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- L'Abbaye blanche
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Abbaye blanche Laurent Malot Bragelonne Thriller 14 septembre 2016 334 pages Thriller Chronique 25 août 2017 Nantua, ville du Jura. Le lieutenant Mathieu Gange faisant équipe avec Etienne Marec et le capitaine Michelet est appelé sur la scène d'une mort suspecte dans un hôtel huppé de la région. La victime a été noyée dans sa baignoire. Tout laisse à penser que l'homme était en galante compagnie avant son décès. Une jeune femme blonde et mince aurait été remarquée. Des traces ADN sont relevées ; il faut attendre les résultats des analyses et de l'autopsie. Donc Gange souhaite rentrer chez lui immédiatement pour retrouver sa petite fille Marine. En effet, elle n'a plus que lui depuis que Gaëlle, sa mère, a disparu tout d'un coup en laissant un court message. Le père célibataire se débrouille depuis lors avec l'aide de Emma une étudiante baby-sitter, et sa soeur Claire. Mais il est alpagué à la sortie de l'établissement par la journaliste Helena Medj. Elle émet des doutes quant au caractère accidentel de la mort de l'analyste financier André Quesnel. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces deux fortes personnalités s'opposent dès le début. Devant la surdité de Gange, elle lui apprend que deux cyclistes se sont plaints que leurs vélos leur aient été volés par deux moines se disant poursuivis par un 4x4, au même moment. Le policier traite tout cela par le mépris. Cependant les événements à venir, l'assassinat de deux autres hommes reliés a la première mort et l'attaque violente d'un des membres de son équipe vont l'obliger à devenir le partenaire de la journaliste. Traumatisé par l'absence de sa femme, il la voit même comme une suspecte potentielle. La paranoïa, le dégoût, mais aussi une volonté féroce de mener sa mission le gagnent. Le monde entier semble vicié que ce soit la justice, l'état, la police. La grosse difficulté sera de choisir ses alliés, de repérer les justes, ceux pour qui les notions de bien et de mal sont encore réelles et à défendre jusqu'au bout. Va-t-il se sortir indemne de cette situation de crise extrême tant au plan personnel que humain ? Ses valeurs vont elles résister, va-t-il surnager au tsunami qui va s'abattre sur lui ? C'est un polar très sombre, avec des moments lumineux, très bien mené, au suspense soutenu jusqu'au bout, avec juste ce qu'il faut de mystérieux concernant la troublante Abbaye blanche et ses moines. Que se passe-t-il derrière ces hauts murs ? Même si la construction virtuose trahit le scénariste chevronné, c'est d'abord et avant tout un roman et une œuvre littéraire. Quelques fois d'autres scénaristes passant à l'écriture d'un livre, ne savent pas ménager la surprise et donnent trop d'informations visuelles aux lecteurs, tel qu'ils le feraient pour un scénario destiné à être filmé. Heureusement ce n'est pas le cas ici. Les dialogues majoritaires sont épicés, inventifs, percutants et drôles quand il faut relâcher la pression. La psychologie des personnages, qui vont être bien malmenés par les divers retournements de situations de plus en plus dramatiques, est ciselée et réaliste. Plus vous avancerez dans ce récit, plus vous serez emportés dans un grand huit. J'ai aimé donc ce thriller sur fond de mystère, de politique, d'attente de l'absente, d'amour entre un père et sa fille ; c'est pour elle et son avenir que Gange va se battre jusqu'aux extrêmes limites de l'insoutenable. Quatrième de couverture Amour, meurtres et conspiration : une recette de la manipulation. À Nantua, dans le Jura, le lieutenant Gange élève seul sa fille de six ans. Gaëlle, sa femme, les a quittés sans donner de raison. Quand deux meurtres se produisent la même semaine dans ce coin du Jura où il ne se passe « jamais rien », Gange est entraîné dans une enquête explosive. Il s’oriente peu à peu vers l’Abbaye blanche, une secte particulièrement dangereuse, en cheville avec des notables locaux. Entre trafic d’art, âmes perdues et intervenants haut placés dans l’appareil d’État, il démêle peu à peu les fils et prend la mesure de l’iceberg qui se dresse devant lui. Les enjeux le dépassent, mais sa femme est peut-être victime de l’Abbaye blanche... L’Abbaye blanche est un polar rural, écrit comme un film d’action et d’aventure. Visuel, sonore et bourré d’humour noir, il met en scène des personnages réalistes et touchants, victimes de l’onde de choc, au niveau local, d’affaires qui les dépassent amplement. Soucieux d’explorer les dimensions sociale et politique, Laurent Malot développe les thèmes de la manipulation, du mensonge, de l’amour et de la mort. La secte manipule ses adeptes, l’appareil d’État manipule la secte, et Gange, ce montagnard qui est un modèle d’intégrité mais a aussi ses failles, ment à sa fille, à son entourage et à lui-même en prétendant ignorer pourquoi sa femme est partie. La part belle est faite à une galerie de femmes autour de lui, qui ne s’en laissent pas compter : la journaliste, la baby-sitter, la juge, etc. Au cœur du Jura, un des personnages clé du livre, dont les magnifiques paysages offrent des horizons plus larges qu’en ville et permettent l’émergence de la sagesse et de la vérité. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- À bout de nerfs
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires À bout de nerfs James Barnaby De Borée Marge Noire 10 octobre 2019 408 pages Thriller Chronique 19 octobre 2019 Un roman dangereux pour le sommeil.... " Trop n'est jamais assez." Réplique dans Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese... J'ai posté sur ma page une Interview de cet auteur qui explique qu'écrire sous pseudonyme lui permet de repartir de zéro, de se réinitialiser... Lui offrant une plus grande liberté de création..; ses mots exacts sont "Écrire sous pseudo est une forme de virginité littéraire." Un excellent thriller fabuleusement construit, écrit, où l'auteur a toujours une longueur d'avance, nous épuisant à force de retournements et de révélations. On retrouve avec plaisir le personnage de l'agent spécial du FBI, Joseph Sleuth, déjà croisé dans le précédent roman, très loin de l'image d'Épinal des hommes en noir. Cette fois-ci, c'est sa nièce de 25 ans, Angelica, fille au pair à Londres, qu'il va devoir