente de sa propre valeur marchande, mais aussi une petite fille qui depuis ses huit ans était de fait soutien de famille pour sa mère Charlotte et ses frère et sœur, grâce à ses contrats de comédienne de théâtre puis d'actrice. Oui, une petite fille à jamais dans les yeux de son public, " La pauvre petite fille riche" créée par Frances pour Mary, qui fut un énorme succès au box office mais aussi un piège pour de longues années, car la petite Gladys Smith, pauvre, originaire du Canada a toujours été terrorisée par la probabilité de tout perdre, d'être oubliée, donc s'enfermant dans ce rôle pour ne pas déplaire à ses fans. Frances voulait avec ce personnage, c'est ce qu'imagine l'auteur, offrir à la fillette Gladys devenue Mary une part d'enfance sous les caméras. L'idée est belle mais dangereuse, car du haut de son minuscule mètre cinquante, l'actrice n'en est pas moins à l'époque une femme mariée catholique, n'osant divorcer de son premier mari maltraitant et jaloux de son talent, pour épouser l'amour de sa vie, Douglas Fairbanks. Éternellement elle reste cette Mary, la petite fille de l'Amérique aux boucles blondes. Grâce à cette biographie romancée, certaines vérités sont enfin rétablies pour la postérité. Quant à Frances, déjà une fois divorcée quand elle arrive à Hollywood, en instance de se séparer du deuxième conjoint, elle est, après une sérieuse éducation générale, devenue illustratrice dans la publicité. Ce déménagement loin de la petite bourgeoisie bien pensante de San Francisco est salvateur. Elle sait qu'elle ne peut et ne veut répondre aux exigences imposées aux femmes de ce début du XX ème siècle, et Hollywood est rempli de personnages comme elle, animés d'une énergie fabuleuse et d'une envie de changer le monde. Le cinéma muet est en pleine expansion, Mary Pickford en est un de ses fleurons. La rencontre entre ces deux femmes sera un coup de foudre, une reconnaissance dans l'autre de ce qu'on est. Mary trouvera enfin une amie véritable, Frances une protectrice de ses premiers pas. Cette dernière sera reconnue par la profession, oscarisée plusieurs fois, aura deux fils, et survivra au décès de son mari Fred Thompson. Évidemment l'une choisit l'ombre en devenant scénariste et réalisatrice pour Pickford puis d'autres artistes et studios, l'autre s'épanouit sous les feux de la rampe jusqu'à s'y brûler.... Elles avaient fait un pacte, qu'aucun homme quel qu'il soit, ne les séparerait jamais, qu'elles gagneraient ensemble la première place, malgré les règles de cette société patriarcale. Elles ont réussi même si évidemment pour Mary Pickford vieillir fut certainement plus difficile, ainsi que supporter son éloignement des plateaux malgré son succès à s'adapter au cinéma parlant. Phénoménale fresque du septième Art, de Hollywood, narration bouleversante et passionnante des vies intimes et publiques de deux figures exceptionnelles du cinéma, et de l'épopée des Femmes incontournables de la grande Histoire des Arts. À lire absolument ! Quatrième de couverture Frances Marion a tout quitté pour suivre sa vocation : écrire des histoires pour un nouvel art, qui consiste à projeter des images en mouvement sur un écran. Mary Pickord est une actrice dont les boucles blondes et la grâce juvénile lui valent déjà le surnom de « La petite fiancée de l'Amérique ». Toutes deux vont nouer une amitié hors norme et participer à cette révolution qu'est la naissance du cinéma. Mais, dans un monde dominé par les hommes, on voit d'un mauvais œil l'ambition et l'indépendance de ces deux femmes... Plongée au cœur de l'industrie naissante du septième art, Hollywood Boulevard retrace le destin de deux grandes figures oubliées du cinéma. Avec le talent qui a fait le succès des Cygnes de la Cinquième Avenue, Melanie Benjamin restitue l'atmosphère étourdissante des célèbres studios, mais aussi ses drames et ses injustices. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le Cycle des Gloria | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Cycle des Gloria Andrea H. Japp Le Masque - Hachette Livre 2001 951 pages Thriller Chronique 26 février 2019 Retour sur la « Parabole du tueur » de Andrea H. Japp, premier tome du cycle de Gloria, paru en 1996, 227 pages, la tétralogie se retrouvant dans un seul livre à la couverture bleue ci-dessous parue en 2001 aux mêmes éditions. « L'animal le plus féroce connaît la pitié. Je ne la connais pas et ne suis donc pas animal. » Richard III de W. Shakespeare Extrait de la présentation de l'intégrale : « Il s'agit d'un tueur en série. Surnommé Lady-Killer, il peut s'enorgueillir d'avoir fait sept victimes dès le premier chapitre. Des femmes mais "aucune [...] n'avait été violée, en dépit des connotations particulièrement sexuelles des meurtres". Les trois premières ont été éventrées, et leur utérus, " excisé et retourné en doigt de gant", a été déposé à côté du corps. Pour les suivantes, le scénario s'enrichit d'autres détails sanglants. Le problème est que la localisation des crimes et le choix des victimes paraissent aléatoires : brunes, blondes, mariées, célibataires, grandes, petites, tuées en banlieue comme en rase campagne, et pas forcément dans le même État, elles n'ont que deux points communs. Elles sont blanches et adultes. » Marie-Caroline Aubert En ce début de la première enquête sur laquelle vont collaborer le profileur du FBI, James Irwin Cagney et la mathématicienne, Gloria Parker-Simmons, rien ne va plus, tout le monde est au point mort. Aucune piste pour continuer à rechercher le monstre Lady-Killer. Cagney, 56 ans, élégant, pointilleux, talentueux, en plein divorce difficile, est dans une situation plus que délicate. Il se résigne donc à faire appel au " petit rapace", comme il l'a lui-même baptisé, Gloria ParkerSimmons. Ses services sont très onéreux, ses méthodes s'appuyant seulement sur les mathématiques à l'opposé des siennes, celles de la psychologie du comportement criminel. Les rapports entre eux sont très policés mais ne cachent pas l'aversion qu'il éprouve pour cette trentenaire froide et calculatrice. Celle-ci ressent la haine de Cagney mais elle s'en fiche. En fait tout l'indiffère exceptées les énigmes aux variables inconnues qu'elle doit résoudre, et sa nièce, Clare, attardée mentale, un ange en institut spécialisé à San Francisco. Évidemment on se doute bien que tout cela n'est que façade, que Gloria est un personnage principal complexe, traumatisé, une survivante au comportement ultra maîtrisé afin de ne pas laisser transpirer sa terreur permanente ou laisser deviner ses secrets. Elle est là sans être là vraiment, et pourtant elle ressent avec beaucoup d'acuité les anomalies de comportement comme celui de l'agent du FBI Morris, travaillant sous les ordres de Cagney. Elle met tout en œuvre, utilisant les intervenants de cette histoire, à l'instar de Katherine, une survivante, comme de simples variables d'une équation devant la mener au tueur par sa résolution logique. Encore faut-il être capable d'écrire correctement cette équation, et de lancer les bons programmes de calcul sur son ordinateur. La difficulté pour Gloria est lorsque ces x ou y deviennent humains, réels. Elle frôle le précipice, s'accrochant avec désespoir à son amour pour Clare. Elle ne perçoit pas que son intervention est complémentaire de celle du très émotionnel Cagney. Dès la lecture des premières pièces du dossier, elle pointe immédiatement un détail qui changera toute l'orientation de cette chasse à l'homme. L'aiguille de l'horloge tourne très vite. Clare restée seule à la veille de son anniversaire, un jour très particulier pour toutes les deux, est de plus en plus incontrôlable. Pour Gloria, obligée d'être à Chicago, c'est une torture. Quant à Cagney, le cauchemar serait que le tueur frappe à nouveau. Ils n'ont pas le choix, ils doivent s'entendre pour arrêter cette hécatombe, en mémoire des victimes. Le montage de ce récit est prodigieux, les personnages principaux forcent notre empathie, attentifs à leur évolution psychologique, à leur relation. On se doute immédiatement que ces deux-là sont partis pour une longue histoire. L'autrice, française, scientifique, a vécu et travaillé aux USA. Elle en connaît parfaitement ses imperfections, complexités, qualités, géographies. Un théâtre parfait pour cette série car rien n'y est simple, tout y est contradictoire : les plus riches y côtoient les plus misérables, les intelligences les plus brillantes voisinent des aberrations les plus effarantes, une législation sévère fait face à des délits, crimes, les plus violents. Civilisation contre sauvagerie toujours en attente. " On ne sait jamais quand ça va péter, ni pourquoi. Il faut faire attention tout le temps." Marie-Caroline Aubert précise : " Ce que vivent Gloria, Cagney et ses adjoints du FBI ne pourrait pas arriver en France, pays beaucoup plus homogène. La coexistence d'extrêmes aussi marqués offre une ouverture du champ des possibles, et entraîne une radicalisation des personnages." Tous sont au bord du gouffre en apnée, à l'instar de cette Amérique, qui semble toujours proche de l'explosion. Et ce livre fut écrit il y a plus de vingt ans ! Retour sur " Le sacrifice du papillon" de Andrea H. Japp, deuxième tome du cycle des Gloria, paru en 1997 aux Éditions du Masque-Hachette, réédité en 2001 avec les autres opus, version que j'ai lue de 254 pages. « For nothing can seem foul to those that win. » « Car rien ne paraît infâme aux yeux de ceux qui gagnent. » William Shakespeare, Henry IV. Extrait de la présentation de l'intégrale par Marie-Caroline Aubert : « Dans le Sacrifice du papillon, ce sont les corps de très jeunes garçons (12 à 15 ans en moyenne) qu'on retrouve calcinés dans des lieux isolés, en divers points du territoire. Certains portent des traces de coups sur la tête et d'amphétamines dans le sang, des cicatrices de fractures aux jambes et aux bras. Tous mexicains, par conséquent des proies faciles pour les réseaux de trafiquants ou de prostitution. Du moins est-ce la piste la plus plausible. Mais comment expliquer qu'ils aient des plombages de luxe, à plus de cinq mille dollars. » Dans ce deuxième opus, bien que l'histoire soit bien construite, intéressante, le suspense constant, alternant l'enquête à proprement dite et des épisodes tout à fait malsains et glacants mettant en scène un couple dont on ne comprend ni les liens, ni le fonctionnement pervers, j'ai été moins accrochée, devinant rapidement à des détails, qui sont les coupables. En revanche, leur mobile est resté inconnu jusqu'à la fin. Le thème central est l'enfance bafouée, trahie, abîmée dans son innocence : les victimes mexicaines, quantité négligeable utilisée pour on ne sait quoi, mais aussi Gloria. En fait, ce récit est centré sur elle, son histoire personnelle, sa relation à Clare, sa nièce attardée mentale, placée dans une institution spécialisée à San Francisco, son seul lien avec la vie, la seule raison pense-t-elle, pour ne pas se ficher en l'air. Cet épisode est réellement un parcours initiatique pour la jeune femme poussée dans ses derniers retranchements, par la traque elle-même et des menaces précises sur Clare, par le décès d'un ami proche vécu comme un abandon, mais aussi par le profileur du FBI, James Irwin Cagney, qui fait à nouveau appel à ses compétences de mathématicienne pour élucider ces meurtres épouvantables. Cela fait un peu moins d'un an qu'ils ne se sont vus depuis la dernière affaire de " La parabole du tueur". Il ne l'a pas oubliée, ne comprenant pas lui-même son intérêt pour cette femme si froide et détestable. Cependant, peu à peu, la façade de Gloria se fendille laissant percevoir une vérité si monstrueuse qu'il en vient à changer son opinion et à vouloir l'aider. Panique donc à bord pour Gloria : tout son univers bien ordonné est en danger, le désordre s'insinue dans son existence, le vertige de terreur face à cet homme qui se rapproche d'elle, qui pourrait la comprendre, prendre de l'importance dans sa vie pour ensuite forcément la trahir, la lâcher... la terrorise. Et lui est terrifié à l'idée qu'elle puisse se refermer totalement et disparaître. Mais les évènements vont se précipiter, des battements d'ailes de papillons bruissent annonçant le drame, des corps de victimes innocentes sont retrouvés à Boston, Chicago, San Francisco. Pas vraiment le temps pour une séance de nombrilisme. Il faut agir et très vite. L'ajout de certains personnages apporte aussi plus d'humour dans les dialogues, allégeant heureusement un thriller très sombre. J'attends donc impatiemment de lire le troisième tome dans la foulée. Retour sur " Dans l'oeil de l'ange" de Andrea H. Japp, troisième tome du cycle des Gloria... paru en 1998 aux Éditions du Masque-Hachette Livre, 219 pages dans la version intégrale de la tétralogie que j'ai lue, parue en 2001, la couverture bleue ci-dessous en photo. « Les créatures qui peuplent la voûte céleste Font naître l'incertitude dans le cœur des hommes sages. Aussi garde-toi bien de lâcher le fil de la sagesse, Car les puissances qui nous gouvernent elles-mêmes sont égarées. » Omar Khayyam Il sera très difficile pour Gloria d'être un ange, non comme Clare, sa « nièce » attardée mentale, mais comme un ange vengeur, exterminateur, terrassant tous les dragons de cette terre, tant sa peur est immense et sans fin. Elle devra donc lutter contre sa tétanie réactionnelle dès qu'un élément, qui jusque là était un composant de ses équations, devient une réalité menaçante. Elle, la mathématicienne surdouée, en contrôle constant, à laquelle faisait appel le FBI pour résoudre des crimes en série, toujours maîtresse d'elle-même, du moins en apparence, a été piégée par James Irwin Cagney, profileur intuitif et brillant de 25 ans son aîné. Il a réussi à percer un trou dans la carapace de la jeune femme, chose que personne n'avait tenté jusque là. Le trou devient béance, un gouffre qu'elle va fuir jusqu'en France revendant ses deux domiciles, emmenant enfant et chien dans ses bagages. Un sauve qui peut désespéré. À Quantico, ces messieurs, Cagney et son adjoint Morris, errent comme des âmes en peine, toujours accros à la belle, terrifiés à l'idée que sa disparition soit définitive. Enfin, Ringwood, l'analyste de l'équipe, toujours une réflexion cocasse aux lèvres, regarde tout cela d'un œil torve, œil qui bientôt sera effaré lorsque Morris revient avec une fiancée, copie conforme fadasse de Gloria. Cagney est proprement dégouté et furieux de ce jeu malsain auquel s'adonne Morris... cela le met aussi en face de ses propres limites et la folie de son obsession pour Gloria Parker-Simmons. Ou est-ce de l'amour ? Cinq mois après leur dernière enquête commune, rien ne va plus, l'autrice décide de se focaliser donc sur Cagney tout en nous donnant des nouvelles de Gloria. Celle-ci ne reviendra dans le jeu auprès de l'équipe du FBI qu'au deux tiers du thriller. Entre temps, ces messieurs vont devoir se débrouiller seuls aidés par une nouvelle recrue, Dawn Stevenson. Marie-Caroline Aubert dans sa présentation de l'intégrale écrit : « Dans l'œil de l'ange" commence par la découverte en pleine forêt canadienne du corps nu d'une jeune fille atteinte du sida, tuée par balle. Puis plusieurs employés du laboratoire pharmaceutique dont elle a été brutalement licenciée peu de temps auparavant sont à leur tour abattus sauvagement. La femme du patron du laboratoire connaît également une mort violente, mais selon toute apparence, il s'agirait plutôt d'un crime de cambrioleur.... » Comme d'habitude, ce roman comme les précédents, est très juste quant à l'analyse psychologique des personnages et en particulier des deux solitaires sur le chemin d'une convergence l'un vers l'autre, Gloria et Cagney, jusqu'à la rencontre que nous attendons avec impatience. Mais là aussi, le suspense comme pour l'enquête criminelle, est très bien ménagé jusqu'au bout. Il faut dire que Gloria est la championne de l'évitement. Ce tome 3 est un polar très noir, violent, où l'humour et des dialogues ciselés allègent avec bonheur l'atmosphère. Là encore, les corps sont retrouvés dans des endroits divers du territoire des USA ce qui justifie l'intervention du FBI. Dans toutes les enquêtes de cette série, après les premières constatations, interviennent les différents services, la police scientifique, les laboratoires de biochimie et d'analyses génétiques, les interrogatoires de routine, les confrontations avec des témoins ou des coupables potentiels, pour obtenir un dossier presque complet et donc des données sur lesquelles Gloria va pouvoir plancher en les transformant en abstractions mathématiques. « La solution découle obligatoirement de l'essence du problème » : Sui generis. Cagney et Gloria sont complémentaires car utilisant des méthodes différentes. « Partant du principe qu'en tout état de cause le respect élémentaire vis à vis du public est de lui présenter une enquête impeccablement ficelée, Andrea H. Japp respecte les règles du genre et traque l'indice avec un soin méticuleux. » Docteur en biochimie, l'écrivaine est parfaitement placée pour traiter du sujet central de cet opus, malheureusement d'actualité voici vingt ans et encore aujourd'hui. Là réside pour moi le vrai thriller, cette perpétuation du mal absolu pour simplement s'enrichir sur la vie d'innocents. Un très bel épisode donc, j'aurais préféré qu'on appelle cette série le cycle Gloria-Cagney, cela aurait été plus juste. Retour sur « La raison des femmes » de Andrea H. Japp, dernier tome du cycle des Gloria.. paru en 1999 aux Éditions Le Masque-Hachette Livre, 225 pages dans la version intégrale de la série, couverture bleue en photo ci-dessous, parue en 2001 chez le même éditeur. « L'odeur du sang ne me quitte pas des yeux. » Eschyle Une histoire de femmes, universelle, millénaire, qui se répète inlassablement, dont l'écho crée des ondes de chocs, des morts, des renaissances peut-être, une histoire qui quoiqu'il en soit, fermera le cycle des Gloria, de la souffrance, du trauma. Toutes vont être complices sans le savoir pour certaines, une seule aura une vision d'ensemble, notre mathématicienne de génie, Gloria. Celle-ci a enfin accepté de laisser une place dans sa vie et celle de sa douce Clare, sa " nièce" handicapée mentale, son ange gardien, à James Irwin Cagney, profileur au FBI. De toute façon elle n'a pas le choix, la vie toute puissante lui prépare une belle surprise. Donc plus d'alternative possible, elle va devoir s'ouvrir aux autres, à ce nouvel amour... Et l'existence va également lui donner l'occasion de solder ses comptes avec son passé, grâce à la nouvelle enquête sur laquelle vont se concentrer Cagney, l'analyste Richard Ringwood et un nouveau venu, le jeune agent afro-américain, Lionel Mary Glover. Encore plus de dialogues drôles et épicés dans ce tome, que j'ai beaucoup apprécié. Ajoutons le tandem improbable de flics de Boston, attendrissant et très efficace, Bob Da Costa à deux ans de la retraite, et sa partenaire, la jeune Elizabeth-Ann Gordon, rebaptisée Squirrel, en référence aux écureuils gris à qui elle emprunte la couleur de sa chevelure. Fait amusant : tous les enquêteurs de cette équipe ont été façonnés et profondément marqués par les femmes de leur vie : mères sœurs, épouses, compagnes et même fantasmes. Ce sont des hommes qui aiment, craignent, admirent les femmes et c'est particulièrement important dans ce récit. Au centre de l'enquête le mal que certains font à des innocentes, un temps affaiblies, mais qui sont susceptibles de devenir dangereuses. Dans sa présentation de l'intégrale de la série des Gloria, Marie-Caroline Aubert écrit : « La raison des femmes [ comme dans le précédent tome où des crimes pouvaient passer pour des cambriolages ayant mal tourné] pose le même problème : Des meurtres violents ayant apparemment des traits communs, mais pas assez pour leur trouver une solution. D'anciens collègues du bureau de Charles Owens, riche propriétaire d'une entreprise de matériel médical, sont inexplicablement abattus l'un après l'autre, avec une arme qui a servi dix ans plus tôt à tuer un couple de médecins à l'autre bout des États-Unis. Dans chaque cas, l'appartement a été saccagé. » Cagney se retrouve, avec son équipe, toujours dans une impasse à un moment donné, et est invariablement contraint de demander l'aide de Gloria. Cette fois, elle le fera gracieusement, elle y trouve son compte : elle croisera les variables en essayant d'en extraire leur essence : Sui generis. Ainsi elle trouvera le bon système d'expression du problème, la bonne formule ou équation mathématiques. Cet opus m'a particulièrement touchée, le tandem Gloria-Cagney est très attachant, je le quitte à regret. Quatrième de couverture Née en 1996 sous la plume de Andrea H. Japp, la mathématicienne Gloria Parker-Simmons se détache rapidement de sa créatrice pour acquérir une autonomie qui n'appartient qu'aux héroïnes d'exception. Tout au long des quatre romans qui composent ce volume, elle évolue au rythme d'enquêtes particulièrement retorses, mais aussi et surtout au rythme de son histoire personnelle, dans laquelle le rôle du profileur du FBI James Irwin Cagney croît en importance. Lorsque Gloria réfléchit, l'écriture d'Andrea H. Japp se fait dense et précise, déchirante quand elle aime ou déteste, et la romancière parvient ainsi- talent ou magie ?- à doter le lecteur d'une amie. Plus, d'une sœur. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'ombre de l'autre | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'ombre de l'autre Fabio M Mitchelli Editions France Loisirs 2019 414 pages Thriller Chronique 19 décembre 2018 Découverte totale de cet auteur, passionné par les faits divers et les grands criminels du XXe siècle. Je vais donc doucement remonter chronologiquement dans son œuvre et lirai bientôt l'avant dernier de ses opus "Le tueur au miroir" qui devrait me parvenir d'ici peu. « Dans son ultime œuvre, La Tempête, William Shakespeare écrit : « L'enfer est vide, tous les démons sont ici. » À mon sens, il n'est pas inintéressant de considérer que l'enfer est une métaphore de notre civilisation, avec tout ce que cela comporte : l'évolution, la régression, le bien, le mal, les individus bienveillants, mais aussi les êtres malfaisants qui vivent près de nous, tout autour de nous... De ces ambivalences humaines naissent les monstres. » F. M. Le bien, le mal, l'enfer et le paradis, tous reflets les uns des autres.... comme nous, faits du pire et du meilleur. La notion de monstre, en revanche, ici m'étonne encore personnellement, car en regardant dans les yeux d'un de ces criminels on découvre que le terme de monstre est impropre, c'est les requalifier selon des critères humains, une morale qui ne les concerne pas. Le vide est là au fond de leurs yeux sans aucun effet miroir, sans larme possible. Le comprendre intimement, viscéralement comme j'ai dû le faire, lorsqu'on est en face de l'un d'entre eux, change radicalement la donne, la conception même de notre réalité et de l'existence d'une autre en parallèle, obéissant à d'autres logiques. Comment arrêter et enfermer de tels criminels, de telles entités, « Ça », quels moyens mettre en oeuvre sur le terrain, quel travail de science comportementale mener à bien, et comment ensuite l'appareil judiciaire peut-il traiter de telles affaires, quelles peines faire encourir ? Jeu de miroir pour ce thriller où une fiction issue de l'imagination de l'auteur recoupe et s'inspire du cas de Francis Heaulme prenant comme toile de fond le procès en appel contre celui-ci en mai 2017 à Metz. Ainsi la description des lieux, la récréation de l'ambiance, de l'effervescence suscitées dans la presse, dans le public, sont parfaitement rendues. En parallèle de cet événement ultra médiatisé qui passionna encore le monde malgré les élections présidentielles, de nouveaux meurtres ont lieu dans la région. Nous voici donc emmenés dans une double circonvolution des crimes anciens et des horreurs d'aujourd'hui. Les enquêteurs et experts d'hier se joignent à ceux de 2017. Je vois là une exposition et une recherche des origines du mal très réussies, une manière habile de revenir sur une affaire terrifiante pour laquelle des méthodes d'investigation de psycho-criminologie dignes de Quantico furent pour une fois utilisées, un "cas d'école" qui fit avancer les techniques policières au pays où Descartes est encore le maître. Il est évident que de tels dossiers, comme celui du petit Grégory, ont fait évoluer dans le bon sens la mise en œuvre de nouveaux procédés scientifiques pour assister les forces de l'ordre, apporter certains éléments propres à élucider des points charnière d'un dossier, et réussir à emprisonner un coupable. Important aussi la notion de reine des preuves... l'ADN ou l'aveu du criminel ? L'interview final entre Jean-Marie Beney, aujourd'hui procureur général près de la cours d'appel de Metz et l'écrivain est passionnante et nous laisse entrevoir les progrès à accomplir encore face à de tels individus hors cadre humain. En ce qui concerne la fiction elle-même, l'écriture et la construction en sont remarquablement maîtrisées et claires. Les personnages sont attachants ou troublants à souhait, on se laisse enfermer dans une histoire complexe en résonance avec le passé. Un plaisir donc de lecteur addict à ce type de littérature mais aussi une ouverture sur une réflexion quant à l'avenir des systèmes judiciaires et policiers en devoir de s'adapter à l'enfer, le vide, créés par certains bourreaux. Quatrième de couverture Metz, de nos jours. Le corps d'une étudiante de 18 ans est découvert sur le bord de la Moselle. Quelques jours plus tard, une jeune caissière de supermarché est également retrouvée assassinée. Les enquêteurs de la police judiciaire concluent que les éléments pourraient lier les deux meurtres. Nommé par le procureur de la République, le juge d'instruction Magnan confie l'enquête au commandant Samuel Steiner, encore auréolé du succès de sa dernière affaire. Alors que s'ouvre le retentissant procès de Francis Heaulme, l'officier de police est troublé : le mode opératoire du tueur en série ressemble étrangement à celui des récents meurtres. Un ami psychanalyste met alors Steiner en relation avec Pierre-Marie Le Gall, l'ex-gendarme qui a mis un terme à l'escalade meurtrière de Heaulme en accomplissant l'exploit d'entrer dans la tête du tueur. Steiner compte bien en faire autant... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Nous rêvions juste de liberté | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Nous rêvions juste de liberté Henri Loevenbruck Flammarion Avril 2015 432 pages Divers Chronique 6 décembre 2017 Un écrivain que j'apprécie vraiment, un artiste complet qui m'intrigue, me voilà repartie dans une nouvelle aventure en toute confiance... En ces jours de tristesse et de deuil, je me souviens d'une question très justement posée : « Si toi petit garçon ou fillette tu revenais te voir aujourd'hui adulte, que voudrais tu que tu te dises » . J'avais répondu immédiatement : « merci tu ne m'as pas trahie, tu as réalisé presque tous mes rêves et tu ne m'as pas oubliée. Nous sommes restées libres. » L, H& R : Loyalty, Honor and Respect. Les fondamentaux d'une vie d'Homme et de Femme dignes de ces noms, et la Liberté. Mais laquelle ? Tous le livre de Henri Loevenbruck tente de répondre à cette question. Peut on séparer les trois qualités premières de tout à chacun, et des bikers de ce roman, de la liberté. Celle-ci a un prix, être entièrement soi-même dans l'honneur, la loyauté et le respect ce n'est pas donné à chacun. C'est ce que va découvrir Hugo dit Bohem, en référence à la roulotte dans le jardin de ses parents où il se réfugie et à Queen. « Nous avions vingt ans et nous rêvions juste de liberté ». Drôle d'explication lorsqu'on se retrouve devant un juge. C'est le début du récit par la fin.... pourquoi comparaît il devant un tribunal ? Qu'est-ce qui s'est mal passé ? Providence, ville sur le déclin, lycée catholique où vont se rencontrer quatre garçons, paumés, rêvant d'ailleurs, cumulant les conneries pour qu'on sache qu'ils existent. Freddy le chef de bande un castagneur au grand cœur, le chinois en fait vietnamien, toujours défoncé pour ne pas voir la misère où se trouve sa mère et ses petits frères et sœurs, Alex, le calculateur chétif et dingue de livres et enfin Hugo en mal d'amour et de reconnaissance, ses parents lovés sur leur deuil de leur fille, incapables de voir la souffrance de leur gamin de seize ans. Une immense histoire d'amour- amitié naît entre Freddy et Hugo. Freddy lui fait découvrir le monde de la mécanique, des motos.... Le virus est attrapé et bientôt , le départ sur les routes pour rejoindre Vernon à l'autre bout du pays est envisagé. Après un passage de six mois en centre de redressement, la question ne se pose plus... Mais Freddy refuse de partir.... La quête amputée d'un de ses membres débute pour le groupe, la découverte des bikers, de leurs règles et hiérarchies, des guerres de gangs, des trafics de tous genres, de la dope, des filles.... Une fureur de vivre, pour certains de mourir, un road movie, le voyage de chevaliers en armures sur leurs beaux destriers, des gamins qui poursuivent leur enfance, qui se cherchent des racines, des codes de vie. L'absence de Freddy est insoutenable cependant Bohem continue jusqu'au bout de lui-même et trace son chemin..... Mais sa liberté va faire des envieux, un évènement tragique va tout remettre en question, les plus faibles vont se perdre et se faisant trahir la cause..... Épique, sublime, poignant, dans un style parlé inventif et imagé, je suis très touchée à la fin de cette aventure, métaphore de ce qu'est la vie, la vraie, selon des critères d'humanité, de Loyauté, d' Honneur et de Respect. À part ! Quatrième de couverture «Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.» Ce rêve, la bande d'Hugo va l'exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto. Ensemble, ils vont former un clan où l'indépendance et l'amitié règnent en maîtres. Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paie cher. Nous rêvions juste de liberté réussit le tour de force d'être à la fois un roman initiatique, une fable sur l'amitié en même temps que le récit d'une aventure. Avec ce livre d'un nouveau genre, Henri Loevenbruck met toute la vitalité de son écriture au service de ce road-movie fraternel et exalté. » Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Thanatea | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Thanatea Sonja Delzongle Fleuve Noir Éditions le 9 mars 2023 chez Fleuve Noir Éditions, 416 pages. 416 pages thriller Chronique 26 juillet 2024 "Thanatea, une île où les morts sont rois" Esther, Layla et Hélène. Trois amies d'enfance à la vie à la mort, trois flics. Mais se connaissent-elles si bien ? Am stram gram, laquelle disparaîtra ? Atmosphère lourde et mortifère en ces lendemains de COVID. La grande faucheuse a frappé et frappé encore ne faisant pas de quartier, sans pitié. Esther a perdu sa petite fille et son compagnon qui n'a pu supporter la disparition de son enfant. Comment se relever ? Comment affronter le quotidien et une réalité de plus en plus anxiogène, d'autant plus en tant que policière sur le terrain ? La seule réponse à cette question est pour la jeune femme de postuler à un travail en Suisse de préparatrice de café, salaire extravagant de 5000€ avec loft de fonction. Adieu Lyon, les amies de toujours. Essayer de tourner la page. Fête de départ, un importun s'invite, Marc Dorsay, un ex pervers et narcissique... Une dernière menace crachée de la bouche de ce malfaisant, vite partir. Le destin s'en mêle, trop facile. Mekhtoub ! Arrivée au bord du lac Léman, obligation d'abandonner sa voiture, direction l'île de Thanatea où siège la société du même nom spécialisée dans l'euthanasie, légale chez les helvètes. Plus ennuyeux, Marten, le chauffeur venu la chercher à l'embarcadère, lui apprend qu'elle doit faire une croix sur son portable et internet. L'instinct de la policière passe en mode alarme. À Lyon, rien ne va plus non plus pour Layla séparée de Mehdi Cherkaoui prenant leur fille comme prétexte à lui gâcher la vie. Hélène ne va pas mieux, son couple avec Gauthier bat de l'aile. Pour couronner le tout, Marc Dorsay, à la séduction venimeuse, tourne autour de ces deux femmes en bon prédateur qu'il est. Retrouver Esther est une obsession pour cette bombe à retardement. Pendant ce temps, celle-ci prend ses marques dans ses nouvelles fonctions... Elle a repoussé la signature du contrat d'embauche d'une semaine, fait donc une période d'essai. La découverte d'un origami bleu en forme de grue ainsi que d'une statuette à son effigie dans son logement ajoute à l'inquiétude... Quand elle apprend que la femme qui l'a précédée à ce poste a soudainement disparu, rien ne va plus. Comment prévenir ses amies ? Piégée, elle ne soupçonne pas que la descente vers les enfers ne fait que commencer et que Thanatos ne voudra pas lâcher sa nouvelle proie si facilement. Les trois amies, comme d'autres victimes, sont dans le viseur d'on ne sait quel type de criminel ? Comment vont-elles pouvoir retrouver le chemin vers la lumière ? Quel lien relie Thanatea à Lyon ? Un très bon thriller, original et extrêmement bien construit, comme toujours avec Sonja Delzongle n'hésitant jamais à traiter de sujets délicats et douloureux comme le sont aujourd'hui les thèmes de la mort, du marché lucratif qui l'entoure, de l'accompagnement en soins palliatifs et du suicide assisté. Bien des voiles vont être retirés révélant des vérités cachées et douloureuse ! Danger ! Leyla et Hélène se poseront la question de la nature réelle de leur amie Esther ? Plus leur enquête avance, plus elles perdent leurs repères. Am stram gram, pic et pic et colégram ! Laquelle mourra ? Quatrième de couverture " Du grand art ! Une superbe intrigue, une atmosphère au service du suspense, des personnages finement travaillés, un questionnement sur l'humain, des émotions, une vraie plume et un supplément d'âme comme je les aime." Livresse du Noir "Le plus difficile est d'en revenir indemne." Pause Polars Sur cette île qui ne figure sur aucune carte, les morts sont rois. Thanatea. Un nom qui sonne comme celui d'une femme ou d'une déesse. Un mot plutôt agréable, exotique, à condition de ne pas en connaître la racine grecque, thanatos, la mort. Le plus long des voyages. L'éternité. Une autre qu'Esther aurait sûrement pris peur mais, durant ses années passées à la police judiciaire, celle-ci a côtoyé la mort sous ses aspects les plus sombres, les plus violents. Un quotidien qui l'a usée, au point d'être prête à tout quitter pour rejoindre cette entreprise de pompes funèbres située au cœur du lac Léman. Et même si ce nouvel environnement s'annonce quelque peu macabre, au moins elle n'aura plus à voir les stigmates d'un meurtre sur la chair, les organes, les os. Là-bas, la mort sera un concept, du marketing, elle sera travaillée, pensée, enrobée dans du velours ou du satin. Là-bas, Esther espère trouver enfin la paix... L’autrice se livre : Thanatea est construit autour de cette île, donc, mais également autour de trois femmes. Esther, Layla et Hélène. Pourriez-vous nous parler un peu d’elles et de ce qui, quand même, les relie ? Ces trois femmes se connaissent depuis l’enfance et partagent, entre autres, un grand sens de la justice et une envie viscérale de protéger la population du crime, au point qu’elles se sont, toutes les trois, engagées dans la police judiciaire. En dehors de ça, elles sont en effet différentes et c’est précisément leurs différences et divergences qui font la richesse de leur lien indéfectible et qui vont même le renforcer, malgré quelques turbulences, comme dans toute relation. Liées par un pacte qu’elles ont scellé dans la cité auxerroise où elles se sont connues petites, issues toutes les trois de milieux populaires quoique dissemblables, elles ont grandi ensemble, ont traversé des événements qui les ont éloignées, puis d’autres qui ont eu l’effet inverse. Ces femmes, en tout cas, vont, tant dans le monde du travail que dans leur intimité, faire face à la violence, au crime, à un système et une société iniques, à des archétypes d’hommes dominateurs, irresponsables ou pervers parce que eux-mêmes en grande souffrance. Et chacune va avoir sa façon d’appréhender les événements, mais le lien est là, bien vivant, qui transcende les difficultés et les coups durs. À la vie, à la mort. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Bayard et le crime d'Amboise | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Bayard et le crime d'Amboise Eric Fouassier Le Masque Poche 2017 384 pages Polar Historique Chronique 8 mars 2018 Tome 1 de la « Saga Heloïse, l'apothicaire ». Voici LA rencontre entre nos deux héros sans peur et sans reproche, Pierre Terrail, 22 ans, Seigneur de Bayard, jeune nobliau de province qui se distingue lors de tournoi en ce début de roman historique, et Héloïse Sanglar, fille d'un apothicaire tenant boutique à Amboise à " La vipère couronnée". Jeune femme de 20 ans, étonnante de par sa beauté, ses connaissances en pharmacie et en culture générale, son sens de la déduction et son caractère opiniâtre, elle attire le regard du beau Chevalier qui gagnant avec audace contre un émissaire italien une épreuve de tournoi, lui offre ses couleurs. Coup de foudre, reconnaissance immédiate de l'autre, en effet, ils sont à jamais liés. Cependant en ce mois d'avril, du haut d'une fenêtre donnant sur un long couloir, le couple royal Charles VIII et Anne de Bretagne assistent aux jeux, en compagnie de leur chambellan. Puis ils se séparent, et soudain le cri et un bruit de chute parviennent aux oreilles de la reine et de son conseiller. Ils reviennent vite sur leurs pas, Charles VIII est décédé semble-t-il de s'être cogné la tête contre le linteau de la porte. Tous pensent que c'est un funeste accident, la mort est cachée au peuple le temps d'une enquête menée par Bayard. Il n'a que quelques jours pour prouver sa thèse de l'assassinat d'état. Sous le contrôle de Philippe de Commynes, le premier chambellan, et avec le soutien inespéré de Héloïse, fine dans ses analyses, et perspicace dans ses conclusions ; Bayard se lance dans une course contre la montre, au cours de laquelle des êtres méprisables tant au plus haut niveau de l'état et de la noblesse, que dans l'art de tuer, vont échafauder des plans diaboliques pour éliminer Bayard et Héloïse. Trahisons, pièges, tortures, accusations de sorcellerie, meurtres, tout sera bon pour enfin les effacer de la surface de la terre. La fin, qui s'appuie effectivement sur des faits historiques et un gros doute quant à la mort de ce roi, est incroyable et laisse un goût de fiel en bouche. La période de bascule du Moyen-Âge à la Renaissance choisie avec bonheur par l'auteur est fascinante et passionnante. De Charles VIII à Louis XII puis François 1er en dix sept petites années tout change, tout renaît différemment, seule la soif de guerre et de pouvoir ne change pas. Quatrième de couverture 1498, le roi Charles VIII meurt à Amboise. Sa tête aurait violemment heurté un linteau de pierre et il aurait succombé à ses blessures. Tous pensent qu'il s'agit d'un accident. Tous, sauf un quasi-inconnu qui vient de se distinguer à la bataille de Fornoue, lors de la première campagne d'Italie. Le seigneur de Bayard malgré sa jeunesse, ne manque pas d'audace. Bien que nul ne semble avoir pu approcher le roi, il est convaincu que celui-ci a été assassiné. Épris de justice, il demande l'accord du premier chambellan, Philippe de Commynes, ainsi que la bénédiction de la veuve du monarque, Anne de Bretagne pour élucider ce crime. Mais il doit faire vite, avant que ne se dispute la succession au trône, et il s engage, avec le soutien de la belle apothicaire Héloïse Sanglar, dans une véritable lutte contre le temps. Avec Bayard et le crime d'Amboise, où conspiration machiavéliques et histoires d'amour se nouent brillamment sur fond de tensions franco-italiennes, Éric Fouassier nous fait revivre cette époque charnière à l'aube de la Renaissance à travers le regard du futur chevalier sans peur et sans reproches. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le monde selon Garp | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le monde selon Garp John Irving Seuil 1980 et 2018 668 pages traduites par Maurice Rambaud Classique Chronique 31 janvier 2019 Paru sous le titre original de « The world according to Garp » en 1976 aux Éditions Dutton, New-York, réédité en 77, 78. En premier lieu, ce roman n'a pas vieilli, stylistiquement et dans le propos ; il est totalement et je dirais malheureusement d'actualité ! C'est tellement inouï, nous n'avons pas avancé, nous ralentissons et retournons en arrière en fait : l'obscurantisme refait toujours surface lorsque la civilisation est à la croisée des chemins, tant sur le plan de la société, de son évolution, du clivage femmes hommes, que du basculement cyclique et déjà entamé de notre pensée, de notre fonctionnement. L'Histoire de l'humanité est ponctuée depuis des millénaires par ces changements climatiques, de croyances, de philosophies. C'est ainsi et inéluctable. La fin d'un monde hier comme aujourd'hui avec des victimes collatérales à cette révolution. Dans ce roman, il est question de liberté, de féminisme, du principe de création, de paternité, de responsabilité, de réussite, de célébrité et d'une certaine Amérique. Garp, ( ou Irving son presque double), décrit les personnages de leur conception à leur fin, scrupuleusement, et commence donc logiquement sa narration par les évènements qui conduisirent à sa naissance. Nous rencontrons dès les premières lignes sa future mère, Jenny Fields, infirmière, issue d'une famille riche, qui voulut pourtant s'entêter à travailler et à être indépendante. L'acte sexuel en lui-même ne l'intéresse pas, les hommes la dégoûtent. D'ailleurs, nous ouvrons ce livre par l'arrestation de Jenny en 1942 à Boston après avoir agressé au scalpel un militaire en goguette un peu trop collant et insistant lors d'une séance dans un cinéma. La honte pour la famille, des frères aînés qui interviennent rapidement désespérés qu'une telle Virago soit leur soeur. Ne pourrait-elle pas rentrer dans les rangs, se marier, se faire oublier ? Mais non, et la suite des événements ne fera que confirmer l'originalité, pour le moins, de cette femme. Un peu trop transgressive pour sa hiérarchie, adorant les nourrissons, militant auprès des mères célibataires, hospitalisées seules au moment de leur accouchement en raison de l'absence du père sur le front en Europe ou décédé, la direction de l'hôpital finalement la mute aux services dédié à l'accueil des guerriers blessés. Très pragmatique, elle les classe en quatre catégories : les Externes ( brûlés provenant de l'Hôpital naval de Chelsea), les Organes vitaux (aux douleurs internes), les Absents (qui ont cessé d'être psychiquement là) et enfin les Foutus, qui correspondent à plusieurs de ces catégories. Miracle ! Un mitrailleur de tourelle d'un bombardier tombe littéralement du ciel pour atterrir dans les bras de notre Jenny. Elle veut un enfant, elle ne veut pas du géniteur. Garp est non seulement Absent mais bientôt Foutu. Cependant, il fonctionne parfaitement sexuellement... Une scène pour le moins acrobatique vous attend et Jenny obtient ce qu'elle veut avant que le valeureux donneur de sperme ne s'éteigne définitivement. Elle est virée de l'hôpital lorsque sa grossesse est trop visible, retourne chez ses parents, accouche sans révéler le nom du père et finalise tout cela en appelant son rejeton S.T. Garp pour Sergent Technicien Garp. Chouettes les débuts dans la vie de notre narrateur....!!!! Nous n'en sommes qu'à la page 42 ! Accrochez-vous, ce n'est que le début. C'est furieusement drôle, caustique, critique et engagé comme propos. C'est même subversif en l'année de parution de 1976 !!! Quarante deux ans après, travaillant sur son quinzième roman, le romancier collabore avec Warner Brothers à une minisérie en cinq épisodes adaptée du Monde selon Garp. Celui-ci, comme son créateur est adepte de la lutte gréco-romaine, l'auteur atteignant un haut niveau dans cette discipline pendant 20 ans et l'enseignant ensuite jusqu'à ses 47 ans. Un mental solide dans un corps sain ! Ne nous étonnons pas si Garp deviendra écrivain par amour pour Helen, la fille de son professeur de lutte. Récompensé à de multiples reprises par de prestigieux prix, John Irving était l'invité de La Grande Librairie il y a peu de temps. C'était passionnant de l'entendre analyser le contenu, et le succès de ce roman, être tristement stupéfait de sa pertinence encore aujourd'hui. Le moyen pour nous, surtout en ce moment de trouble, de remise en question entre autres de l'ultralibéralisme et du patriarcat, de comprendre le phénomène cyclique de l'histoire, et cependant d'en accélérer le mouvement avec plus de clairvoyance. Il y a urgence ! Un livre prémonitoire à relire ! Quatrième de couverture Jenny Fields ne veut pas d'homme dans sa vie mais elle désire un enfant. Ainsi naît Garp. Il grandit dans un collège où sa mère est infirmière. Puis ils décident tous deux d'écrire, et Jenny devient une icône du féminisme. Garp, heureux mari et père, vit pourtant dans la peur : dans son univers dominé par les femmes, la violence des hommes n'est jamais loin... Un livre culte, à l'imagination débridée, facétieuse satire de notre monde. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Boréal | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Boréal Sonja Delzongle Denoël Sueurs Froides 2018 444 pages Thriller Chronique 1 avril 2018 « Maybe I'm foolish, maybe I'm blind Thinking I can see through this and see what's behind Got no way to prove it so maybe I'm blind But I'm only human after all, I'm only human after all Don't put your blame on me Take a look in the mirror and what do you see Do you see it clearer or are you deceived on what you believe Cos I'm only human after all, you're only human after all Don't put the blame on me Don't put your blame on me....» Chanson « Human » de Rag'n Bone Man Peut-être est-ce bien là le problème ? Nous ne sommes que des humains, jamais notre faute, toujours celle de l'autre. Nous sommes les animaux les plus stupides et prétentieux de la planète ! Tellement suicidaires que nous détruisons notre propre lieu de vie, notre maison universelle, notre Terre. Et ce faisant, nous tuons des centaines et des centaines de nos soeurs et frères, humains ou animaux. Nous rayons des races entières de faune et espèces de flore, indispensables à l'équilibre de l'écosystème, et à notre survie dans les siècles à venir. Nous massacrons, assassinons, mais les cadavres ne sont pas assez visibles, semble-t-il, pour notre conscience aveugle ! Continuons à jouer les autruches malgré les alertes ! Nous sommes tous coupables ! Base Arctica, 1er janvier 2017, région de Thulé, Groenland. J3. La deuxième équipe de scientifiques vient de prendre le relais de la précédente, des spécialistes d'horizon divers : Roger Ferguson, du ministère de l'Environnement danois, chef d'expédition et sismologue, Anita Whale, chef en second, climatologue britannique, Atsuko Murata, responsable de recherches et géologue japonaise, Dick Malte, glaciologue canadien, Mathieu Desjours, étudiant français, photographe vidéaste et interprète en inuit de l'expédition, et Akash Mouni, chef de cuisine réunionnais. Ils sont là pour une mission de surveillance du réchauffement climatique et donner l'alerte quant aux conséquences prévisibles, à plus ou moins longue échéance, de ce phénomène sur la planète. L'inlandsis représente 80% du Groenland, des failles vertigineuses soudaines dans la couche de glace seraient une catastrophe annonciatrice de bien pire. La mission d'Arctica est donc primordiale. Une sortie d'une partie de l'équipe afin de prélever des carottes de glace ensuite analysées par Dick, tourne au cauchemar. Arrivée dans une vallée, une vision indescriptible de milliers de bœufs musqués pris dans le permafrost, yeux terrorisés figés à jamais dans l'horreur, les tétanise. Tout autour de ce cimetière veillent des gigantesques statues de pierres. Ainsi plusieurs hécatombes animales inexplicables ont été signalées depuis près de cinquante ans. C'est la mission de Luv Svendsen, biologiste norvégienne célèbre et détestée par certains, d'en faire le relevé exhaustif. Travaillant pour la Wildlife Protection Society, elle doit se terrer dans un habitat invisible en Norvège, avec son bébé Joy. Son mari Dave, souvent absent, paye même un garde du corps depuis que Luv a été victime d'une tentative de meurtre, enceinte, à Oslo. Elle reçoit alors de très mauvaises nouvelles d'un ami grand reporter au National Geographic, Niels Olsen, concernant l'extinction des abeilles, gravissime pour la survie de toutes les espèces, et une autre de sa mère l'appelant de Londres. Son monde personnel est sur le point de s'écrouler, elle ne peut plus se cacher malgré les protestations de Dave. La mise en place est faite : nous voici projetés dans un thriller engagé politiquement au sens pur du mot, et écologiquement, très documenté, flippant, car basé sur une réalité terrorisante pour tous. C'est aussi un thriller psychologique et anxiogène, dans cette nuit infinie, ce blizzard coupant, ce froid impensable, dans une sorte de huis clos, coupé de toute vie normale, où la moindre erreur, la plus petite maladresse sont fatales, où chacun a des secrets. . Ce livre est un récit "cinématographique" avec des scènes incroyables de beauté, de très grand spectacle, puis des moments intimistes accentuant notre empathie pour les membres de la mission ou les groenlandais ; magistralement écrit et construit, c'est aussi un lanceur d'alerte. Peur au ventre quant au destin des personnages, de Luv en particulier, terreur quant à des faits réels passés et actuels et leurs conséquences possibles sur la Terre. Être humain, ou être, simplement être un des éléments de ce monde animal, en toute humilité et respect de la Nature. En sommes-nous capables ? Boréal est un roman à l'impact évident, universel, en plus d'être une œuvre littéraire de grande facture. C'était mon dernier livre de cette auteure, j'en ressors affermie dans mes convictions et reconnaissante de m'avoir remis en mémoire immédiate, l'essentiel. « I'm a human but I don't want to be blind. » Quatrième de couverture Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C'est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d'eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière. Pour comprendre l'origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s'immerger dans le travail, Luv s'envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire. Le lendemain a lieu la première disparition. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'appât | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'appât Daniel Cole Robert Laffont La Bête Noire 2018 479 pages traduites par Natalie Beunat Thriller Chronique 23 octobre 2018 " Et si Dieu existait ? Et si le paradis existait ? Et si l'enfer existait ? Et si... nous y étions déjà tous ? " Deuxième tome de la trilogie ayant débuté avec " Ragdoll", un best-seller, cet Opus reprend l'histoire inachevée un an et demi après les précédentes aventures à la poursuite d'un tueur en série particulièrement sadique. Baxter assistait Wolf alors, celui-ci disparu, elle a récolté les fruits de l'arrestation du serial killer mais en reste traumatisée. Impossible de faire confiance à quiconque, beaucoup de secrets à protéger quant à la fin de cette célèbre enquête, toujours un caractère de chien et la langue trop bien pendue. Incapable de se contrôler, nous la revoyons en début de polar interrogée par les forces de l'ordre en janvier 2016 quant aux circonstances et conclusion de l'enquête sur les Appâts. Flashback, retour au début de cette affaire à l'arrivée dans son bureau des agents Curtis du FBI et Rouche de la CIA venus tout spécialement de New York. Ils ont deux étranges requêtes à formuler.... Voilà Baxter à nouveau piégée, obligée de faire face à un présumé copycat.... Thriller policier d'action typique, professionnel, utilisant tous les moyens habituels du genre pour faire de ce livre un nouveau bestseller. J'ai eu du mal, j'avoue, malgré l'humour, des scènes visuellement d'antologie, des découverte de scènes de crimes très spectaculaires, des personnages bien campés certes mais pour moi inconsistants dans le sens où il m'a été impossible de ressentir de l'empathie pour eux. Tout est visuel, on dirait le scénario d'une série télévisée américaine, avec tous les bons ingrédients. La vue, l'ouïe sont sollicités, seuls, j'ai donc été laissée à la porte, spectatrice mais pas impliquée. C'est efficace, le scénario se déroulant en miroir en Angleterre et aux USA est intelligent, très futé, et du coup ménage beaucoup de retournements de situation et de rebondissements. Malgré cela, j'ai trouvé ce polar très long, mais j'imagine bien qu'il va certainement plaire. Peut-être que j'en lis beaucoup et deviens de plus en plus exigeante. Il manque un supplément d'âme et d'imperfection à tout ceci, une plus grande prise de risques personnelle de l'auteur autre que celle de rédiger avec beaucoup de savoir faire et bien dans les clous, un livre que j'ai l'impression d'avoir déjà lu. Je ne dois plus être la bonne lectrice pour ce type de thriller. Cependant je pense qu'il va rencontrer son public. Quatrième de couverture "Votre vie ne tient qu'à un fil. Mais qui tire les ficelles ? Entre les impressionnants piliers de granite du pont de Brooklyn, un réseau de filins d'acier quadrille l'espace. Tel un insecte pris au piège, le corps brisé de William Fawkes éclipse les premiers rayons du soleil. Un mot est gravé sur son torse : APPÂT. Cette sinistre mise en scène n'est que la première d'une longue série. Tandis que les meurtres se succèdent de chaque côté de l'Atlantique, Emily Baxter, nouvellement promue inspecteur principal, et deux agents spéciaux américains vont devoir collaborer afin d'identifier l'architecte de cette toile diabolique..." Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Arbre Monde | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Arbre Monde Richard Powers Cherche Midi 2018 531 pages traduites par Serge Chauvin Roman Chronique 19 novembre 2018 Titre original « The Overstory »,Un auteur que j'admire profondément, un livre phénomène. Là je suis tétanisée à l'idée de commettre un texte sur ce roman Grand Prix de la Littérature américaine 2018. On respire, on se jette dans le vide du haut d'un sequoia.... Un éblouissement dû à la lumière traversant la Canopée. Douzième roman de cet auteur, puissant, lyrique, racinaire, organique, en ce sens où lors de la lecture et en le fermant, notre cœur bat plus fort et nous sommes recentrés, renoyautés. Nous sommes plus vivants et redevenus nous-mêmes. J'ai toujours un moment de sidération émerveillée, un besoin de me réveiller ensuite, pour prendre, si je le peux, la pleine mesure de ce que je viens de découvrir dans ces lignes, dans les œuvres de Richard Powers. Profondément humaniste, engagé, vibrant, harmonieux, pour pourtant traiter de la discordance de notre monde tel que nous le déconstruisons. Un appel donc à nos consciences... « Des trônes se sont effrités et de nouveaux empires érigés ; de grandes idées ont été engendrées, et de grands tableaux peints, et le monde révolutionné par la science et l'invention ; et pourtant nul homme ne peut dire combien de siècles ce Chêne perdurera ni à quelle nations et religions il survivra... Là où les cerfs folâtrent, où les truites émergent, où notre cheval s'arrête pour s'abreuver d'une lampée d'eau glacée tandis que le soleil réchauffe votre nuque, là où chaque souffle est une exaltation : c'est là que poussent les Trembles... Que les autres arbres fassent le travail du monde. Et que le Hêtre s'élève, tout simplement, bien campé sur son territoire... » L'histoire : Trois sœurs viennent de perdre leur père venu s'installer de Chine aux USA où elles sont nées, baptisées de noms de personnages lyriques. Il a emporté dans ses maigres bagages des trésors familiaux ancestraux : « Les trois héroïnes d'opéra se penchent sur un plateau, trois bagues de jade. Sur chaque bague un arbre sculpté, chacun ramifié en l'un des trois masques du temps. Le premier, c'est le lote, l'arbre à la frontière du passé que nul ne peut refranchir. Le deuxième, mince et droit, c'est le pin du présent. Le troisième, c'est Fusang, l'avenir, un mûrier magique qui se dresse loin à l'est, là où se dissimule l'élixir de vie. Amelia est hypnotisée. Laquelle est pour qui ? - Il y a une manière juste de partager, dit Mimi. Et des dizaines d'injustes. Carmen soupire. Et c'est quoi, la manière juste ? - Tais-toi. Fermez les yeux. On compte jusqu'à trois et on en prend une. À trois, les bras s'effleurent, et chaque femme trouve son destin. Lorsqu'elle rouvrent les yeux, le plateau est vide. Amelia a son éternel présent, Carmen son passé maudit. Et Mimi se retrouve avec le tronc gracile des choses à venir. Elle le glisse à son doigt. Il est un peu grand, ce don d'une patrie qu'elle ne verra jamais. Elle fait tournoyer sur son doigt la boucle sans fin de son héritage, tel un sésame. » Et le sort en est jeté pour Mimi et huit autres personnages de ce roman fabuleux qui vont entendre l'appel des arbres, leur chant, leur plainte, leur leçon. Chacun utilisera un moyen différent pour protéger ou faire revivre ou survivre un arbre seul ou une forêt entière, abattus tous les jours par des humains inconscients en pleine crise suicidaire collective. Un livre hommage à ces arbres, reliés entre eux par un système racinaire qui les transforme en un unique et immense organisme où les informations, les systèmes immunitaires, les pensées circulent librement sous terre et par les airs, par le toucher de branche à branche, de feuille à feuille. Le premier personnage est Jorgen Hoel, émigré aux Etats Unis à Brooklyn dégustant des châtaignes, un festin de roi, « une bénédiction, la manne d'un pays dont même les miettes viennent du banquet de Dieu ». Marié à une irlandaise Vi, direction l'Iowa où les autorités cèdent de la terre à quiconque veut la cultiver. Dans ses poches, six châtaignes qu'il va replanter, un seul rejeton survivra, que de génération en génération, on prendra en photographie. La folie des arbres est dorénavant plantée dans le cœur des hommes. Cinq des personnages de cette fiction, si réaliste, se lanceront dans des actions sur le terrain afin d'empêcher l'avancée des machines, poursuivis donc par un état totalitaire comme écoterroristes. Nous suivrons en parallèle un couple qui chaque année à défaut de procréer, plante un nouvel arbre dans leur jardin, devenu au fil du temps une jungle, au grand dam des services de la mairie et des voisins aveuglés. Un autre, génie de l'informatique, créera des arborescences, des mondes virtuels, parallèles, avant de réaliser son erreur en regardant par la fenêtre, de son fauteuil roulant, des arbres exceptionnels qui lui montrent simplement le chemin, à l'instar de ce livre également, vital, central, essentiel pour la survie des forêts et la nôtre, d'une botaniste pourtant moquée et décriée au début de sa carrière. Cette femme exceptionnelle, Patricia Westerford, va toute sa vie être l'interprète choisie des forêts, aidée de son mari Dennis, jusqu'au bout de leur force. Beaucoup d'Amour dans ce livre, énormément, nous en avons tant besoin. Quatrième de couverture Richard Powers embrasse un sujet aussi vaste que l'univers : celui de la nature et de nos liens avec elle. Après des années seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Par Westerford en revient avec une découverte sur ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres. Autour d'elle s'entrelacent bientôt les destins de neufs personnes qui peu à peu vont converger vers la Californie, où un sequoia est menacé de destructions. Au fil d'un récit de dimensions symphoniques, Richard Powers explore ici le drame écologique et notre égareme t dans le monde virtuel. Son écriture généreuse nous rappelle que, hors la nature, notre culture n'est que « ruine de l'âme ». Monumental, prodigieux, ambitieux, remarquable... Tous ces adjectifs, cités au dos, je les reprends à mon compte, convaincue. 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- La fille de Kali | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La fille de Kali Céline Denjean Pocket 21 octobre 2021 720 pages Thriller Polar Chronique 17 juillet 2017 Je remercie les groupes d'accros, de mordus et autres addicts, qui orientent, conseillent et font la promotion des livres, et participent ainsi à la transmission de la pensée, à la survie de la langue. Et dans ce cas précis à faire reconnaître un vrai talent de conteuse et d'écrivaine, et le fait que ce ne soit que le deuxième ouvrage de l'auteure, ne fait que mettre encore plus en lumière l'excellence exceptionnelle de "La fille de Kali" et du long travail qui a permis sa naissance. Le ton et l'écriture sont personnels et uniques. La brièveté des chapitres nous faisant basculer entre l'équipe de gendarmes de Toulouse menée par Héloïse Bouquet, la journaliste ambitieuse et insupportable Amanda Kraft, le privéancien flic déchu Danny Chang au physique et mental d'acier, est une option souvent choisie par les auteurs de thrillers, faut il encore la maîtriser, et c'est le cas ici, accélérant même le rythme pour atteindre un climax à peine supportable en fin de compte à rebours. Le plus déroutant et effrayant mais aussi étonnamment touchant, est le récit de la petite fille Nilin abandonnée et mal aimée, qui s'adresse au lecteur à chaque début de partie, avec confiance en le tutoyant, pour lui raconter ses premières années de vie en Inde et son parcours. Le dépaysement est complet, que ce soit au bout du monde ou dans les tréfonds d'un esprit perdu, fou, se raccrochant à des croyances spirituelles pour supporter l'innommable, l'inacceptable. Cela donne un début d'explication à la psychopathie, à cette plongée démente dans le sang et la violence. Ce qui m'a aussi frappée, c'est la place centrale des femmes en quête de pouvoir et de reconnaissance, toutes autant qu'elles sont dans ce récit, de l'Inde aux moeurs violentes à l'Europe dite civilisée. Faut il se transformer en guerrière pour être respectée et crainte ? Cela doit-il passer nécessairement par le conflit, par une guerre aux méthodes normalement attribuées faussement aux hommes. La question de la puissance et de la place des femmes dans les religions ou superstitions est centrale même dans notre société dite moderne. Nous payons des siècles et des siècles de traditions ou croyances visant à contrôler la femme. Que ce soit dans le culte marial ou manifestement oriental, elle doit répondre à une obligation hallucinante de virginité, de pureté, d'obéissance aux hommes. Alors ce thriller en tant que femme d'une certaine façon m'a personnellement défoulée, et m'interpelle à bien des niveaux. Ainsi Héloïse Bouquet, gendarme nouvellement mutée, est chargée avec son collègue, depuis peu, Jean-Marc de retrouver un ingénieur dans l'aérospatiale qui ne répond pas aux appels de sa femme devant le rejoindre bientôt avec leurs enfants dans leur nouvelle maison Toulousaine. Sur place ils trouvent une scène de crime horrifique : l'homme est décapité étendu le bras replié en arrière comme s'il soutenait encore sa tête manquante, dans une pose lascive, un tissus léopard sur le sexe. Un swastika est tracé sur le mur, au bas de celui-ci des offrandes comme pour un culte sont retrouvées. Les pistes sont d'ores et déjà multiples pour les gendarmes, un mois passe mais rien de probant n'oriente l'enquête. Un autre meurtre avec le même mode opératoire a alors lieu.....Merci Celine Denjean. Quatrième de couverture Une tueuse en série s'inspire de Kali, déesse hindoue de la destruction. Quand elle pénètre au domicile d'un homme dont on vient de lui signaler la disparition, la jeune capitaine de gendarmerie Éloïse Bouquet ne peut imaginer le spectacle qui l'attend. Sur le mur, un immense swastika tracé avec du sang. Au pied du lit, un tas de piécettes et des pétales de fleurs faisant penser à une offrande. Et allongé, le cadavre du disparu, presque intégralement nu, le torse maculé de sang, décapité. Le meurtrier n'ayant pas laissé le moindre indice, l'enquête piétine. Jusqu'à ce qu'un mois plus tard soit retrouvé un autre corps mutilé selon le même rituel. Les premiers éléments de profilage font alors émerger le spectre d'une tueuse en série s'inspirant de la redoutable déesse Kali. Un cauchemar pour la capitaine Éloïse Bouquet et son équipe. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'atelier des poisons | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'atelier des poisons Sylvie Gibert Pocket 23 février 2017 416 pages Historique Chronique 8 avril 2017 Merci Sylvie Gibert pour cette nuit presque blanche que vous m'avez offerte, car après avoir fini ce merveilleux livre, j'étais excitée comme une puce. Je déteste quand je vois cette phrase en début de retour mais là, je vais me la permettre J'AI ADORE !Lire avec bonheur la Postface où l'auteure explique que tous les personnages ont existé, sauf évidemment les deux principaux, qui sont ceux qui vont nous faire découvrir et visiter la capitale de ses plus beaux quartiers au bouges les plus infâmes. Ce qui est particulièrement touchant est aussi la description de la condition féminine quelque soit le niveau social. De la Nourrice, à la tenancière de troquet, de la domestique, de la femme du monde, de l'immigré russe, de l'étudiante en mal de liberté, de l'artiste, de la modèle, de la femme traditionnelle, etc.... En tant que femme et artiste, la filiation entre nous est immédiate. La description également des sensations, de la fièvre au moment où l'on dessine, où l'on cherche le geste juste, le trait parfait, la vérité, où l'on court après l'excellence jusqu'au bout de nos forces sans plus de notion de temps, est d'une rare justesse. Enfin l'enfance décrite dans ces pages est terrible et son sort nous bouleverse. Paris 1880, les ruines du Louvre qui a brûlé voici 10 ans défigurent encore le bout des Jardins de Tuileries où se rencontrent nos deux héros Zélie Murineau, jeune artiste peintre, et Alexandre d'Arbourg Commissaire de Police, beau, agaçant, mystérieux. La fée électricité gagne peu à peu toute la capitale, Worth vend ses magnifiques robes sur mesure au Bon Marché, Carmen a été boudé par le public de la capitale après un vrai succès à Vienne, Les peintres académiques tiennent encore le haut du pavé dans cette société corsetée issue de celle de Napoléon III, heureusement la fin du siècle s'annonce timidement avec les impressionnistes que nous croisons, Degas, Monet, et des écrivains tels Maupassant et le trublion Alphonse Allais ; les roues des fiacres sur les pavés des beaux quartiers nous plongent dans un bruit infernal, le tramway se développe, la Seine en cet hiver exceptionnellement rigoureux, devient une patinoire sublime ( quelles belles pages !), puis dangereuse lorsqu'elle charrie des blocs de glace qui emporte les piliers des ponts ; c'est le moment charnière entre le vieux monde et la modernité, où dès qu'on sort de Paris on est à la campagne, où certaines femmes vont choisir de se libérer du joug des hommes et de la société, des femmes peintres se formant avec la rage au ventre dans les ateliers ouverts pour elles comme l'Académie Julian. Elles ont l'ambition d'être acceptées et reconnues, des femmes talentueuses incontestablement comme l'est notre héroïne Zélie. Elle est littéralement habitée par son art, ne joue pas le rôle social qui lui a été imposé, elle n'est pas dans un rapport aux autres sexué, ne s'habille pas pour parader. Elle est PEINTRE, et cela est l'essentiel, elle y sacrifie tout, toute à sa transe picturale, sa recherche de vérité absolue. Jusqu'auboutiste elle se met en danger, et Alexandre le sentira dès leur rencontre. Drôle de tandem pour enquêter sur plusieurs événements privés ou de sécurité publique. En premier lieu, le cousin par alliance de Alexandre, banquier, pense qu'on a voulu l'assassiner, et demande son aide. Zélie va donc sous prétexte de faire le portrait de sa fillette, enquêter en catimini. En échange elle demande à Alexandre de retrouver le bébé de 6 mois d'une nourrice qu'elle a peinte, disparu soudainement. Enfin des parisiens pris de coups de folie commettent des actes sanglants et horribles dans toute la capitale, il faut vite enrayer cette hémorragie et comprendre ce qui est à l'origine de cette démence. Ce livre est un incontournable, policier historique sur le milieu de la peinture féminin, il est aussi d'une grande originalité, les descriptions sont fabuleuses, le style aisé et coloré. Courrez vous le procurer ! ( Retour également sur ma page Eva Impressions littéraires) Editions PLON , février 2016, 351 pages. Quatrième de couverture Paris, 1880. À l'académie Julian, le premier atelier à ouvrir ses portes aux femmes, la vie n'est pas facile. L'apprentissage du métier de peintre est ardu, long et coûteux. Seules les jeunes filles dotées d'un véritable talent et, surtout, d'une grande force de caractère, parviennent à en surmonter les obstacles. Du talent, Zélie Murineau n'en manque pas. De la force de caractère non plus. Pourtant, lorsque le commissaire Alexandre d'Arbourg lui demande de faire le portrait de sa filleule, sa belle assurance est ébranlée : comment ne pas croire que cette commande dissimule d'autres motifs ? Mais même si elle en connaît les risques, elle n'est pas en mesure de refuser le marché du beau commissaire : elle sera donc " ses yeux " dans cette famille cachant bien des secrets. Des auberges mal famées jusqu'aux salons de la grande bourgeoisie, elle va l'aider à discerner ce que les grands maîtres de la peinture sont les seuls à voir : les vérités qui se cachent derrière les apparences. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Quelques secondes d'éternité | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Quelques secondes d'éternité Jean-Luc Malbrunot City Editions 24 mai 2023 304 pages Roman Chronique 12 juin 2023 " À toutes les étoiles filantes qui illuminent nos vies. " " All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die. " Rutger Hauer, Blade Runner Cette histoire est inspirée de faits réels. L'auteur reçoit par mail un article du journal Le Monde, et là l'évidence. Il doit écrire ce livre. Il suffit d'une seconde, d'une minute, et notre destin bascule. Celui de Jean-Luc Malbrunot à la lecture de cet incroyable récit mais aussi, et surtout, des protagonistes de ce roman bouleversant, tout en délicatesse, touchant à l'essence même de la Vie. Une fraction de temps minime qui contient en elle l'éternité ; l'éternité d'un amour sans limite se jouant de la mort, de la maladie, prêt à abattre des forteresses, à repousser les limites de l'impossible. Alors que son mari Guillaume s'étiole depuis des années dans un lit d'hôpital, qu'il n'y a plus aucun espoir, que la vue de sa petite fille s'échinant à capter l'attention d'un père dont seul le corps est encore présent, semble-t-il, lui brise le cœur, l'arrivée d'un nouveau médecin en neurologie va pourtant tout changer pour Justine. Le Zolpidem, utilisé normalement comme somnifère serait le moyen magique de ramener l'amour de sa vie à la conscience. Mais attention, cela ne durera que 24 heures. Le temps toujours et encore, notre ennemi parfois, est aussi celui qui nous pousse à profiter du moment présent, à rendre chaque instant précieux. L'espoir renaît dans le cadre impersonnel de hôpital, les risques encourus pour quelques heures de retrouvailles jugés trop grands par les médecins paternalistes... Mais Justine retrouve ses forces de guerrière, pour sa fille en premier lieu, et pour son couple. 24 heures pour se dire l'essentiel, pour se dire adieu. On pourrait s'attendre avec un tel sujet à des bons sentiments dégoulinants, à du pathos en veux tu en voilà... Et non, par petites touches, par des dialogues ciselés confondants de réalisme, par la description précise des différents états d'esprits de chaque acteur de ce roman, l'auteur ne tombe jamais dans la tragédie facile, dans le drame caricatural. Nous sommes au plus près de l'émotion, nous guettons le moindre soupir, le moindre regard, le moindre mot, porteurs de vérité absolue, d'Amour absolu. Merci à l'auteur pour sa confiance, Merci aux Éditions City également. Quatrième de couverture Depuis trois ans, Justine affronte le coma de Guillaume, son mari. Sa vie est désormais rythmée par les visites quotidiennes à l'hôpital. Malgré le silence. Malgré la peur de voir l'homme qu'elle aime s'éteindre à tout instant. Sa vie bascule le jour où elle apprend l'existence d'un traitement expérimental qui permettrait à Guillaume de rouvrir les yeux et de sortir de son coma. Seulement, cet espoir a un prix : son mari ne disposera que de 24 heures avant de retomber irrémédiablement dans sa léthargie. Impossible de refuser ce miracle, aussi bref soit-il. Pour elle, pour leur petite fille, elle accepte, bien décidée à vivre pleinement ces 24 heures. Une journée qui défilera comme un condensé de vie. Une journée où chaque seconde sera un instant de bonheur. Envers et contre tout. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le jour des morts | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le jour des morts Nicolas Lebel Marabout 2014 384 pages Thriller et polar Chronique 18 mai 2020 Tome 2 de la série consacrée au Capitaine Mehrlicht. « [...] Mais reprend on, - il faut que la société se venge, que la société punisse. - Ni l'un, ni l'autre. Se venger est de l'individu, punir est de Dieu. La société est entre deux. Le châtiment est au dessus d'elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger pour améliorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous y adhérons. Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l'exemple. -Il faut faire des exemples ! Il faut épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui seraient tentés de les imiter ! ... » Victor Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné (1832). Quoi de mieux que ces lignes de Victor Hugo, fleuron des écrivains réalistes du XIXe siècle, tel Zola, Flaubert, Maupassant, Balzac, exemples parfaits de la littérature sociale « en prise avec le réel de la classe ouvrière, ses tourments et ses espoirs... ». Cet extrait qui clôt se roman policier, deuxième de la série des thrillers, consacrée au capitaine Mehrlicht, illustre magnifiquement le thème de ce polar : la vengeance et la justice. Une vengeance glacée traversant les décennies mais qui n'apporte que fiel et violence pour tous. Le mal que l'on fait ou qu'on perpétue est comme un boomerang qui retourne toujours à l'envoyeur ou les siens. En cette Toussaint pluvieuse, l'équipe du capitaine Daniel Mehrlicht (alias Kermit, le Batracien ou Google), est cette fois au prise avec une empoisonneuse qui élimine des familles ou des individus n'ayant a priori aucun lien entre eux. En parallèle, nous suivons un bibliophile, Denis Leroy, dit le Rat, (en raison de son physique avantageux), chargé de constituer la collection de romans réalistes précitée pour le ministre Alexandre Farejeaux sous la présidence Hollande. Pour Leroy c'est une quête, pour Farejeaux un moyen de blanchir de l'argent sale. Les moments les plus cocasses, drôles et tendres côtoient le drame, la fureur, l'ignoble. Ajoutons à ce scénario déjà dense la question du nazisme d'hier et d'aujourd'hui qui se retrouve en ligne conductrice dans tous les opus de cette série par le biais du personnage du lieutenant Dossantos, ancien fasciste repenti. Enfin, les derniers jours de Jacques Morel, collègue et meilleur ami de Mehrlicht, teintés de drôlerie et de tristesse, donnent lieu à des scènes réjouissantes ou bouleversantes. Le rire accompagne toujours les larmes avec Nicolas Lebel, en même temps qu'une humanité et un sens de la justice. Il reprend le flambeau des grands écrivains qu'il admire, qui furent des lanceurs d'alerte, quant à la dénonciation politique et sociale, en y ajoutant une trame policière. Un plaisir de lecture presque gustatif ! Quatrième de couverture Paris à la Toussaint. Le capitaine Mehrlicht, les lieutenants Dossantos et Latour sont appelés à l'hôpital Saint-Antoine : un patient vient d'y être empoisonné. Le lendemain, c'est une famille entière qui est retrouvée sans vie dans un appartement des Champs-Élysées. Puis un couple de retraités à Courbevoie... Tandis que les cadavres bleutés s'empilent, la France prend peur : celle qu'on surnomme bientôt l'Empoisonneuse est à l'œuvre et semble au hasard décimer des familles aux quatre coins de France depuis plus de quarante ans. Les médias s'enflamment alors que la police tarde à arrêter la coupable et à fournir des réponses : qui est cette jeune femme d'une trentaine d'années que de nombreux témoins ont croisée ? Comment peut-elle tuer depuis quarante ans et en paraître trente ? Surtout, qui parmi nous sera sa prochaine victime ? Dans la tornade médiatique et la vindicte populaire, chacun reconnaît la tueuse : elle est une voisine, une sœur, une ex, et la chasse aux sorcières s'organise. Mais derrière l'Empoisonneuse, c'est la Mort elle-même qui est à l'œuvre, patiente et inexorable : nul ne lui échappe. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La vie ne danse qu'un instant | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La vie ne danse qu'un instant Theresa Révay Albin Michel 2017 505 pages Historique Chronique 12 décembre 2018 Voici pour moi la troisième héroïne imaginée par cette romancière, la quatrième grande fresque historique, celle-ci concernant les années 1936 à 1945 de l'Abyssinie à l'Italie et plus particulièrement Rome, puis l'Espagne, Alexandrie, Berlin....L'intérêt pour moi était de prendre la mesure de certains aspects et événements de cette seconde guerre mondiale, abordés à l'école, mais jamais en roman en ce qui me concerne. J'ai donc à nouveau beaucoup appris de Theresa Révay, lu cette fiction avec engouement et voracité. Au début, on peut se dire que le plan de ce dernier opus ressemble énormément aux précédents titres : une héroïne forte, indomptable, irrésistible, avec une part d'ombre, au cœur de la tourmente historique, bravant tous les dangers, participant à l'éclosion d'un nouveau monde. Et toutes celles que j'ai croisées, Xenia Feodorovna Ossoline, la louve blanche, Leyla Hanim, la turque, ou Alice Clifford ici, sont de grandes amoureuses. Cependant, ce roman m'a spécialement attrapée dès les premières lignes par la beauté de l'écriture qui s'épanouit de livre en livre, par la complexité de la psyché des personnages en pleine évolution pendant neuf ans d'horreur qui ne laissent nul être indemne, par la description inspirée des lieux, villes et des pays. La découverte d'Alexandrie m'a donné une furieuse envie d'y aller, et je fus heureuse de retrouver Rome, éternelle.... Surtout, ce roman est un très bel hommage aux correspondantes de guerre, grands reporters, à leurs confrères, soucieux de donner le plus fidèlement des nouvelles du front. Martha Gellhorn, Virginia Cowles, Sigrid Schulz, Herbert L.Matthews, Eleanor et Reynolds Packard, Ève Curie, Caroline Moorehead, Susan Hertog, Peter Kurth, Nancy Caldwell Sorel, Julia Edwards ont inspiré Theresa Révay : ils ont remarquablement témoigné de ces années hallucinantes, périlleuses, sur tous les lieux les plus brûlants du monde, où l'histoire pouvait s'écrire, au péril de leur vie et d'une existence plus normale, ciselant leurs textes au son des bombes, dans le sang et la boue. La place des femmes est loin d'être anecdotique lors de cette décennie, leurs mots résonnent jusqu'à aujourd'hui pour nous avertir toujours des dangers du totalitarisme, de l'inutilité révoltante des guerres. Certaines d'entre elles sont incarnées dans cette fiction ; nous y croisons également Ernest Hemingway et d'autres figures célèbres, Mussolini et sa clique, sa fille Edda Mussolini Ciano et son gendre Galeazzo Ciano, Adolf Hitler et ses sbires, Pie XI et Pie XII, l'incroyable Soeur Pascalina Lehnert, etc... Ainsi Alice Clifford est américaine, correspondante du New York Herald Tribune, ayant grandi à Alexandrie.Nous la rencontrons en Abyssinie, au printemps 1936 à Addis Abeba prise de force par les troupes italiennes du Duce. Les journalistes de tous pays sont là pour assister au massacre, à la fuite de Haïlé Sélassié, à la victoire du colonialisme version fasciste. Une première confrontation essentielle a lieu entre Alice et Karlheinz Winther, correspondant d'un journal allemand, organe officiel du parti national socialiste de Hitler. Déjà dans l'opposition de ces deux caractères intransigeants, nous voyons surgir deux méthodes de journalisme en tout point opposées. Épidermiquement compatibles mais moralement ennemis, ces deux figures ne font que commencer à danser, le bal continuera en Italie peu après..... Cette Alice combattante pour la vérité et la liberté d'expression se confronte également à elle-même, cette bataille là étant plus douloureuse que toute autre. Pourquoi est-elle toujours à repousser les limites d'une manière si suicidaire ? Que s'est-il passé dans sa vie intime pour être à ce point handicapée, inapte au bonheur ?Histoire troublante et bouleversante donc d'une quête, d'une rédemption, au milieu du feu de l'enfer. Quatrième de couverture Rome, 1936. Alice Clifford, correspondante du New-York Herald Tribune, assiste au triomphe de Mussolini après sa conquête de l'Abyssinie. Sa liaison avec un diplomate proche du pouvoir fasciste ne l'aveugle pas. Son goût pour la liberté l'empêche de succomber aux sirènes des dictatures. La guerre menace, les masques vont tomber. Alice découvre les conspirations qui hantent les couloirs du Vatican et les rues de Berlin. Son attirance pour un journaliste allemand révèle les fêlures de son passé. Mais, loin de renier ses convictions de femmes moderne, l'aventurière sait que toute liberté a un prix. Des palais romains à la corniche d'Alexandrie, des montagnes d'Éthiopie aux plaines de Castille, une américaine intrépide et passionnée témoigne d'un monde qui court à sa perte. L'inoubliable portrait d'une femme pour qui la vie ne brûle et ne danse qu'un instant. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs