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- Dernier été pour Lisa | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Dernier été pour Lisa Valentin Musso Seuil Juin 2018 399 pages Thriller Chronique 14 septembre 2018 « Ce qui fut jadis à présent n'est plus Vers où que je me tourne, De nuit comme de jour, Les choses que j'ai vues, maintenant je ne les vois plus. » Le silence n'est pas toujours d'or, il peut être assourdissant, vous isolant dans un déni et une irréalité préjudiciables et périlleux. J'avais déjà lu et aimé « Le murmure de l'Ogre » et « La femme à droite sur la photo » qui étaient assez particuliers et m'avaient marquée. Celui-ci est plus « classique » concernant le scénario, on peut se dire qu'on a déjà lu ce type de récit. C'est vrai, cependant plus j'avançais dans l'intrigue, plus j'y étais enfermée. Un beau crescendo, un thriller qui m'a fait repenser aux romans de Thomas H Cook, cette ambiance particulière des clans d'adolescents, des amours et amitiés à la vie et ,en l'occurrence, à la mort dans une petite ville des USA. Évidemment une figure centrale, charismatique, Lisa, qui a tous les garçons à ses pieds, un ami de coeur Nick et un petit ami Ethan un peu mauvais garçon. Nick est le narrateur de cette tragédie qui a détruit leur vie, la brisant net, l'oubli est impossible couplé au manque de la personne aimée et assassinée. La fin est insoupçonnable, retournement après retournement, j'ai bien été prise au jeu de l'auteur. Les mensonges, les secrets, les fausses certitudes sont autant de pièges mortels, hier et aujourd'hui, douze ans après. Donc un roman plus compliqué et profond que le début ne pourrait le laisser penser. Quatrième de couverture On les appelle « les Inséparables » : Lisa, Nick et Ethan. Trois adolescents qui grandissent ensemble près du Lac Michigan, dans une bourgade du Wisconsin. À la fin de l'été 2004, leur paisible existence vole en éclats ; Lisa est retrouvée assassinée sur la plage. Après une enquête bâclée, Ethan, son petit ami, est arrêté et condamné à la prison à vie. Douze ans plus tard, installé à New-York, Nick est devenu un écrivain à succès. Mais les fantômes du passé ne sont pas prêts de le laisser en paix ; contre toute attente, Ethan vient d'être remis en liberté. De retour dans sa ville natale, Nick va devoir affronter l'hostilité des habitants, toujours convaincus de la culpabilité de son ami. Pour l'innocenter définitivement et parvenir à se reconstruire, il n'aura d'autre choix que de faire la lumière sur la mort de Lisa et de retrouver le véritable meurtrier. Avec ce nouveau thriller d'une redoutable efficacité, Valentin Musso nous entraîne au cœur d'une petite ville américaine en apparence sans histoires, et qui cache bien ses secrets Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La famille Han | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La famille Han Min Jin Lee Charleston 14 février 2023 832 pages traduites par Laura Bourgeois Historique Chronique 3 juin 2023 « Le prix de nos couronnes est déjà acquitté. Il ne nous reste plus qu'à les porter » James Baldwin « UN PREMIER ROMAN AMBITIEUX ET REMARQUABLE. » The New York Times Un premier grand roman pour Min Jin Lee, paru en 2007, écrit à la façon de Jane Austen, situé cependant dans la communauté coréenne chrétienne pratiquante de New York, fin des années 1990, les années toc, fric, sexe. Un scénario bâti autour de la famille Han avec des ramifications vers leurs proches. Plusieurs thèmes traités : Des relations parents-enfants, lorsque les premiers obéissent encore à des règles de leur pays d'origine et que les seconds cherchent leur place dans une société américaine capitaliste et matérialiste aux antipodes des valeurs coréennes ancestrales ; Des relations amoureuses et de l'incapacité à communiquer réellement, ( l'apparition du portable vers 1998-2000 n'y changera rien ) ; Du patriarcat tout puissant quelque soit le côté de la barrière ; De l'importance affolante donnée à l'argent et aux apparences, de la success-culture, de la sur-consommation immédiate et indigeste de tout et n'importe quoi, de cette course effrénée vers toujours plus de pouvoir, plus de dollars. Le poids de la responsabilité que portent sur leurs frêles épaules l'inclassable et indomptable Casey et sa petite sœur Tina est bien lourd. Comment contenter leurs parents conservateurs qui ne voient et jugent le monde que par le prisme de leur religion et de leur culture asiatique ? Comment trouver leur place, comment se forger leur avenir et savoir ce que qu'elles veulent faire lorsque les deux univers où elles se meuvent, coréen et américain, s'affrontent et se télescopent en permanence dans leurs têtes ? Où se situer ? Tout le monde a un avis sur la question, tous se mêlent de la vie de Casey, en particulier, si semblable à son père et donc fatalement en conflit avec ce dernier sous les yeux de sa mère soumise et apeurée. Le brouhaha des voix autour d'elle est tellement fort qu'elle ne s'entend plus penser. Elle veut plaire à tous mais se perd elle-même. Entrer dans le moule américain, ou respecter les codes coréens... et si la solution était ailleurs. La métamorphose qui s'opère dans la société américaine et plus généralement dans le monde, se répercute évidemment sur la vie personnelle de chacun. Fin d'un système ultra capitaliste, on revoit sa copie, on revient à des valeurs plus essentielles et authentiques. Et l'on peut peut-être devenir qui l'on doit être... Le chemin est semé d'embûches, de pièges, d'impasses pour la jeune fille mais également pour sa mère effacée à la voix de soprano exceptionnelle, pour sa sœur si conventionnelle et consensuelle, pour son père qui se révélera étonnant, pour son petit ami blanc puis son compagnon Unu génie de la bourse, pour Ella si douce et obéissante et son horrible époux Ted, pour David l'amoureux silencieux, pour Virginia l'adoptée, pour Sabine la mentor inquisitrice.... Les 832 pages se lisent très vite. La découverte de ce microcosme coréen au cœur de New York est passionnante et sidérante. L'importance de la religion dans chaque acte de la vie, le carcan cultuel et culturel incroyables, les ressources que doivent trouver ces enfants d'immigrés pour être à leur juste place énormes. Quelques soient les origines ethniques, ce qui définit les humains sur le papier, ( genre, religion, langues, etc, etc... ) la société tente toujours et par tous les moyens de hiérarchiser les individus, de les mettre dans des cases, de leur imposer une discrimination dégradante et injuste. À nous de trouver le moyen et la force de nous y opposer, d'ouvrir d'autres chemins vers la liberté de vivre et de penser, de revenir à l'essence de notre être. Très beau roman, bouleversant, universel et intemporel. Les notes d'introduction de l'autrice sur son propre parcours d'écrivaine sont très touchantes. Quatrième de couverture Fille aînée d’immigrés coréens, Casey Han a été élevée dans le Queens dans le respect des traditions et des valeurs de ses parents. Ils ont travaillé dur toute leur vie pour assurer à leurs enfants un bel avenir, mais à vingt-deux ans, Casey, tout juste diplômée de Princeton, n’a aucune véritable ambition professionnelle et ne rêve que d’une chose : faire partie de la haute société new-yorkaise. Au grand désespoir de son père, elle refuse son admission en droit à Columbia et se retrouve sans travail ni argent à Manhattan. Casey est prête à tous les sacrifices pour pénétrer dans ce monde étincelant de privilèges, de pouvoir et de richesse, mais à quel prix ? S’inspirant des grands romans victoriens, Min Jin Lee offre le portrait saisissant d’une jeune femme cherchant à s’affranchir de sa communauté, miroir d’une génération tiraillée entre le désir d’intégration et le poids des traditions. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La Maison des âmes perdues | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La Maison des âmes perdues Alain Léonard De Borée Terres d'écriture 8 juin 2023 272 pages Historique Chronique 8 juin 2023 Roman historique, sociétal et féministe dans la droite ligne des romans de Emile Zola ou de Georges Bernanos, entre autres. Pour tous les fans de littérature engagée de la fin du XIXème siècle et du début du suivant, pour tous ceux qui auront été bluffés par la fabuleuse série télévisée "Maison close", ce septième opus de Alain Léonard est pour vous. Comme toujours, le texte est remarquablement écrit, la reconstitution somptueuse, les personnages parfaitement dessinés. Je perçois trois parties : le temps de la domesticité, celui de la prostitution, et peut-être, de l'amour rédempteur. Ainsi, mettons-nous nos pas dans ceux de Claire, une jeune fille venue de sa campagne pour gagner sa vie à Clermont-Ferrand comme employée de maison pour Mr et Mme Gervais. Description acérée d'une famille de nantis, bourgeoise, bien loin des réalités de la vie de millions de français qui, en cette année 1880, ont bien du mal à survivre. La transformation de la société s'industrialisant, se modernisant, mais restant campée sur ses certitudes, surtout quand il s'agit de discriminer une partie de la population, ne change rien pour les plus faibles. Les femmes en font partie, grandes oubliées des révolutions successives qui ont secoué la France depuis 1789 jusqu'à la Commune. Dans cet univers patriarcal, il ne fait pas bon être jeune, jolie, pauvre. Tout peut arriver et surtout le pire. Ainsi l'indicible survient et la chute de Claire semble sans fin comme si le destin ne pouvait être qu'inéluctablement dramatique. La voilà projetée en enfer ; celui-ci se nomme joliment "La Boule d'or" et fut un haut lieu de la prostitution clarimontoise, une maison close avec son organisation, sa hiérarchie, comme il en existait dans toute le pays. Les filles y perdent leurs illusions en même temps que leurs noms, réduites à n'être que des bouts de viande, des objets de convoitise pour tous les pervers et lubriques en goguette. Violence, maladies vénériennes, désespoir, pièges tendus par la tenancière et un rabatteur, meurtres, mais aussi tendresse et amitié. Quelques fois, même, l'espoir peut toquer à la porte.... Tour à tour roman de terroir, naturaliste, d'amour, cette fiction historique s'appuie sur des faits réels et l'imagination fertile de l'auteur. Celui-ci, comme toujours, fait preuve de beaucoup de tact, de délicatesse et de respect envers nos aïeux, campés sous les traits de personnages fictifs. Alain Léonard apporte un supplément d'âme et du coeur à l'ouvrage et, de fait, réussit à nous attacher émotionnellement aux protagonistes de ce récit très réaliste et romanesque. Merci infiniment à l'auteur pour sa dédicace et aux Éditions De Borée pour leur confiance renouvelée. Quatrième de couverture L’histoire de Claire, descendue de son village pour devenir domestique puis prostituée en maison close, à la fin du XIXe siècle. Claire, jeune fille de 17 ans, descend de son village de Besse pour se placer comme domestique chez une famille de notables de Clermont-Ferrand. Exploitée et peu considérée, elle est en outre forcée par François, le fils de la famille. Se découvrant enceinte, commence alors pour elle une descente aux enfers qui la mènera bien malgré elle dans une maison close de la ville. Dans le sombre avenir qui l’attend, Claire parviendra-t-elle à renouer avec des jours heureux ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Les jumelles | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Les jumelles Claire Douglas Harper Collins France 2016 341 pages traduites par Florence Guillemat- Szarvas Thriller Chronique 1 mars 2019 Prix du premier roman Marie Claire UK. Coup de maître pour ce premier thriller psychologique : ambiance malsaine à souhait, histoire venimeuse, empoisonnée, personnages braques et pervers, la folie guette, le suspense est incroyablement bien soutenu jusqu'à une fin nauséeuse et paniquante. Horreur ! Pourtant le thème de la gémellité est plus que miné, tellement vu et rebattu. Pas cette fois où deux couples de jumeaux sont en scène ! Des faux semblants, du désespoir, une condamnation à l'enfer... un destin implacable et injuste qui fait sauter tous les verrous de la morale, de la normalité, de l'interdit. Qui ment, qui dit la vérité, qui est coupable ? Une sacrée maîtrise du sujet, de l'écriture, de la construction pour nous tenir en haleine, dans l'attente de la solution. Même là, l'auteure nous réserve encore un beau cadeau bien glaçant. Bravissima ! Un Prix plus que mérité. J'en frissonne toujours. Quatrième de couverture L'une est morte, l'autre ment. Après un accident tragique, obsédée par la mort de sa sœur jumelle Lucy, Abi s'installe à Bath dans l'espoir de reprendre pied. Mais elle y rencontre Beatrice et Ben, un couple de jumeaux qui l'attirent dans leur univers privilégié et trouble... Invitée par Bea à vivre dans l'hôtel particulier qu'elle partage avec Ben, Abi met tout en œuvre pour satisfaire les exigences de ses amis. Aimantée par eux mais déstabilisée par leurs comportements étranges, elle est poussée vers la folie quand elle est visée - mais l'est-elle vraiment- par des évènements inquiétants qui se produisent dans la maison..." Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le cerveau de Kennedy | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le cerveau de Kennedy Henning Mankell Seuil 2009 427 pages traduites par Rémi Cassaigne Divers Chronique 29 avril 2020 Un roman qui me touche particulièrement ayant vécu mes premières années en Côte d'Ivoire et ayant toujours une partie de ma famille au pays. Le sort de ce continent me concerne forcément, écoeurée et révoltée par le comportement de certains blancs, mais pas toujours, ou occidentaux, mais pas toujours, depuis l'ère du colonialisme jusqu'à aujourd'hui. Il est curieux de lire ce thriller social, géopolitique et psychologique au moment même du confinement et d'une pandémie dont on ignore l'origine réelle, mettant en lumière l'incapacité ou le refus de certains gouvernements à gérer la crise avec efficacité, humanité, honnêteté. La responsabilité des grands groupes pharmaceutiques, les mensonges d'état, le sang de milliers de morts sur les mains de criminels pour qui la valeur d'une vie ne vaut pas grand chose, juste une statistique, un numéro parmi tant d'autres, sont au centre de ce scénario terrifiant. L'Afrique a été un vivier inépuisable dans lequel des criminels ont puisé afin de mener leur petites expériences au nom du profit et du pouvoir. Depuis que ce livre a été écrit, cette pratique est arrivée en France avec l'affaire du Levothyrox, faisant des milliers de victimes, malades ou décédées dans l'indifférence la plus totale alors que c'est un scandale gigantesque visant à enrichir des labos pharmaceutiques. Les procédures judiciaires sont toujours en cours mais on en n'entend plus parler. On nous a traités comme des cobayes ni plus ni moins, les séquelles sont réelles et invalidantes. Vous devez vous souvenir des rumeurs concernant le SIDA, de ses origines en particulier... Au delà de cette vision complotiste, Henning Mankell décide de traiter de l'opportunité que cette maladie a offerte aux grands groupes pharmaceutiques, et à leurs complices à tous les niveaux, de s'enrichir toujours et d'asseoir leur monopole et leur omnipotence partout dans le monde. En Chine, en Afrique et là où la pauvreté est endémique. À cette trame déjà dense et délicate, l'auteur ajoute également les thèmes difficiles et bouleversants, récurrents dans son œuvre, de la perte d'un être aimé, de la famille, du deuil, de la vieillesse, du but de la vie, de la préservation de la nature, des us et coutumes dans les pays aux températures extrêmes, du voyage, de la construction du futur sur des connaissances historiques solides, de la transmission des valeurs, de l'amour entre les peuples, de l'acceptation de la différence, du courage immense de tous les engagés humanitaires, de l'entraide, de la beauté et de la laideur créées par l'humanité. Une enquête "policière" d'une mère courant après son fils, déterminée à connaître la vérité sur sa mort, dans des décors somptueux particulièrement en Suède, Afrique du Sud et Mozambique que Henning Mankell aime tant. Toujours une atmosphère particulière entre tristesse, colère, tendresse, nostalgie et joie soudaine. Un livre pour crier, pour appeler au réveil des consciences, incroyablement d'actualité, d'un homme révolté, concerné, conscient. Sa voix résonnera pour toujours.... Quatrième de couverture Louise découvre le corps sans vie de son fils Henrik. Un suicide pour la police, un meurtre selon elle. En archéologue chevronnée, elle fouille son passé. De la Suède au Mozambique en passant par l'Australie, elle s'interroge sur ses innombrables voyages. Pourquoi cet engagement auprès des sidéens d'Afrique ? Comment expliquer son énorme compte en banque ? Et s'il valait mieux ne pas savoir la vérité ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le cercle des mensonges | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le cercle des mensonges Céline Denjean Pocket 10 mars 2022 664 pages Thriller Polar Chronique 5 avril 2021 Jean de La Fontaine : L'ingratitude et l'injustice des hommes envers la Fortune [...] « Et si de quelque échec notre faute est suivie, Nous disons injures au sort. Chose n'est ici plus commune : Le bien nous le faisons, le mal c'est la Fortune, On a toujours raison, le destin toujours tort. » Une ouverture comme un prologue d'opéra baroque, dont le livret reprendrait les grands classiques de la Tragédie humaine. Un roman écrit bien avant la pandémie et qui déjà porte en lui une dimension prophétique. Sans évidemment se poser en Pythie, ni en gourou d'une secte qui regrouperait ses lecteurs, la justesse du regard de l'auteure est troublante. Comme dans les opus précédents, l'écrivaine analyse cliniquement la société dans laquelle nous sommes ici piégés, enfermés, obligés de faire avec la manipulation manifeste de l'opinion publique, les pervers s'auto-proclamant leaders, le narcissisme et l'individualisme comme bouées de sauvetage en ces temps de peurs, d'incertitude. Chacun pour soi et même pas Dieu pour tous, ou après moi le déluge. Et si tout se casse la figure, on prétextera effectivement que c'est le destin, que nous n'y pouvions rien... Sauver sa peau coûte que coûte et celle de ses enfants, c'est ce qui sera le mantra auquel obéira Efia M'Bani, piégée dans la tour de BCM Entreprise où elle travaille la nuit. Une invisible qui aurait souhaité le rester... mais elle a vu et a été vue également, témoin involontaire de la bascule d'un corps entraînant la bascule du monde qu'elle avait si patiemment construit. Les textes de Céline Denjean ont toujours une dimension mystique, mêlant une poésie ténébreuse à l'horreur la plus abjecte, à l'instar de ces chapitres intitulés Songe 1, Songe 2.... La banalité du Mal se repaissant de lui-même, se trouvant toutes les excuses, s'admirant dans un miroir déformant prêt à s'innocenter. La folie ordinaire d'un tueur tapi dans l'ombre... Lui aussi n'a pensé qu'à sauver sa peau.... Un roman fascinant en ce qu'il traite à nouveau sous un angle différent de l'embrigadement insidieux de nos consciences, de l'endormissement de notre aptitude à juger d'une situation, de garder notre libre arbitre et, enfin, de notre incroyable capacité à nous raconter quelques fois de belles histoires pour pouvoir encore supporter notre reflet... Ce thriller psychologique et d'action, tout comme l'a été, particulièrement pour moi, le premier opus "La fille de Kali", est effarant par la profondeur et la pertinence de l'analyse, du décorticage des évènements, par l'exposition des tenants et aboutissants de ce récit. Un scénario formidable, deux ellipses qui se tournent l'une autour de l'autre comme dans un code ADN pour subitement, contre toutes les lois de la nature, se rejoindre. Deux équipes d'enquêteurs donc, l'une dirigée par la gendarme Éloïse Bouquet et l'autre par le lieutenant de police Urbain Malot, rebaptisé le Zèbre. La première est appelée dans une forêt où git le corps d'une jeune femme étranglée. Un drame domestique, de la jalousie ? Il semblerait que cette épouse n'était pas aussi vertueuse que le laissaient présager les apparences. Éloïse et sa nouvelle équipe ne sont pas au bout de leur surprise... La deuxième est chargée du dossier d'une femme de ménage retrouvée morte sur son lieu de travail, un building dans une zone sensible de Toulouse proche de l'université... Le tout se complique lorsque le corps du neveu d'un ministre, possiblement suicidé, est découvert non loin de là.... Éloïse et le Zèbre suivent la moindre piste, prennent chaque chemin s'enfonçant toujours plus loin dans l'obscurité. Eux ne se laissent pas berner, ils ont trop affronté les ténèbres pour ne pas sentir les premiers signes d'une tempête à venir. Deux personnages fabuleux, touchants, puissants et fragiles à la fois qui ne peuvent se satisfaire des apparences, qui ne peuvent accepter que les forces du Mal gagnent encore et toujours, la partie étant semble-t-il pipée. L'un comme l'autre vont se battre pour le triomphe de la vérité et de la justice. Cela pourrait sembler perdu d'avance mais c'est oublier que la ténacité et la patience, nourries par la fureur, sont des armes mortelles pour qui se trouve en ligne de mire. Et justement, pour tous ceux qui se souviennent de l'opus "Le Cheptel", votre très grande patience va être récompensée. Pour cela, retour sur scène de l'inénarrable journaliste, tête à claques mais surdouée, j'ai nommé Amanda. Je ne peux que vous conseiller vivement cette série policière originale, à part entière ; l'auteure inspirée réussit à relancer les dés, à mener le jeu magistralement, affinant son style reconnaissable entre tous, nous offrant de très belles pages extrêmement bien écrites. Une réussite ! Quatrième de couverture La nouvelle enquête d'Héloïse Bouquet, entre quête personnelle et série de meurtres sans lien apparent... Un meurtrier aux abois, pris dans une spirale infernale. Une agente d'entretien, obligée de prendre la fuite après avoir été témoin d'un meurtre. Un étudiant sans histoire tombé du toit d'un immeuble en construction. Une femme bien sous tous rapports retrouvée assassinée dans une forêt près de Toulouse. Et si tous ces événements étaient liés ? S'ils formaient les éléments d'une gigantesque toile ? Le lieutenant de police Urbain Malot, dit le Zèbre, et la gendarme Éloïse Bouquet enquêtent chacun de leur côté, tirant, sans le savoir, les fils d'une même pelote. Alors qu'Éloïse poursuit également la piste d'Anne Poey, la criminelle qui lui a échappé trois ans plus tôt, elle va devoir s'unir au Zèbre pour démêler l'écheveau qui les mènera jusqu'au dernier cercle des mensonges, au risque de se heurter à un adversaire beaucoup plus fort qu'eux... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Et puis au pire on s'aimera | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Et puis au pire on s'aimera Thierry Cohen Mon Poche 10 février 2022 456 pages Thriller Chronique 10 février 2022 Cela commence comme un roman feel-good ou new romance pour peu à peu prendre des apparences de thriller sombre où l'humour du début laisse la place à une ironie grinçante, faisant mouche, nous percutant intimement, tant ce qui est décrit est violent. L'auteur nous annonce dès le prologue qu'il va nous raconter une histoire vraie, celle d'Alice à qui il veut rendre justice. « Ce roman est le sien. Son surprenant roman d'amour. » Dès les premières pages on rit de bon cœur ou parfois jaune tant les descriptions, les formulations sont créatives, justes, troublantes. Alice nous ressemble, ainsi que tous les acteurs de ce récit où chacun pourra se retrouver. La plume est vive, réjouissante, imagée, un bijou de drôlerie, un one man show à l'écrit... Et puis, insidieusement, l'ambiance devient délétère, certains protagonistes malsains, les évènements inquiétants. Le roman devient noir, le scénario digne d'un thriller psychologique. Tout débouche sur une réflexion aussi coupante qu'un scalpel, une condamnation sans appel d'une forme de barbarie, de cruauté générée par notre société. Je n'en dirai pas plus pour vous laisser la surprise... On comprend alors comment l'auteur a minutieusement placé des indices tout au long d'un récit qui sous sa cocasserie cache une noirceur démentielle. La couverture et le titre prennent toute leur dimension dès la dernière page tournée. Un très bon roman que je vous conseille vivement. Quatrième de couverture Ça commence comme une belle histoire d'amour. Du genre... à l'eau de rose. D'ailleurs, le roman débute par une rose déposée sur le palier d'Alice, trentenaire rongée par la solitude. Il y a du mystère également, car la dite Alice ignore qui lui envoie des fleurs et lui offre de belles déclarations. Une situation romantique à souhait mais qui peut également paraitre... quelque peu inquiétante. Tout prend donc la forme d'une comédie romantique pleine d'humour et... de doutes. Entre les copines du travail, heureuses de voir Alice ainsi courtisée, et son directeur, pressé de la licencier, Alice passe par des émotions contrastées qui la rendent tour à tour heureuse, désespérée, charmée, affolée. Tant de bouleversements dans une vie monotone sont fantastiques et perturbants à la fois. Ne sont-elles pas nombreuses, les âmes seules qui rêveraient d'être emportées par un mystère aussi romantique ? Jusqu'au jour où... ça dérape. Où le rêve devient cauchemar. Où, comme dans les cauchemars, le pire ne se révèle jamais sous la forme attendue. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Animal | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Animal Sandrine Collette Denoël 2019 283 pages Divers Chronique 21 juin 2019 « Humain, Animal, pour survivre ils iront au bout d'eux-mêmes. Un roman sauvage et puissant » Vous voyez les photos sur les réseaux sociaux où figurent des chasseurs et leurs proies, ces clichés qui donnent sérieusement envie de vomir et qui posent la question de la sauvagerie gratuite d'êtres humains dits civilisés. J'aime beaucoup certains films tels Predator 1 et surtout 2, oui je sais, c'est étonnant, et certaines scènes de traque en forêt du Kamtchatka ici m'y ont fait penser, car imaginez que, soudain, un animal devienne un " alien" chasseur d'hommes, stratégique, intelligent, et ce n'est pas du Chantal Goya... Assez jouissif d'imaginer que cela puisse être possible. Évidemment extrêmement bien écrit au ton très personnel, ce roman a pour cadre la nature imposant sa loi, comme dans les opus précédents de cette auteure. Toujours une analyse psychologique tout en finesse, une construction précise, chirurgicale. Et une fin qui nous retourne. Un destin tragique et inéluctable, une piste afin de comprendre les raisons de certains pour commettre des carnages aujourd'hui inutiles, un voyage qui débute et finit au Népal. Un dépaysement donc géographique mais aussi psychiatrique, car en ce qui me concerne je ne peux en aucun cas comprendre toute atteinte à la vie d'animaux par plaisir. Original et pertinent. Quatrième de couverture Dans l'obscurité de la forêt népalaise, Mara découvre deux très jeunes enfants ligotés à un arbre. Elle sait qu'elle ne devrait pas s'en mêler. Pourtant, elle les délivre, et fuit avec eux vers la grande ville où ils pourront se cacher. Vingt plus tard, dans une autre forêt, au milieu des volcans du Kamtchatka, débarque un groupe de chasseurs. Parmi eux, Lior, une française. Comment cette jeune femme peut-elle être aussi exaltée par la chasse, voilà un mystère que son mari, qui l'adore, n'a jamais résolu. Quand elle chasse, le regard de Lior tourne à l'étrange, son pas devient souple. Elle semble partie prenante de la nature, douée d'un flair affûté, dangereuse. Elle a quelque chose d'animal. Cette fois guidée par un vieil homme à la parole rare, Lior et les autres sont lancés sur les traces d'un ours. Un ours qui les a repérés, bien sûr. Et qui va entraîner Lior au-delà de ses limites, la forçant à affronter la vérité sur elle-même. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le Ver à soie | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le Ver à soie Robert Galbraith alias J.K. Rowling Grasset 2014 576 pages traduites par Florianne Vidal Polar Chronique 17 mai 2017 Deuxième tome de la série consacrée aux enquêtes du détective Cormoran Strike et de son intrépide assistante Robin Ellacott. Comme le premier opus « L'appel du coucou » on ne peut que saluer l'écriture, la maîtrise parfaite de la construction pour ménager le suspense jusqu'au bout, l'humour des formules et des situations cocasses, les caricatures de certains personnages qui j'en suis certaine sont inspirées par des rencontres faite par l'auteure dans le microcosme du milieu des Éditions et des écrivains. J'ai beaucoup ri car j'aime cet humour pince sans rire très anglais. J'ai eu un vrai bonheur à retrouver les personnages très humains, intelligents et courageux de Cormoran et Robin. Le titre fait allusion au fait que pour récupérer la soie on doive faire bouillir le cocon avec le ver. C'est une métaphore de la difficulté pour les écrivains à produire un livre. Un écrivain donc Owen Quine a disparu et sa femme Leonora fait appel au détective pour le retrouver car cela fait dix jours et elle n'a plus d'argent pour survivre avec sa fille handicapée mentale Orlando. Juste avant de disparaître Owen avait eu une violente dispute en public avec son agent Elisabeth Tassel qui refusait de publier son manuscrit « Bombyx Mori « ( ou ver à soie ) tant celui-ci est sulfureux et diffamatoire pour des personnages connus. Cormoran est inquiet pour Leonora et sa fille et sent que cette histoire pourrait prendre un tours dramatique. Avec Robin, qui devient de plus en plus son bras droit, ils vont devoir affronter des événements dangereux et monstrueux, et avoir le Coeur bien accroché. En résumé un super récit policier, vif, nerveux, drôle et extrêmement efficace. J'ai trouvé le troisième tome de la trilogie " La carrière du mal" et j'ai hâte de découvrir la suite des péripéties de ce tandem original et attachant. Quatrième de couverture Owen Quine, écrivain célèbre, a disparu. Il venait d’achever son dernier manuscrit – un sulfureux roman à clés qui dresse le portrait au vitriol de son entourage. De quoi inquiéter bon nombre de personnalités en vue… C’est ce que pressent le détective privé, Cormoran Strike, chargé de l'enquête. Qui aurait intérêt à ce que Quine soit réduit au silence ? Lorsque Strike retrouve le cadavre de l'auteur, assassiné selon un rituel particulièrement atroce, il comprend qu'il a affaire à un tueur impitoyable, tel qu’il n’en encore jamais rencontré dans sa carrière. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le notaire de Pradeloup | EvanancesLittéraires
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le notaire de Pradeloup Jean-Paul Malaval De Borée Terre de Poche 13 octobre 2022 337 pages Roman Chronique 21 décembre 2022 La version grand format a été vendue à 14.000 exemplaires. Lecture du début de ce roman enregistrée en vidéo sur Eva Impressions littéraires et Eva Résonances littéraires : « Qui est pris qui croyait prendre. » « En Corrèze, au début des années 1960, l'imminence de la succession du notaire de village ouvre une véritable boîte de Pandore... » « La truculente histoire de Lazare Bazin, notaire rusé, au cœur des secrets et héritages de familles des villageois. Un personnage que vous adorerez détester ! Drôle et savoureux. » Entre juin 1963 et les années 1940, la vérité, toute la vérité sur la vie cachée d'un notable, le notaire craint, admiré et rusé de Galiane-sur-Sévère, le bien nommé Lazare Bazin. Rien ne va plus en ces journées étouffantes de 1963, Lazare se meurt. Grand ramdam de combat et de civilités hypocrites. Voilà l'hôtel particulier littéralement envahi par les pleureuses professionnelles, les grenouilles de bénitier, les langues de vipères. L'étude notariale est l'endroit où il faut être vu. Geneviève, la gouvernante, veille au grain, prend des libertés, reçoit ces dames en maîtresse de maison, jusqu'à l'arrivée du médecin, d'un autre notaire, des enfants Georges et Calixte, et d'une mystérieuse jeune fille. C'est qu'il en a des secrets le vieux filou, sa progéniture va être soufflée. Quelle est donc la vérité concernant cet homme resté une énigme pour son fils et sa fille, pour sa défunte épouse ? Un ancien collabo, un résistant, un salaud ou un juste ? Tout n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Tous les protagonistes de ce récit vont devoir affronter et digérer des faits désagréables ou insoupçonnés. Le notaire en premier obligé, alors que son cœur fait des siennes, d'accepter de regarder la réalité en face. Texte vif, drôlissime, corrosif, réjouissant qui peut soudain nous bouleverser, jouer sur nos cordes sensibles, car tout n'est qu'apparence en ce monde de faux-semblants, sauf l'amour pour une femme, pour une petite fille. Qui est-il vraiment ce Lazare qui n'a fait que chausser les souliers de son notaire de père alors qu'il avait l'âme artistique ? L'heure des bilans est venue ? Méchamment réussi, un roman délectable ! Quatrième de couverture Notaire à Galiane-sur-Sévère, Lazare Bazin a été l'homme de tous les arrangements : falsificateur d'héritages, expert en fausses écritures, un brin usurier à ses heures... Bref, l'indispensable gardien des secrets de famille ! Mais qui est-il vraiment ? On le dit saint homme, serviteur zélé de la cause paysanne, amoureux de la terre et de ses traditions ancestrales. Il est temps de le découvrir : on attend sa mort d'un jour à l'autre, dans la crainte et le soulagement... Dans le vaste salon de la maison de Pradeloup, les visiteurs affluent. Au fil des heures, c'est toute la société villageoise qui se révèle avec ses grandeurs et ses bassesses. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
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