aider. Celle-ci est mêlée, bien malgré elle, à une tragédie familiale, un carnage, puis comble de malchance, après avoir répondu à une petite annonce miraculeuse lui permettant de fuir la capitale anglaise, à un rapt d'enfants en Ecosse. Les enquêteurs vont la harceler, l'accuser... Elle n'a plus le choix, elle doit appeler à la rescousse son oncle Joseph. Celui-ci est à ce moment précis sur une enquête internationale concernant une fraude informatique à grande échelle liée aux options binaires, ayant des ramifications jusqu'à Tel Aviv ; un trafic organisé par la société TradeOption, l'amenant à collaborer avec Zoharit Chimrit, agent du LAHAV 433, FBI israélien. J'avais énormément aimé l'opus précédent, me restant en mémoire de par son originalité, ses surprises et la références aux contes de fées et dessins animés de Walt Disney... À nouveau, je suis bluffée par ce thriller politico-financier, de Tel Aviv à Londres jusqu'à un château en Ecosse. Un récit solidement construit sur une documentation dense... Quand la réalité dépasse la fiction... L'auteur s'est inspiré de l'histoire amusante d'une annonce passée le 29 mai 2017 de proposition de travail de nounou, rémunéré très généreusement en raison du fait que la demeure des futurs employeurs était soit disant hantée... À partir de là, tout pouvait être imaginé, déformé, développé... Par exemple, mettre à l'origine de toute l'histoire incroyable qui va nous être racontée, l'affaire scandaleuse du trafic financier frauduleux des options binaires concentré en Israël, qui fut au centre d'une série d'articles du magazine The Times of Israël intitulée " Les loups de Tel Aviv" en référence certainement au film de Martin Scorsese " Le Loup de Wall Street". De plus, le fait absolument hallucinant que l'Écosse est devenue, malgré elle, un paradis fiscal pour toutes ces sociétés véreuses, apporte le troisième élément au plan de l'écrivain pour concocter un récit bien tordu, passionnant, terrifiant, se basant sur une réalité inacceptable. Car évidemment, des milliers de vies ont été sacrifiées sur l'autel du profit facile, du toujours plus de fric, plus de pouvoir. Un livre divertissement qui dénonce aussi un système corrompu, une dérive mondiale de l'ultralibéralisme et de la finance. L'argent est virtuel, les dettes également, mais à un moment le fictif devient réalité, et le couperet tombe sur les têtes de tous ceux qui ont cru au profit rapide, presque magique... À nouveau, James Barnaby a choisi de nous piéger dans un conte de fées tournant au cauchemar. Je vous rassure, les explications quant aux montages financiers, aux fraudes, sont d'une grande clarté, vous ne serez pas perdus. Formidable thriller ... Quatrième de couverture Après un terrible drame, Angelica, une jeune nurse américaine est embauchée dans un château écossais grâce à son ami Jim. Tous les deux sont reçus par un couple excentrique et leurs deux enfants. Pendant un violent orage, la demeure se retrouve plongé dans l'obscurité. Quand la lumière revient, Jim et les deux enfants ont disparu. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Ça ne coûte rien de demander
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Ça ne coûte rien de demander Sara Lövestam Robert Laffont La Bête Noire 2018 380 pages traduites par Esther Sermage Polar Chronique 21 octobre 2018 Le premier volet de cette tétralogie sous le titre « Chacun sa vérité » a reçu le prix de l'Académie suédoise des auteurs de polars 2015 et le Grand Prix de la littérature policière 2017. « Née en 1980, considérée comme l'une des nouvelles voix littéraires suédoises, Sara Lovestam est l'auteur de trois romans parus aux éditions Actes Sud : Différente (2013), Dans les eaux profondes (2015) et en route vers toi (2016). Grâce à des personnages souvent en marge ou en quête d'identité, elle réussit à mettre subtilement en lumière les enjeux actuels de notre société, et amène ses lecteurs à questionner l'ordre établi. « J'ajoute car cela est tout de même central dans ce policier, que Sara Lovestam est très engagée dans la cause LGBT, et prête sa voix et sa notoriété à la lutte contre l'exclusion et l'homophobie. Donc certes ce livre décrit la société suédoise mais s'attache aussi à mettre en scène principalement des lesbiennes et un trans. Ne pas le mentionner me semble bien dommage d'autant plus que ces éléments sont centraux afin de comprendre les tenants et enjeux de ce récit. « Si la police ne peut rien pour vous, n'hésitez pas à faire appel à moi » Annonce de Kouplan, détective sans-papiers. Une sacrée trouvaille que ce héros borderline, à Stockholm, se cachant de la police sa demande d'asile de réfugié iranien en danger chez lui ayant été refusée. Ancien journaliste, il est au début de ce roman au bout du bout, rendu à récolter des canettes vides pour se faire quelques argent. Un jour, il entend alors qu'il fouille dans une poubelle du quartier chic de Lidingo la conversation téléphonique d'une femme, riche vraisemblablement et autoritaire, en rage de s'être faite arnaquée. Kouplan n'ayant rien à perdre, ose le coup de bluff et se présente à elle comme détective privé. Il lui propose ses services. D'abord méfiante et réticente, Jenny Svard, conseillère municipale ambitieuse, fuyant toute forme de mauvaise publicité, l'engage. Son amante depuis dix mois a disparu, lui escroquant au passage 200 000 couronnes. Je dois dire que j'ai trouvé le montage du scénario très intelligent et futé, la découverte de la vie des immigrés clandestins ou non en Suède frappante, l'analyse psychologique de chacun et particulièrement de Kouplan très fine et pertinente. Enquêter tout en devant se cacher des forces de l'ordre, et faire un travail considérable sur soi-même quant à sa propre vérité n'est certes pas commun. Tous dans ce roman mentent, présentent un certain visage, sauf un finalement notre héros touchant, honnête, en quête d'authenticité. Je suis en revanche déçue de la fin, j'attendais une conclusion plus « remarquable » à l'image de ce polar atypique tout du long. Je ne sais plus du coup si j'ai lu un policier ou un roman sociétal. Un peu des deux certainement, mais j'aurais souhaité un peu plus de frissons. C'est dommage, il aurait vraiment fallu un coup d'éclat pour couronner un livre par ailleurs brillant et passionnant sur bien des plans. Quatrième de couverture « Si la police ne peut rien pour vous, n’hésitez pas à faire appel à moi. » Kouplan, détective sans-papiers. Ça y est, l’autoproclamé « détective » Kouplan, immigré iranien à Stockholm, n’a plus un rond. Il en est réduit à collecter des cannettes vides pour les revendre contre quelques pièces. En fouillant dans les poubelles du quartier huppé de Lidingö, il croise le chemin de Jenny Svärd, conseillère municipale aux dents longues, dont il surprend la conversation : Jenny vient de se faire escroquer par son amante, qui a disparu dans la nature avec deux cent mille couronnes. Puisque ça ne coûte rien de demander, Kouplan saute sur l’occasion pour lui proposer ses services d’enquêteur… Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Abbaye blanche
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Abbaye blanche Laurent Malot Bragelonne Thriller 14 septembre 2016 334 pages Thriller Chronique 25 août 2017 Nantua, ville du Jura. Le lieutenant Mathieu Gange faisant équipe avec Etienne Marec et le capitaine Michelet est appelé sur la scène d'une mort suspecte dans un hôtel huppé de la région. La victime a été noyée dans sa baignoire. Tout laisse à penser que l'homme était en galante compagnie avant son décès. Une jeune femme blonde et mince aurait été remarquée. Des traces ADN sont relevées ; il faut attendre les résultats des analyses et de l'autopsie. Donc Gange souhaite rentrer chez lui immédiatement pour retrouver sa petite fille Marine. En effet, elle n'a plus que lui depuis que Gaëlle, sa mère, a disparu tout d'un coup en laissant un court message. Le père célibataire se débrouille depuis lors avec l'aide de Emma une étudiante baby-sitter, et sa soeur Claire. Mais il est alpagué à la sortie de l'établissement par la journaliste Helena Medj. Elle émet des doutes quant au caractère accidentel de la mort de l'analyste financier André Quesnel. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces deux fortes personnalités s'opposent dès le début. Devant la surdité de Gange, elle lui apprend que deux cyclistes se sont plaints que leurs vélos leur aient été volés par deux moines se disant poursuivis par un 4x4, au même moment. Le policier traite tout cela par le mépris. Cependant les événements à venir, l'assassinat de deux autres hommes reliés a la première mort et l'attaque violente d'un des membres de son équipe vont l'obliger à devenir le partenaire de la journaliste. Traumatisé par l'absence de sa femme, il la voit même comme une suspecte potentielle. La paranoïa, le dégoût, mais aussi une volonté féroce de mener sa mission le gagnent. Le monde entier semble vicié que ce soit la justice, l'état, la police. La grosse difficulté sera de choisir ses alliés, de repérer les justes, ceux pour qui les notions de bien et de mal sont encore réelles et à défendre jusqu'au bout. Va-t-il se sortir indemne de cette situation de crise extrême tant au plan personnel que humain ? Ses valeurs vont elles résister, va-t-il surnager au tsunami qui va s'abattre sur lui ? C'est un polar très sombre, avec des moments lumineux, très bien mené, au suspense soutenu jusqu'au bout, avec juste ce qu'il faut de mystérieux concernant la troublante Abbaye blanche et ses moines. Que se passe-t-il derrière ces hauts murs ? Même si la construction virtuose trahit le scénariste chevronné, c'est d'abord et avant tout un roman et une œuvre littéraire. Quelques fois d'autres scénaristes passant à l'écriture d'un livre, ne savent pas ménager la surprise et donnent trop d'informations visuelles aux lecteurs, tel qu'ils le feraient pour un scénario destiné à être filmé. Heureusement ce n'est pas le cas ici. Les dialogues majoritaires sont épicés, inventifs, percutants et drôles quand il faut relâcher la pression. La psychologie des personnages, qui vont être bien malmenés par les divers retournements de situations de plus en plus dramatiques, est ciselée et réaliste. Plus vous avancerez dans ce récit, plus vous serez emportés dans un grand huit. J'ai aimé donc ce thriller sur fond de mystère, de politique, d'attente de l'absente, d'amour entre un père et sa fille ; c'est pour elle et son avenir que Gange va se battre jusqu'aux extrêmes limites de l'insoutenable. Quatrième de couverture Amour, meurtres et conspiration : une recette de la manipulation. À Nantua, dans le Jura, le lieutenant Gange élève seul sa fille de six ans. Gaëlle, sa femme, les a quittés sans donner de raison. Quand deux meurtres se produisent la même semaine dans ce coin du Jura où il ne se passe « jamais rien », Gange est entraîné dans une enquête explosive. Il s’oriente peu à peu vers l’Abbaye blanche, une secte particulièrement dangereuse, en cheville avec des notables locaux. Entre trafic d’art, âmes perdues et intervenants haut placés dans l’appareil d’État, il démêle peu à peu les fils et prend la mesure de l’iceberg qui se dresse devant lui. Les enjeux le dépassent, mais sa femme est peut-être victime de l’Abbaye blanche... L’Abbaye blanche est un polar rural, écrit comme un film d’action et d’aventure. Visuel, sonore et bourré d’humour noir, il met en scène des personnages réalistes et touchants, victimes de l’onde de choc, au niveau local, d’affaires qui les dépassent amplement. Soucieux d’explorer les dimensions sociale et politique, Laurent Malot développe les thèmes de la manipulation, du mensonge, de l’amour et de la mort. La secte manipule ses adeptes, l’appareil d’État manipule la secte, et Gange, ce montagnard qui est un modèle d’intégrité mais a aussi ses failles, ment à sa fille, à son entourage et à lui-même en prétendant ignorer pourquoi sa femme est partie. La part belle est faite à une galerie de femmes autour de lui, qui ne s’en laissent pas compter : la journaliste, la baby-sitter, la juge, etc. Au cœur du Jura, un des personnages clé du livre, dont les magnifiques paysages offrent des horizons plus larges qu’en ville et permettent l’émergence de la sagesse et de la vérité. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- À un cheveu
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires À un cheveu Maëlle Desard Slalom 28 avril 2022 317 pages Roman Jeunesse Chronique 12 décembre 2022 Âge minimum recommandé par le fabricant : 13 ans. Lecture du début de ce roman enregistrée en vidéo sur Eva Impressions littéraires et Eva Résonances littéraires : « Anis trop honnête ; Christophe trop présent ; père trop comique ; mère trop coincée ; Jacob trop craquant. Ma vie est un enchaînement d'hyperlatifs. » Dédicace : " À toi, qui doutes face au miroir : tu es magnifique. " Une phrase qui s'adresse à tout le monde quelque soit le genre ou l'âge. Un roman réjouissant, très drôle, bouleversant, émouvant, créatif littérairement, traitant de sujets graves : le harcèlement sexuel ou moral, la discrimination sous toutes ses formes, la différence rejetée par une société normative, la maladie et ses conséquences sur la cellule familiale, l'exposition des jeunes à la violence, à la sexualisation outrancière permanente, à l'américanisation caricaturale des modes de vie... L'héroïne, Emma, ancienne championne de natation, une battante, a pourtant eu bien du mal à se relever des deux dernières années cauchemardesques qu'elle vient de traverser. Ses parents et son frère Christophe ont eux aussi beaucoup souffert. Afin d'offrir un second souffle à leur petite tribu, un déménagement loin de Orange et du Sud est organisé. Direction Strasbourg. Emma a un secret : elle a perdu tous ses cheveux comme l'épouse de Will Smith. Une alopécie difficile à encaisser pour une fille. Alors, puisqu'elle peut repartir de zéro dans cette nouvelle ville, dans ce nouveau lycée, elle décide d'avoir recours à un objet magique, sa Précieuse, une perruque. Cette tête « Velcro » implique la fin de la natation et des compétitions, l'évitement de toute situation épineuse, la dispense de sport... Un sacrifice qui aux yeux d'Emma, si traumatisée par la cruauté de ses anciens « camarades » de lycée, paraît léger. Mais son frère si protecteur et empathique, sa nouvelle amie Anis du genre inclassable et cash et surtout le séduisant Jacob, vont changer la donne. On a beau tout prévoir, tout contrôler, la vie se charge de brouiller les pistes. Pour peu que l'on soit intuitive, intelligente, et mature même si inexpérimentée, de belles surprises pourraient surgir sur le chemin tout tracé forçant à emprunter de jolies déviations. L'autrice décrit parfaitement le mélange de force et de vulnérabilité qui anime ces futurs adultes quelques fois totalement perdus et paniqués par les épreuves de l'existence et par certains éléments symptomatiques d'une société décadente sur bien des points. Ils surfent sur internet, maîtrisent les nouvelles technologies mais sont toujours des gosses en quête de repères et de sécurité affective. Les personnages sont particulièrement attachants, l'histoire très bien menée, le texte à la fois hilarant, cocasse et tout en délicatesse. C'est un roman que je mettrai dans toutes les mains, parfait en cadeau de Noël tant il est enthousiasmant et positif sans être mièvre. Quatrième de couverture Un grand bain d'humour et d'empowerment À 17 ans, Emma aime la natation, son frère presque jumeau, le chocolat et dessiner dans les marges de ses cahiers. Elle serait à un cheveu de la belle vie si elle n'avait pas perdu les siens, de cheveux, deux ans plus tôt (tandis que le reste de ses poils a continué à pousser, merci bien !). Affublée d'une perruque avec laquelle elle entretient une relation d'amour-haine quasi mystique, Emma décide de profiter du déménagement de sa famille pour repartir de zéro. Nouvelle vie, nouveaux amis... et peut-être un premier amour ! Un roman lumineux sur l'acceptation de soi et de son corps, résolument féministe et universel ! Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Écoutez nos défaites
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Écoutez nos défaites Laurent Gaudé Actes Sud 2016 256 pages Roman Chronique Toujours aussi difficile de rédiger un texte après avoir terminé un des livres de Laurent Gaudé... Trop peur évidemment de ne pas être à la hauteur. Je prends mon courage à deux mains après l'émission de La Grande Librairie de ce soir du 24 avril 2019 consacrée à la beauté et à l'art. Il n'y a pas de hasard... Beauté en effet du verbe, des images, du thème traité si délicat, si émotionnellement difficile, de la tragédie non antique mais simplement humaine, de l'aptitude que nous avons depuis toujours à créer la magnificence, la perfection, la magie, la vie, comme la destruction, la douleur, la mort. Cri d'extase ou d'horreur, lumière ou ténèbre, paix ou guerre, voilà ce qu'est pour moi ce roman fabuleux. Et puis un formidable rappel que l'art, la beauté sont des armes pacifiques d'une grande puissance. Espoir ! Vous rappelez-vous les images de la destruction des hauts lieux historiques du Moyen-Orient par Daesh en 2015, la stupeur, l'incompréhension face à ce geste barbare d'anéantissement de monuments, de la grandeur, de l'histoire, la nôtre et la leur... de toute trace de civilisation... La violence extrémiste ne peut croître que sur l'ignorance, l'amnésie.... Face à cela a été organisé depuis toujours le sauvetage de ce patrimoine mondial, la récupération des œuvres, des objets pillés, par les équipes de spécialistes mandatées par Interpol, l'UNESCO etc... Des archéologues vont alors sur ces zones de guerres passées ou présentes pour pister, enquêter, reprendre. Les archéologues cette fois ne pillent pas les lieux de fouilles pour remplir les musées mais pour rendre légitimement à un peuple, à une terre son histoire, ses origines. Un drôle de métier tout de même que celui d'archéologue, qui m'a toujours fascinée, mais qui effectivement induit l'idée d'ouvrir des tombes, des lieux cachés, pour les désacraliser...et qui cependant permet également d'avoir un recul sur l'histoire de l'humanité, peut-être d'en tirer des enseignements, des leçons, pour ne pas indéfiniment reproduire les mêmes crimes, les mêmes coupables erreurs. Espoir ! En ces heures où nous sommes tellement informés de toutes les catastrophes sur notre planète, où chaque monstruosité est photographiée, filmée, où nous avons conscience, au contraire de nos aïeux, que la paix ne règne nulle part, que la guerre ouverte ou larvée est gagnante toujours, ou la fureur gronde, où nous sommes terrorisés face à l'irresponsabilité ou l'inhumanité de certains condamnant tous les autres au drame, où je l'avoue je pense qu'en finir serait préférable, tout d'un coup un texte tel que celui-ci remet en exergue ce qui est fondamental et nous replace, nous insignifiant, dans la perspective des siècles et des millénaires, face à ce qui nous dépasse, nous survivra, nous fait réentendre les voix du passé... Il n'y a pas de défaites, il n'y a qu'un long apprentissage de l'essentiel. Espoir ! La construction chorale de ce roman favorise notre essoufflement, notre envie d'aller au bout de la démonstration, de savoir ce que ces échos entre hier et aujourd'hui vont provoquer dans la vie des deux héros. Magnifique texte qui nous renoyaute, nous retisse les uns par rapport aux autres. Je me sens pleine de gratitude pour l'auteur, heureuse de pouvoir simplement voir la couverture de ce roman dans ma bibliothèque. Quatrième de couverture " Il a mené des opérations pour les renseignements français de Bamako à Genève, de Beyrouth à Tanger. Il a vu des régimes tomber, des peuples se relever, des hommes mourir. Aujourd'hui, Assem Graïeb est fatigué. La mission qu'il accepte est peut-être la dernière : retrouver un ancien membre des commandos d'élite américains soupçonné de trafics. À Zurich, Assem croise Mariam, une archéologue irakienne qui tente de sauver des œuvres d'art dans la zone dévastée du Moyen-Orient. En une nuit, tous deux partagent bien plus que quelques heures d'amour. En contrepoint de cette rencontre, le récit fait retentir le chant de trois héros glorieux : le général Grant écrasant les confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l'envahisseur fasciste. Mais quand une bataille se gagne au prix de vies fauchées, de corps suppliciés, de terres éventrées, comment prétendre qu'il s'agit d'une victoire ? Évocation tremblée d'un monde contemporain insondable, « Écoutez nos défaites » compose une épopée mélancolique et inquiète qui constate la folie des hommes et célèbre l'émotion, l'art, la beauté- seuls remèdes à la tentation de la capitulation face au temps qui passe. " Espoir ! Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- À fleur de peau
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires À fleur de peau James Barnaby De Borée Marge Noire 18 octobre 2018 443 pages Thriller Chronique 30 décembre 2017 Grand thriller psychologique, aux limites de l’inconscience, peuplé de Reine de cœur sanglante et de sorcières cruelles, réactivant nos cauchemars enfantins, et nous obligeant à suivre l'héroïne dans ses fugues entre plusieurs mondes. Du Walt Disney terrifiant à ne pas mettre entre des mains innocentes. 2 juillet, Jane McLeone, brillante étudiante à Madison, au comportement asocial et autistique, se prépare à rejoindre sa mère Janine et son beau père Richard Holstein, en campagne pour le poste de sénateur, pour les vacances d’été, dans leur maison près du lac Mendota dans le Wisconsin. Avant de partir, elle prend un rdv avec son thérapeuthe le Dr Sapirstein, pour un dernier entretien. Il la suit depuis ses huit ans, après qu’elle ait disparu un mois entier, et soit revenue soudain un matin avec des traces de bleus aux poignets et chevilles, et de viols répétés. Il l'a aidée à reprendre le contrôle de sa vie, de ses cauchemars tous liés à certains films d’animation de Walt Disney, Alice au pays des merveilles, Blanche neige, La belle au bois dormant, le magicien d’Oz, entre autres. Elle est très inquiète car le phénomène de fugue inconsciente s’est reproduit la veille, alors que tout était rentré dans l’ordre. Il la rassure, conscient que depuis un an, il aurait dû passer le flambeau de son suivi psy à un confrère, puisqu’il est pédopsychiatre. Jane revient chez elle dans le 3 pièces qu’elle partage avec son amie Mei, prépare ses bagages. Le lendemain sa mère Janine vient la chercher à 9 h, mais en chemin fait un détour par sa galerie de peinture de Madison en laissant sa fille pour un court moment dans la voiture. A son retour, Jane a disparu, elle la retrouve dans le parc pour enfants plus loin, en état second, ignorante quant à la façon dont elle est arrivée là. Elle se souvient juste que dans la vitrine d’un magasin de HIFI, sur l’écran de télévision mis en exposition, un dessin animé de Walt Disney passait. Puis le trou noir. Elle se réveille à la cabane, son beau père Richard Holstein est là, mais sa mère est repartie pour régler un problème de dernière minute à sa galerie de Chicago. Tous les deux s’entendent à merveille, Richard ayant endossé le rôle de père que Georges McLeone a été incapable d’assurer après le divorce d’avec Janine, suite à la disparition de leur fille. Le lendemain, Jane retrouve ses 3 « Frangines » du lac, amies d’enfance pour la journée. Au retour d'une partie de pêche, le soir, Jane et Richard entament une partie d’échecs, Janine appelle pour dire qu’elle reviendra le lendemain matin et qu’elle dort à l’hôtel à Chicago. Ils vont se coucher. Mais au réveil, Jane trouve le corps de son beau père égorgé à côté d’elle, presque décapité, avec le couteau utilisé pour vider les brochets, elle a du sang sur elle et se trouve dans la chambre parentale. Paniquée elle appelle la police en s’accusant du meurtre et en criant « coupez-lui la tête »... C'est un thriller psychologique et d’action au rythme rapide et très efficace, original, anxiogène et terrorisant pour les enfants que nous sommes encore, utilisant le caractère terrifiant des contes et dessins animés pour nous faire tomber avec Jane dans une spirale vertigineuse, avec des flashbacks vieux de huit ans, afin de bien comprendre les événements du passé et leur conséquence aujourd’hui. Les notions de conscience/inconscience, et le ressenti d’un amnésique sont parfaitement analysés. L'ouverture de ce récit d'abord intime débouchant sur une question historique plus vaste est également une des grandes réussites de ce livre, nous somme ainsi directement concernés. En dire plus risquerait de vous donner une piste trop évidente. Très bonne lecture ! Quatrième de couverture Brillante étudiante de 19 ans à l'université du Wisconsin à Madison, Jane souffre de « fugues temporelles » depuis l'enlèvement dont elle a été victime huit ans plus tôt, dans des circonstances gui n'ont jamais été élucidées et dont elle ne garde aucun souvenir. En vacances comme chaque été dans le chalet familial au bord du lac Mendota, elle est seule avec son beau-père, sa mère ayant dû repartir précipitamment à Chicago pour son travail. Dans la nuit, la jeune fille se réveille avec les mains ensanglantées, un couteau à ses pieds. Richard gît à ses côtés, égorgé... Jane le sait, elle a tout de la coupable idéale. Pour le procureur du comté et la police de Madison, l'affaire est claire : l'étudiante a commis cet acte odieux dans une crise de folie. Ce n'est pourtant pas l'avis de Joseph Sleuth, l'agent local du FBI, gui penche pour un assassinat politique maquillé en crime familial. Leader du parti écologiste, Richard briguait le poste de sénateur et comptait de nombreux ennemis à la Bourse des valeurs agricoles de Chicago, le puissant et influent lobby des céréaliers. Libérée sous caution dans l'attente de son procès, Jane est prise en charge par un spécialiste de l'hypnose. Au fil des séances elle retrouve peu à peu la mémoire. La réalité se dessine, effroyable... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Écorchures
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Écorchures Tess Gerritsen Presses de la Cité et Libra Diffusio 2017 349 et 400 pages traduites par Valérie Malfoy Thriller Chronique Titre original étant « Die Again ». Grâce à cette auteure, j'ai toujours la chance de profiter de quelques heures de lecture intelligente, futée, pleine de suspense, toute à la joie de retrouver l'inspecteur Jane Rizzoli et le docteur Maura Isles, médecin légiste, à Boston. Version bien plus sombre et dense que la série télévisée fun et glamour. Cependant on reconnaît certains éléments caractéristiques de chacune présents dans les écrits. L'originalité de ce dernier opus est de débuter bien loin des USA, au Botswana en pleine brousse, lors d'un safari découverte auquel se sont inscrits Millie libraire, la narratrice, et son compagnon Richard, célèbre écrivain de thrillers d'action en Angleterre, un couple de japonnais typique, deux blondes sud-africaines et Eliott, jeune homme timide qui les a suivies. Un guide Johnny et un pisteur Clarence complètent ce groupe hétéroclite. Millie déchante, son couple est au bord de la rupture, Richard étant de plus en plus insupportable, prétentieux narcissique juste intéressé par le décolleté d'une des 2 jeunes femmes et toujours à vouloir prouver qu'il est un mâle Alpha. Johnny, tranquille, serein, impose son autorité pour éviter toute erreur qui pourrait dans ce contexte devenir fatale. Des animaux sauvages les cernent, le danger est réel. Soudain tout bascule dans l'horreur, la mort a frappé ... Boston. Un chasseur et taxidermiste célèbre, Leon Gott est retrouvé égorgé, attaché par les pieds et éventré dans son garage. Dans sa maison trônent des trophées plus macabres les uns que les autres. Des griffures très régulières sont visibles sur le cadavre. Peu de temps après, un autre corps est découvert présentant les mêmes griffures. Rizzoli et Isles pensent que les meurtres sont liés, mais faut-il le prouver. Elles vont devoir fouiller dans la vie de Gott et de la nouvelle victime pour y trouver un point commun.... Des preuves dans les poubelles du garage orientent bientôt leur pas vers le zoo.... Elles ne savent pas encore que l'Afrique les attend avec ses mystères. Un très bon thriller, où Maura se bat contre ses propres parts d'ombre, où Jane doit lui témoigner toute sa confiance même si ses théories lui semblent incroyables. Leur amitié est forte, elles doivent la préserver à tout prix, quelques soient les horreurs et les monstres à affronter. Un tandem féminin particulier transformé en chasseresses traquant un monstres. La survie d'une femme terrorisée et hantée par le passé est entre leurs mains Quatrième de couverture La chasse est ouverte ! Le taxidermiste et amateur de chasse Leon Gott est retrouvé sauvagement assassiné, son cadavre pendu par les pieds parmi les trophées d'animaux sauvages ornant sa maison de Boston. Quelques jours plus tard, les restes d'une deuxième victime portant des griffures similaires sont découverts. L'inspecteur Jane Rizzoli et le Dr Maura Isles, médecin légiste, comprennent que les meurtres sont liés. Pour débusquer le prédateur qui hante la ville, Jane et Maura devront reprendre une partie de chasse commencée six ans plus tôt : au Bostwana, des touristes participant à un safari avaient tragiquement disparu les uns après les autres. Parmi eux, le fils de Leon Gott... Et si la traque avait repris à Boston ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La vie rêvée de Virginia Fly
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La vie rêvée de Virginia Fly Angela Huth Quai Voltaire / La Table Ronde Février 2017 218 pages traduites par Anouk Neuhoff Roman Chronique 13 avril 2018 Le titre original est « Virginia Fly is drowning » paru en 1972. En premier lieu l'auteure « est née à Londres en 1938 et vit aujourd'hui dans le Warwickshire. Journaliste réputée, elle a publié de nombreux romans à succès, deux recueils de nouvelles, etc..... Elle a aussi écrit des pièces pour la radio et la télévision et réalisé des documentaires. Dix romans ont paru chez Quai Voltaire, ....dont « Mentir n'est pas trahir » en 2015. » Ce récit tendrement caustique, furieusement drôle, doucement cruel, nous raconte la vie tumultueuse et fantasmée de Virginia, qui nous apparaît dès le départ tout de même bien atteinte : on ouvre sur son rêve de viol par un moustachu, rêve qu'elle fait dans son lit ou réveillée devant sa classe d'art plastique. Elle en frissonne. Voilà bien le problème, Virginia rêve son existence, elle ne la vit pas réellement. Elle attend la grande passion, le tsunami, et la voilà coincée à 31 ans, célibataire chez ses parents, à supporter une mère à étrangler, à partager une belle complicité avec son père vieillissant, au lieu d'être avec un mari, chez elle, ou même mère comme toutes ses anciennes copines, comme Caroline. Enfin la maternité ce serait de toute façon difficile car Virginia est VIERGE. Alors même si ce livre date de 1972, même à l'époque c'est un peu dur à croire, sauf si elle se destine à la vie monacale. Mais non, elle analyse parfaitement sa situation avec un pragmatisme sidérant, elle accepte même d'en parler dans une émission de téléréalité. Là, on vacille de honte pour elle, mais elle non ! Et on rit tant la description du tournage chez les Fly est savoureuse. C'est de l'humour anglais qui fonctionne parfaitement. Pourtant il y a de l'espoir, car le correspondant américain de Virginia depuis douze ans arrive enfin à Londres. Évidemment notre institutrice s'imagine déjà mariée à Charles. Hum ! Là une scène d'anthologie vous attend entre ses deux spécimens exceptionnels. Toutes les femmes se retrouveront dans certains détails évoqués. Ah, ah ! Et puis, il y a également son ami Hans mélomane, distingué et prévenant, veuf, beaucoup plus âgé, qui l'entoure d'attentions délicates, sans qu'elle percute, hum ! Imaginez donc sa tête quand il voit cette jeune femme qu'il apprécie tant, avouer sa virginité à la face du monde. Il lui adresse immédiatement un courrier pour lui proposer un rdv, il veut lui apporter son assistance. Une certaine Mrs Thompson aussi, veuve, ancienne prostituée, écrit à cette cause perdue, proposant ses services de professionnelle de la séduction. Toute une galerie de personnages à peine caricaturés et irrésistibles, quelques fois grotesques ou pitoyables, le plus souvent charmants car improbables et attendrissants. Attention cela peut être une fable absurde, c'est en fait une description psychologique tout en sourdine et finesse de certains oubliés, perdus de la vie, bouffons, qui n'ont pas reçu le mode d'emploi. Des inadaptés, mais nous, le sommes-nous vraiment en toute circonstance ? Alors que va-t-il enfin arriver à Virginia dans la réalité, va-t-elle réussir à s'en contenter, à comprendre où est son bonheur, le vrai....? Très bien observé, ce roman n'a pas pris une ride, malicieux et humoristique, et étonnant d'à propos dans une époque où la solitude est le mal de l'époque, où la communication n'est quelques fois que virtuelle. À méditer en souriant, et surtout « carpe diem ». Quatrième de couverture Souvent, debout face à ses élèves ou allongée sur son lit, Virginia Fly a la vision merveilleuse d’une main d’homme caressant son corps, déclenchant un frisson le long de son épine dorsale. Que ferait-elle si un inconnu apparaissait à la fenêtre, pénétrait dans la pièce et la séduisait ? Car à trente et un ans, Virginia, toujours vierge, vit sagement chez ses parents, dans la banlieue de Londres. Il y a bien son ami Hans, un professeur mélomane, mais ce n’est pas lui qui assouvira ses fantasmes. Non, celui qu’elle attend, c’est Charlie, son correspondant américain, dont la visite s’annonce enfin après douze années d’échanges épistolaires. Seulement cette arrivée coïncide aussi avec la diffusion d’un reportage télévisé sur Virginia, qui se prend à rêver que, parmi les opportunités tout à coup florissantes, il en est une – peut-être le charmant Ulick Brand ? – qui saura combler ses attentes. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le jardin des papillons
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le jardin des papillons Dot Hutchison City Editions 2 septembre 2020 352 pages traduites par Nordine Haddad Thriller Chronique « Haletant et machiavélique : un époustouflant best-seller par une nouvelle voix du polar mondial. » Quel thriller ! La version originale THE BUTTERFLY GARDEN est parue en 2016 aux Etats-Unis, premier opus d'une série.... Donc réjouissons-nous qu'il soit enfin édité en France dans une très bonne traduction, qui plus est. J'ai toujours été fascinée par les romans, biographies concernant Soliman le Magnifique, le Harem de Topkapi, Constantinople.... effrayée et en même temps passionnée par ce mode de vie, cette civilisation, ce faste.... Cependant quelques décennies après, informée par les différents témoignages écrits de profilers européens ou américains, par certaines fictions policières proches du reportage sur le terrain, mon regard sur Soliman et ses "collègues" d'hier et d'aujourd'hui a diablement changé. Pourquoi parler de ceci ? Simplement parce que l'auteure fait plusieurs fois référence aux harems, à la traite d'êtres humains et à l'esclavage. Un thriller tel que celui-ci, à l'atmosphère aussi vénéneuse, malsaine, terrifiante, sorti de l'imagination tortueuse de l'auteure, a l'immense utilité de renommer par leurs pathologies, très justement, ces criminels, afin de les étiqueter et les ranger ensuite dans le " catalogue des psychopathes violeurs multirécidivistes et serial killers " ; On revoit notre Histoire mondiale et certaines de ses figures les plus illustres avec d'autres yeux à la fin de cette lecture. Et ils sont nombreux les pervers narcissiques et autres monstres dans nos livres d'enfants, sans que jamais un jugement moral ne nous aient réellement été transmis sur leur comportement déviant lors de nos années d'apprentissage. C'est le premier des grands mérites de ce thriller phénoménal.... le second est tout aussi exceptionnel : Nous voici plongés dans un récit mêlant deux huis clos. En écrire un est déjà un tour de force, le rendre captivant, hypnotisant en est un autre, mais deux ! Complimenti : - Le premier huis clos est d'entrée de jeu situé dans la salle d'interrogatoire du FBI après l'assaut donné sur une propriété privée où étaient enfermées, violées, torturées, tuées, des jeunes filles de plus de 15 ans depuis plus de trente ans. Les protagonistes en présence sont Maya, l'une des victimes, face à Victor et Eddison, deux agents spécialistes des crimes sexuels sur mineurs. - Le deuxième huis clos se déroule sur les lieux des crimes, dans cette immense serre abritant les kidnappées. C'est le récit sous forme de flashbacks de Maya répondant, à sa façon très particulière, aux agents. Elle leur raconte alors ce qui pourrait être un opéra, tel Butterfly ou plutôt Turandot, ou un conte pour adultes, ténébreux, où peu à peu l'âme des plus pures sombre dans un désespoir sans fond. La serre luxuriante avec sa grotte, sa falaise, son plan d'eau, ses lieux d'habitation du Harem se nomme le Jardin des papillons. Évidemment son propriétaire est le Jardinier et les incarcérées, ses Papillons. Ces appellations si poétiques, rassurantes, cachent une réalité monstrueuse : les filles, dont le dos est tatoué d'ailes de papillons tous différents, forment la collection privée de ce dément, qui tel un dictateur érige les règles de cette micro- société et décide de l'exécution de certains spécimens trop vieux, déficients, imparfaits. Soit ils sont éliminés et disparaissent, soit ils ont l'insigne honneur d'être mis en exposition.... Ce Jardinier est un esthète, n'est-il pas ? Cependant il commet des erreurs..... Comme introduire le ver dans le fruit.... Quel sera-t-il ? Un de ses fils ? Une des kidnappées ? Quel événement insupportable mettra le feu aux poudres ? Quant à Victor, réussira-t-il à établir le profil de Maya, et se persuadera-t-il de son innocence, elle qui semble être le centre de tout, elle que réclament les rescapées comme leur protectrice, leur meneuse ? La jeune femme ne leur facilite pas la tâche, habituée, bien avant son rapt, à la cruauté de la vie. Est-elle le bon petit soldat du Jardinier ou une guerrière qui a usé de duplicité et de ruse pour sauver la communauté des Papillons ? Pourquoi ne pleure-t-elle pas ? Pourquoi ne se comporte-t-elle pas en victime ? Est-elle aussi vénéneuse que ce Jardin ? Est-elle devenue la chose, la complice du Jardinier ? Les battements d'ailes vont s'accélérer essoufflant notre cœur et nos cellules grises. Ce livre est un poison que l'on boit jusqu'à la lie avec plaisir masochiste et passion. Une œuvre tout à fait unique, diablement réjouissante et réussie. Comment a-t-on pu attendre autant de temps avant de l'éditer en France ? Un souffle nouveau re-oxygène le monde du thriller psychologique avec ce double huis clos prodigieux. Le dénouement vous réserve également des surprises étonnantes quant à l'articulation des évènements en amont et les raisons motivant l'attitude de Maya. J'attends avec une immense impatience la suite. Quatrième de couverture Un immense jardin luxuriant, débordant de fleurs et de plantes rares. Cet endroit pourrait être un véritable paradis s’il n’y avait ces dizaines de cadavres découverts par le FBI. Des jeunes femmes dont le dos a été tatoué pour ressembler à des ailes de papillons. Celui qui règne sur ce monde fascinant et effrayant est un homme aussi cruel que délicat que ses victimes ont baptisé « Le Jardinier ». Son obsession : capturer, apprivoiser et immortaliser les plus beaux spécimens avant que leur beauté se fane. Parmi les rares survivantes, il y a Maya, une étrange jeune femme. Plus l’enquête avance, plus elle se révèle être une énigme. Quels secrets dissimule-t-elle ? Au fur et à mesure que la jeune femme se confie, les enquêteurs sont emmenés loin, très loin, aux confins de la noirceur de l’âme humaine. « Ici, la beauté, le désespoir ou la peur étaient aussi communs que le fait de respirer. » Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'année où je t'ai rencontré
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'année où je t'ai rencontré Cecelia Ahem Milady-Braguelonne 2018 411 pages Feel-good Chronique 5 août 2019 Un premier chapitre extrêmement touchant où l'héroïne, Jasmine, apprend à cinq ans par son cousin Kevin qu'elle va mourir, en plus le jour de l'enterrement de son grand-père, qui du coup va servir d'engrais aux fleurs... Le ton est donné ! Il n'en faut pas plus à la petite fille pour que devenue grande, elle soit une obsessionnelle du travail, du gain de temps, s'épuisant en une course effrénée après elle-même, évidemment perdue d'avance, jusqu'au jour où STOP !!! elle est arrêtée brusquement dans son mouvement perpétuel par un de ses associés. Elle voulait revendre la startup qu'ils avaient créée ensemble, histoire de passer toujours plus vite à une nouvelle aventure sans surtout s'attacher, alors que lui au contraire souhaitait voir grandir et prospérer son entreprise. Elle a eu le tort de ne pas prendre le temps de l'écouter, prenant même des contacts avec un racheteur éventuel sans en référer à son partenaire, celui-ci décide donc de la larguer. Non pire, il continue à la payer pendant un an de " Mise en jardinage" nous dirions en jachère, pendant lequel elle ne peut ni travailler ni aller à la concurrence. Une sacrée tuile pour cette hyperactive se retrouvant du coup cloîtrée dans sa maison, à se réjouir du moindre fait insignifiant, des naissances aux baptêmes, dîners et cafés pris avec les copines maternantes.... Enfin, passer Noël et le jour de l'an, la folie la guette.... Et bien sûr, quand on tourne en rond, que fait-on... ? On épie ses voisins.... Quelle chance ! Celui d'en face n'est pas piqué des hannetons, un animateur de talk-shows à la radio, alcoolique, gueulard, détesté de sa femme et de son fils aîné. Elle le reconnaît ce fameux Matt, et elle le hait, elle le méprise, il la dégoute. Mais c'est pas tout ça, elle a devant elle une interminable année à traverser, pourquoi ne pas faire de son terrain devant son pavillon, très gris et minéral, un jardin coloré et joyeux comme celui de son papy. L'aventure commence vraiment, elle entrouve une porte vers un univers que sa grande soeur adorée et extra-ordinaire, Heather, maîtrise parfaitement depuis toujours. Oui ce roman est un pur exemple de livre feel good, ce n'est pas celui de cette auteure qui m'ait le plus tourneboulée mais il m'a fait passer un bon moment, m'a remise quelques vérités en mémoire, comme accepter les mains tendues, cultiver sa vie comme l'on ferait d'un jardin, prendre le temps de profiter des gens qu'on aime, être ouvert, sans préjuger des autres, voili, voilou.... Ça enfonce peut-être des portes ouvertes mais Cecelia Ahern le fait avec talent, justesse, humour, très douée pour camper un décor, des personnages attachants, écrire des dialogues savoureux. Le livre parfait après deux thrillers très sombres... Donc pour les vacances, idéal. Point noir : la traduction, mais chut... je veux rester de bonne humeur.... Quatrième de couverture " La plupart des gens n'ont pas besoin de faire" quoi que ce soit" pour nous transformer, ils n'ont qu'à être " là" j'ai réagi à ta présence. Tu m'as aidée. J'ai toujours cru qu'être aidé revenait à perdre le contrôle mais il faut laisser quelqu'un nous secourir, et alors seulement la transformation peut avoir lieu." Jasmine a deux passions : sa sœur, Heather, et son travail. Lorsqu'elle est licenciée, elle est désorientée et s'aperçoit qu'elle ne sait pas qui elle est réellement. Matt a deux passions : sa famille et l'alcool. Sans eux, il sombre. Jasmine et Matt se rencontrent le soir du réveillon du nouvel an. Tous deux au chômage, avec du temps à ne savoir qu'en faire, ils se trouvent à la croisée des chemins et vont devoir faire des choix. À l'instar du jardin dont s'occupe Jasmine, leur amitié, aussi surprenante qu'inattendue, éclot au rythme des saisons et des fleurs. Parfois, il faut savoir s'arrêter pour mieux repartir... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs