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- N'oublier jamais
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires N'oublier jamais Michel Bussi Presses de la Cité 15 juin 2017 500 pages Thriller divers Chronique 8 février 2017 Pour retrouver une belle écriture, le plaisir de lire à haute voix et une construction de l'histoire toujours soignée j'ai entamé ce livre hier matin ... Je suis fan de cet auteur et encore plus à la fin de ce nouvel opus. Plus machiavélique et noir, peutêtre, je trouve, de par la personnalité du coupable. On pense avoir trouvé la solution vers les deux-tiers du récit et évidemment on est encore bien retourné à la fin du livre. Le décor quasi de théâtre avec ces falaises à pic porte au lyrisme, et certains passages de description du paysage doivent être lus et retenus : "André Jozwiak observa le jour se lever sur la plage face à lui, la legère couche de glace sur les voitures garées devant le casino, les galets serrés les uns contre les autres comme des oeufs grelottants qu'un rapace géant aurait abandonnés, le soleil mal réveillé qui se hissait péniblement au-dessus de la mer, après la falaise morte, en Picardie, à cent kilomètres plein est" . Et ainsi tout commence. Je dois trouver encore deux derniers livres : Un avion sans elle et Ne lâche pas ma main, et j'aurais tout lu de Michel Bussi et devrait attendre les prochains avec impatience. Quatrième de couverture Vous croisez au bord d'une falaise une jolie fille ? Ne lui tendez pas la main ! On pourrait croire que vous l'avez poussée. Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper. A Yport, parti s'entraîner sur la plus haute falaise d'Europe, il a d'abord remarqué l'écharpe, rouge, accrochée à une clôture, puis la femme brune, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Ils sont seuls au monde ; Jamal lui tend l'écharpe comme on lance une bouée. Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît sous les yeux effarés de Jamal le corps inerte de l'inconnue. A son cou, l'écharpe rouge. C'est la version de Jamal. Le croyez-vous ? Un jeu de piste ludique et vertigineux impossible à oublier. 2016, Prix du talent littéraire normand Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Selfies
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Selfies Jussi Adler Olsen Albin Michel 29 mars 2017 624 pages, traduites par Caroline Berg Thriller et Policier Chronique 14 avril 2017 Énorme coup de Coeur pour ce dernier opus de Jussi Adler Olsen" Selfies" qui m'a littéralement kidnappée. Ce thriller construit sur deux phénomènes de société bien banals est proprement remarquable. Les six livres de cette série précédant celui-ci étaient tous des réussites, des coups de maître incontestés. Il est admirable de pouvoir ainsi maintenir une cadence de coureur de marathon sur sept tomes et de tenir le lecteur en haleine pendant tant d'années. Ce qui est terrifiant dans ce récit c'est la bascule d'une femme du jour au lendemain, se transformant sous nos yeux en monstre dénué d'empathie, alors que celle-ci avait été la constituante principale de sa vie. Il y a comme souvent une dénonciation féroce : dans ce texte c'est le concept d'état providence poussé à son paroxysme, et cette jeunesse qui vit des aides sociales et ne rêve que de célébrité, d'argent facile et dont la vie ne tourne qu'autour des apparences, du bling bling, des mises-en-scène sous forme de selfies . La description de l'évolution psychologique des personnages glace le sang tant il est juste. Allons-nous vers une totale amoralité ? C'est aussi pour moi l'épisode des aventures de notre trio de choc Carl Morck, Assad et Rose, le plus émouvant et touchant. Beaucoup d'auteurs de sagas comme celle-ci réussissent à créer un lien presque sentimental entre le lecteur et les héros, mais je ne sais pas pourquoi Jussi Adler Olsen est particulièrement un magicien en la matière, et l'on est profondément touché par la mise en abîme de Rose, en plein syndrome posttrauma, qui déjà se devinait dans " Promesse " le sixième tome. Je pense aussi que l'humour, la drôlerie de certaines scènes et certains personnages cocasses nous attachent encore plus à cette série et ces héros, bien plus que le ferait un ton bien dramatique et larmoyant. Fan encore plus après cette lecture enfiévrée, imaginant déjà la suite puisque certaines pièces de la prochaine partie ont été habilement placées. Merci monsieur Adler Olsen. Quatrième de couverture Elles touchent les aides sociales et ne rêvent que d'une chose : devenir des stars de reality-show. Sans imaginer un instant qu'elles sont la cible d'une personne gravement déséquilibrée dont le but est de les éliminer une par une. L'inimitable trio formé par le cynique inspecteur Carl Mørck et ses fidèles assistants Assad et Rose doit réagir vite s'il ne veut pas voir le Département V, accusé de ne pas être assez rentable, mettre la clé sous la porte. à condition que Rose, plus indispensable que jamais, ne se laisse pas assaillir par les fantômes de son propre passé... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La prunelle de ses yeux
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La prunelle de ses yeux Ingrid Desjours Robert Laffont 13 octobre 2016 320 pages Thriller Chronique 30 juin 2017 Premier livre de cette auteure pour moi, qui est psychocriminologue et scénariste. C'est évident en lisant attentivement ce thriller précis et essoufflant. Celui-ci est bâti sur trois éléments scientifiques, une pathologie et 2 expériences : 1/ La cécité hystérique ou cécité de conversion > être aveugle sans raisons physiologiques mais vraisemblablement psychologiques. " L'hystérie" étant réellement ne plus vouloir pouvoir, ne plus pouvoir vouloir " , bref on bloque soi-même sa vue. 2/ La soumission à l'autorité selon l'expérience de Stanley Milgram de 1963 : Comment peut on obéir à des ordres contraires à notre morale ? 3/ Enfin la théorie de la résignation acquise de 1967 prouvée par des expériences sur des chiens soumis à des chocs électriques. Passionnant et glaçant. J'ai beaucoup appris même si effectivement j'avais déjà lu des articles ou des manuels sur ces sujets. Donc Gabriel a tout perdu en une nuit : Son fils Victor âgé de 17 ans, et la vue, soudainement, sans raison physiologique mais sûrement suite à l'assassinat de son enfant. 13 ans plus tard, il veut toujours faire la lumière sur cette tragédie et retrouver la vue. Un nouvel élément le met sur la trace du tueur, il est à Cork en Irlande en mai 2016. Sa rencontre avec Maya le décide à reprendre la traque aidé par cette jeune femme. Ces chapitres actuels sont suivis de ceux où Victor, en 2003, raconte son histoire à partir du moment où il entre dans la très prestigieuse Ecole supérieure Mètis. Sont intercalés des passages sur les expériences de 1963 et 1967 pour donner un éclairage scientifique sur les événements insoutenables et incompréhensibles qui nous sont contés par Victor. C'est un thriller intelligent, parfaitement construit qui ne tombe jamais dans les facilités scéniques. Un sacré retournement de situation vous attend à 120 pages de la fin, j'avais peur ensuite de savoir par avance comment cela allait se terminer mais non, pas totalement heureusement. Quatrième de couverture Gabriel Abramovic a tout perdu en l'espace d'une nuit. La vie qu'il s'était construite à force de sacrifices. Victor, son fils de 17 ans, battu à mort par un inconnu. La vue. Dix ans plus tard, il a appris à tout surmonter. Sa cécité, qu'il n'a pas renoncé à combattre. Sa solitude, qu'il comble en cumulant les conquêtes. Tout. Sauf le deuil de son enfant. Germe alors une idée un peu folle dans sa tête : et si sa guérison passait par la résolution du meurtre de son fils, resté impuni ? Victor était un garçon brillant mais secret, torturé, excessif, curieux. Le genre qu'on peut vouloir réduire au silence de façon radicale. Gabriel décide de partir à la rencontre des dernières personnes qui l'ont côtoyé afin de faire la lumière sur les circonstances de sa mort. Pour le guider dans sa quête sous forme de road trip, il recrute Maya Torres, une jeune femme solitaire et mélancolique, sans lui avouer le véritable but de ce voyage. Facile et bien payé, ce travail tombe à point nommé pour la jeune femme aux fins de mois difficiles. Elle devra être son guide, son chauffeur. Ses yeux. Mais qui guide vraiment qui ? Gabriel éveille Maya à une sensualité à laquelle elle avait renoncé depuis longtemps, la fait rire, rougir, fait battre son cœur. Seulement, quand leurs escales la ramènent systématiquement à un secret qu'elle croyait à jamais enterré, Maya commence à douter : Gabriel est-il celui qu'il prétend ? Ne lui a-t-il pas tendu un piège pour l'entraîner vers ses propres ténèbres ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Quand les voyageuses découvraient l'esclavage
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Quand les voyageuses découvraient l'esclavage Françoise Lapeyre Payot 2009 257 pages Essai Chronique 25 juillet 2018 Je finis ce livre majeur, je souffre de ce que j'ai lu, âme sensible s'abstenir. Remarquable travail de recherche et de documentation pour cet essai historique : Je me demande si à l'époque j'aurais été abolitionniste ou esclavagiste, comme je me suis demandée si je serais devenue collabo ou résistante pendant la seconde guerre mondiale. On ne sait pas, on juge à l'aune de nos connaissances d'aujourd'hui, mais qu'aurais-je été en d'autres temps. Toujours est-il que la lecture de ce qu'ont enduré les esclaves dans le monde entier est à la limite du supportable tout autant que les propos de femmes racistes, stupides, inhumaines, sûres de leur supériorité de blanches et quelques fois, pourtant, en même temps engagées dans la lutte pour le vote des femmes et les réformes sociales. Comment ont-elles pu pour certaines être tellement dans le déni, cruelles, pratiquant un double langage schizophrénique ? Et je parle de femmes quelques fois non assujetties à un mari ou un homme, non des femmes indépendantes, c'est cela le pire ! Heureusement de merveilleux exemples de femmes fabuleuses, modernes, empathiques, intelligentes sont aussi donnés. Des femmes qui ont œuvré partout au succès des abolitionnistes. Le tableau final de la chronologie des lois abolissant l'esclavage dans le monde entier est édifiant tout autant que celui listant les voyages féminins, leurs dates et destinations. Envie de pleurer, hurler, crier sur certains de ces spécimens de femelles, ou de féliciter d'autres, rarement issues de l'aristocratie, qui ont fait avancer la cause, et donc toute la société, mais également ont œuvré à la libération de la Femme par la prise de parole ou le choix de métiers réservés jusque là aux hommes. Des pionnières donc à qui nous devons beaucoup. Une très belle écriture, une description détaillée de l'esclavage sur plusieurs siècles dans le monde, des portraits de femmes haïssables ou admirables, intrépides et infatigables voyageuses. Un éclairage différent essentiel sur les femmes sans concession ou non dit. À découvrir avec le cœur bien accroché.... Quatrième de couverture Aux XVIII et XIXe siècles, des voyageuses de diverses nationalités ont été confrontées aux réalités de l'esclavage en Orient, en Afrique, en Amérique et même en Russie. Leurs récits le nient ou s'en accommodent, l'approuvent ou le condamnent. Aux yeux d'aristocrates telles que lady Montagu, l'esclavage oriental des harems semble une condition naturelle pour une partie de l'humanité. Sur les plantations des Caraïbes et du sud des États-Unis, d'autres observatrices se partagent entre l'angoisse, la révolte et la découverte fascinée des Tropiques, où un tel asservissement peut être perçu comme un supplément d'exotisme. En Afrique, Maria Falconbridge est le témoin privilégié de la fondation dès 1790 d'une communauté d'esclaves libérés à Freetown. Sur ce même continent vers 1860, des épouses d'explorateurs assistent à la capture de Noirs et sont parfois impliquées dans des faits de guerre contre les négriers. S'ajoutent à cette fresque les voyageuses qui dans les Colonies et aux États-Unis vont commencer l'après-abolition dans toute son ambiguïté. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Cataractes
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Cataractes Sonja Delzongle Denoël 2019 394 pages Thriller Chronique 10 août 2019 " L'adaptation des contes est un facteur de lien entré les cultures et permet de prendre conscience que le soi n'est pas une île, mais un territoire relié aux autres. En nous reliant à une parole ancestrale, les contes nous aident à grandir et à penser." France Verrier J'ai été comme statufiée par la fin de ce roman, ce conte contemporain, en état de sidération, ne trouvant pas le biais par lequel commencer à rédiger cet avis. De plus, l'engagement très personnel de l'auteur avec ce sujet, le courage qu'il lui a fallu pour se plonger ainsi dans un passé aussi terrifiant que peut être une guerre civile entre frères de la même terre et ses conséquences et répliques depuis, ont fini de me tétaniser. La magla ou brume, encerclant pour protéger ou perdre les hommes dans la montagne, est ici partout présente au propre comme au figuré, dans l'esprit de celui qui revient sur les lieux de sa prime enfance. La vase et le brouillard le retiennent toujours après quarante ans, pendant lesquels, il a tout fait pour construire une vie normale, loin des Balkans, loin de son ancien village. Le prologue se lit en apnée tant l'émotion nous submerge et les battements du coeur s'accélèrent. Le village de Zavoï est englouti alors que Jan a trois ans. Son chien le sauve, deux hommes lui portent secours, enfin un montagnard l'abrite dans sa cabane le temps de retrouver des membres de sa famille. Ses grands parents le récupèrent mais les quinze jours passés avec Djol vont tout changer pour Jan Kosta. Quarante ans plus tard le voici à Dubaï, marié, père d'un petite fille, il est devenu hydrogéologue, comme par évidence. Une tempête de sable s'abat sur la cité à l'instar de l'ouragan que va déchaîner l'arrivée de Vladimir, un ami de fac ingénieur, venu de la région de Zavoï pour demander à Kosta un immense service. Il n'a confiance qu'en lui pour expertiser le barrage et la centrale qui ont été construits à la va vite sur ce site. Des fissures, des incidents se multiplient. De plus, certains employés présentent des troubles, ont des hallucinations, des sautes d'humeur, des comportements irrationnels. Les mêmes phénomènes ont été constatés dans le monastère voisin. L'origine serait-elle à chercher dans l'eau, celle qui alimente la centrale et la demeure des moines ? Tiraillé entre son envie de rester auprès de sa fille et l'appel de sa terre natale, Kosta accepte finalement la mission : celle de remonter à l'endroit où jaillit la source d'eau pure, d'y faire des prélèvements. Plus il grimpera sur la montagne, Babin Zub ou Dent de la Vieille, plus les années s'effaceront, pour le mettre face à son passé endormi qui ne demande qu'à renaître. Il doit être accompagné par une journaliste amie de Vladimir, Marija. Partis tous deux, des évènements de plus en plus dramatiques se succèdent à la centrale, des meurtres, des disparitions. Des fantômes, des âmes errantes, le village englouti rejaillissant des eaux, des cris terribles finissent de terroriser les employés et les habitants. Un monde parallèle, maléfique semble s'ouvrir depuis le retour de Jan, le seul rescapé de la catastrophe de Zavoï. La milice tourne en rond, ne trouve pas la piste du tueur, certains disent avoir vu un être mi homme - mi animal.... Des traces de pas gigantesques semblent avérer cette interprétation des faits. Cette terre qui fut martyre, engloutie, bafouée se venge-t-elle ? Il y a t-il une rédemption possible pour les guerriers d'hier, pour les blasphémateurs de la nature ? Des Ombres noires fomentent des complots dans l'obscurité contre cette centrale dont la construction n'a jamais été acceptée pour des raisons écologiques. Le monde est en profonde mutation, la nature se venge. Et Kosta perdu dans la magla affronte ses démons intimes et découvre des vérités indicibles jusque là. Peut-il en réchapper ? « Sonja Delzongle pousse là où on ne s'y attend pas les curseurs de la noirceur humaine. » Un thriller qui affirme encore plus, si cela était possible, le talent incontournable et exceptionnel de cette auteure. Une des plus belles plumes et personnalités du monde de la littérature noire française contemporaine, un récit à part avec ce supplément d'âme indispensable à l'élaboration d'une oeuvre, patiemment, artisanalement, artistiquement. Un roman qui m'accompagne dorénavant ainsi que les voix de toutes les victimes de la barbarie.... Bouleversant ! Quatrième de couverture « C'est une folie de vouloir triompher de la nature. » Il y a quarante ans, le petit Jan Kosta, trois ans, a été l'un des rares survivants de la terrible catastrophe de Zavoï. Lors d'un gigantesque glissement de terrain, ce village des Balkans a été littéralement englouti sous des torrents de boue. Sauvé par son chien qui l'a traîné, inconscient, hors de l'eau fangeuse, Jan a perdu toute sa famille. Devenu hydrogéologue, Jan reçoit un coup de fil alarmé d'un ami ingénieur. Il se passe des choses étranges dans et autour de la centrale construite sur les flancs de la montagne de son enfance. Les gens ont des comportements imprévisibles, parfois violents. Les moines du monastère voisin ont tous disparu, et les bâtiments délaissés accueillent désormais un institut psychiatrique. Vladimir demande à Jan de venir étudier les faits. Que le mal vienne de la centrale, de la montagne ou des hommes, si un nouveau drame est sur le point de se produire, seul un survivant de Zavoï aura une chance de pouvoir tout arrêter." Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Transcription
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Transcription Kate Atkinson JC.Lattès 2019 393 pages traduites par Sophie Aslanides Historique Chronique 19 mai 2019 De Winston Churchill : « En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu'elle devrait toujours être protégée par un rempart de mensonges. » 1981, 1940, 1950... Trois époques d'une vie de femme très particulière puisque recrutée dès ses 19 ans par le MI5 au tout début du conflit mondial, profil parfait puisque orpheline, une bonne éducation de base et de l'à propos. Puis nous la retrouvons dix ans plus tard à la BBC productrice des émissions de Schools pour les enfants. J'ai adoré cette partie me replongeant dans l'ambiance de la série anglaise The Hours, se situant plus tard, mais avec ce même malaise dû à la guerre froide, des séances d'enregistrement rocambolesques faites avec les moyens du bord, cette bonne éducation étriquée si british, l'humour pince sans rire et le thé en solution de tout... Mais au tout début de ce roman nous sommes en 1981, Juliette Armstrong a la soixantaine, cela fait trente ans qu'elle a quitté l'Angleterre pour s'établir sous un faux nom à l'étranger. Elle a pu vivre une existence normale avec la peur au ventre que deux hommes un jour ne viennent la chercher... Car Juliette a beaucoup de secrets, elle a dû s'adapter à une situation qui la dépassait, accepter d'entrer dans un monde dangereux où tout se décline en nuances infinies de gris, où chacun porte un masque, où faire confiance est impossible.... L'auteure nous fait donc remonter le cours des ans pour nous faire traverser la frontière vers le monde dangereux des espions et du double jeu... Mais Juliette est-elle si innocente ? Pourquoi est-elle menacée par de mystérieux messages laissés à l'accueil de la BBC ? Et pourquoi un de ses anciens collègues du MI5 fait-il semblant de ne pas la reconnaître ? La peur s'insinue peu à peu, la paranoïa la gagne, fuir, fuir.... Un personnage toute en finesse, en ombre et lumière, plus énigmatique que ce que nous pourrions imaginer, des ambiances parfaitement recréer, de l'humour et de l'ironie toujours, car Kate Atkinson est sans concession même si elle a l'empathie nécessaire pour comprendre les contradictions ou malhonnêtetés de notre monde. En temps de guerre, tout est exacerbé, à fleur de peau, et ce n'est pas fini car l'armistice donne le coup d'envoi à un autre conflit plus insidieux et pervers entre l'Occident et l'URSS. Ceux qui sont entrés au service de sa majesté ne savent pas forcément qu'ils pactisent avec le diable, que ce contrat est sans fin, une damnation à vie. Dernier opus donc des trois livres consacrés par l'auteur avec beaucoup de maestria et de talent, à la seconde Guerre mondiale, toujours sous des angles de vue originaux. Et le flamand rose me direz-vous ? Méfiez-vous en, il est le détonateur ! Quatrième de couverture 1940. Juliette Armstrong, une très jeune femme est recrutée par un obscur département des services secrets anglais. Son rôle consiste à transcrire les conversations de sympathisants anglais au nazisme. Une tâche bien monotone mais qui deviendra terrifiante. À la fin de la guerre, devenue productrice à la BBC, elle est étrangement confrontée aux fantômes de son passé. Une autre guerre se joue là, et Juliette est à nouveau exposée. Elle comprendra que tout acte a ses conséquences. Un nouveau grand roman plein de force et d'empathie par l'un des plus grands écrivains anglais d'aujourd'hui ." Les deux derniers livres de Kate Atkinson, "Une vie après l'autre" et "L'homme est un dieu en ruine", (chroniqué sur cette page) ont aussi comme décor la seconde guerre mondiale. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Contes, légendes et autres dires d'Auvergne - Quand rôdaient les diables et les loups
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Contes, légendes et autres dires d'Auvergne - Quand rôdaient les diables et les loups Daniel Brugès De Borée Histoire & Documents 28 octobre 2021 296 pages Beau Livre Chronique 14 novembre 2021 « La sauvegarde des contes n'est pas une besogne puérile. Puissent-ils durer encore, ces contes, non comme pièces de musées, mais comme des sources vives. » Marie-Aimée Méraville, Contes d'Auvergne, 1956 « Le bon et le beau ne s'oublient pas, ils vivent dans les légendes et dans les chants. » Hans Christian Andersen, La vieille pierre tombale, 1852 Un moment hors de notre époque anxiogène vers un passé où les choses n'étaient pas faciles, où l'on affrontait le malheur en imaginant que c'était le diable ou des êtres maléfiques qui agissaient... Avait-on vraiment tort ? Où l'on travaillait dur pour nourrir les siens, où les rapports humains étaient certainement plus simples, plus authentiques, où l'on savait encore d'où l'on venait, où l'on parlait en patois, où l'on respectait les anciens, où la solidarité n'était pas un vain mot, où la foi en Dieu était une sauvegarde contre la douleur, le désespoir. Où l'on profitait de chaque moment de joie pour danser, partager, chanter à la veillée et raconter des histoires, légendes et contes, véritable richesse de notre culture commune, patrimoine transmis par oral et que bien heureusement des chasseurs de trésors ont lentement, avec beaucoup de respect et souci du détail, retranscrits pour les générations futures. Simples amoureux de la culture du terroir ou folkloristes avertis, nous leur devons de garder nos pieds bien plantés dans la Terre d'origine, de garder des racines nous stabilisant lorsque souffle la tempête des évènements. Uniquement en sachant d'où nous venons, en nous appuyant sur l'expérience de nos aînés pour prendre les bonnes décisions dans le présent, pouvons-nous raisonner avec bon sens, pragmatisme tout en nous disant que rien n'est impossible. Ce recueil de contes, légendes et autres dires, comme les devinettes ou les chansons traditionnelles, possède un charme fou, m'a enchantée par son authenticité, son humour, sa beauté et par dessus tout l'amour de l'auteur pour son sujet et la passion qu'il déploie en accomplissant cette mission. Une photographie prise par Daniel Brugès en couverture de ce format poche, de très jolies gravures et illustrations jalonnant ce récit, un livre réconfortant comme une grande embrassade. Parfait pour les veillées et Noël. Cet ouvrage est une réédition actualisée et remaniée d'une version de 1984. Quatrième de couverture L’Auvergne est terre de contes, de légendes et de bien d’autres dires... Lorsque la nuit déploie sa cape noire, il fait bon se souvenir les veillées d’antan. C’était au temps où l’on parlait du diable, du Drac, du Rapatou, de la Galipote mais aussi des fées, des loups et des croyances entourant certains lieux. C’était au temps où, pour endormir les petits, on fredonnait quelques comptines et, pour amuser les plus grands, on échangeait des devinettes. Glanés sur des chemins de traverse, ces « histoires » populaires d’hier racontent le pays d’ici. Partez à leur découverte, retrouvez l’âme secrète de l’Auvergne et de ses gens." Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- On the Brinks
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires On the Brinks Sam Millar Seuil 7 mars 2013 358 pages traduites par Patrick Raynal Thriller et Biographie Chronique 29 mai 2017 J’ai attendu patiemment d’avoir fini tous les livres de Sam Millar (deux romans et la série consacrée au détective Karl Kane dont j’attends la suite), avant de découvrir sa biographie. Je voulais me plonger dans ses thrillers sans aucune connaissance de la réalité, je ne voulais pas chercher dans ses fictions des traces d’événements ou faits réels, pour profiter de leur virtualité. Cependant aujourd’hui au lendemain de cette lecture, j’analyse et retrouve de mémoire des détails ou des décors des drames directement issus de cette autobiographie. L’enfance, le premier job, l’emprisonnement, les odeurs et sensations. Tout affleure dans une écriture et un style crus, organiques, orduriers parfois, ou tendre, profondément humanistes, avec toujours cet humour pour ne pas pleurer, ce sourire triste, et l’honneur de se tenir droit. La première partie relate les huit ans en section H à la prison de Long Kesh en Irlande du Nord de Samuel, très jeune homme, après une enfance loin d’être idyllique, engagé dans la lutte avec l’IRA, et arrêté pour une broutille. A son entrée il refuse de porter l’uniforme de la geôle, et se retrouve donc nu avec juste une couverture pour se protéger, un blanketman. Ils sont plusieurs à s’engager dans cette protestation, devant subir le froid, l’absence d’hygiène, les tortures, le tabassage en règle, l’avilissement, la déshumanisation. Mais ils tiennent, les belfastois sont têtus, tenaces, forts surtout quand ils se battent pour leur cause, et leur libération. D’autres dans des quartiers différents de la prison feront la grève de la faim. Comment survivre à cela, comment fait-on ensuite pour sortir de cet enfer et ne pas replonger dans la haine ? Un texte de Nelson Mandela ouvre un des chapitres, lui aussi considéré par le gouvernement d’Afrique du Sud comme un terroriste. Tous les pays colonialistes ont eu cette attitude, et les méthodes de répression ont toujours été tristement les mêmes. Des crimes contre l’humanité ni plus ni moins, perpétrés par des sadiques, mais aussi des gens normaux qui se cachent derrière l’obéissance aux ordres, comme les nazis, comme d’autres de tous temps. Comment ensuite accorder le pardon ? A mes yeux c’est impossible lorsque les bourreaux n’ont pas fait œuvre d’expiation. Et même pouvons-nous vraiment pardonner ? Une chose est sûre, de mon point de vue, on peut en tout cas chasser la haine de son cœur et de son esprit, on peut rendre moralement à ceux qui ont fait le mal leurs actes car ils leurs appartiennent, et construire sa vie ensuite sur la création, le beau, le bien, on peut sauver son âme et ne pas tomber dans l’obscurité. Ce n’est pas une vision catholique, « Dieu m’en garde », l’Eglise étant ici encore coupable de lâcheté et de participations aux crimes en Irlande du Nord, c’est une évidence vécue en ce qui me concerne ; c'est la seule issue pour continuer à vivre, avec les flashs et quelque fois la fureur qui remonte. Une rédemption pour soi, peut-être pour les coupables enfin conscients de leurs actes terribles. On n’en sort pas indemne de cette première partie, même si toujours l’humour et la camaraderie illuminent le texte. La deuxième partie se passe pour Samuel et sa famille (mention spéciale à sa femme Bernadette d’un courage et d’un contrôle incroyables) à New York dans le Queens. Avec ce passé politique, la seule solution est d’utiliser une fausse identité et de travailler dans l’illégalité. Dans les casinos clandestins, puis comme pour tenter encore le diable après être réchappé de l’enfer, on organise le casse improbable d’un dépôt de la Brinks, on vole plus de 7 millions de dollars à l’état, à deux braqueurs et comme dans un jeu d’indiens et de cowboys avec des armes factices. Grotesque, ubuesque, mais ça marche ! Totalement incroyable, cet opéra bouffe où chacun, FBI sur les dents, procureur, presse, avocats et même Sam faussement naïf et ses partenaires, jouent leurs rôles dans cette pièce tragi-comique jusqu’à la caricature quelque fois et au ridicule. L’argent n’est toujours pas retrouvé à ce jour. On dirait un film avec Steeve McQueen ou Pierce Brosnan. Drôle, caustique, irrévérencieux, on souhaite vraiment que la période américaine a apporté la paix à Sam Millar et les siens. Nous, en avons-nous le meilleur grâce aux thrillers. Evidemment je vous conseille ce livre, s’y plonger sans sens moral strict, SVP, faire la part des choses entre les vrais crimes des forces de l’ordre en Irlande et les délits d’un homme encore à la limite, déboussolé à son arrivée aux USA. D’ailleurs le titre On the Brinks fait évidemment référence à la société Brinks, mais traduit cela signifie aussi : à la limite, au bord de. Samuel jeune homme et adulte a testé les limites, maintenant sa vie a pris un autre tournant. Incroyable que ce livre vérité ait pu être imprimé ! Sacré courage des éditeurs ! Quatrième de couverture De fait, le spectaculaire récit autobiographique de Sam Millar a tout d'un thriller. À ceci près que si on lisait pareilles choses dans un roman, on les trouverait bien peu crédibles. Catholique, Millar combat avec l'IRA et se retrouve à Long Kesh, la prison d'Irlande du Nord où les Anglais brutalisent leurs prisonniers. Indomptable, il survit sans trahir les siens: voilà pour la partie la plus noire, écrite avec fureur et un humour constant. Réfugié aux États-Unis après sa libération, il conçoit ce qui deviendra le 5e casse le plus important de l'histoire américaine. La manière dont il dévalise le dépôt de la Brinks à Rochester, avec un copain irlandais, des flingues en plastique et une fourgonnette pourrie, est à ne pas croire. Même Dortmunder, dans un roman de Westlake, s'y prendrait mieux. Il n'empêche, le butin dépasse les 7 millions de dollars ! Un procès et une condamnation plus tard, il retrouve la liberté, mais entretemps, la plus grande partie de l'argent a disparu. Millar semble avoir été roulé par ses complices... Saura-t-on jamais la vérité ? En tout cas, le FBI cherche toujours ! Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- L'Éclair d'argent
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires L'Éclair d'argent Véronique Chauvy De Borée 11 mars 2021 351 pages Historique Chronique 25 mars 2021 En cette période troublée, depuis plus de deux ans, et de 150 ème anniversaire de la Commune de Paris, ce roman historique entre peinture sociale édifiante et thriller "Polar" sur fonds de vengeance et de quête de vérité, tombe à point et éclaire notre présent à la lumière du passé. Pouvons-nous tirer de l'expérience de nos aïeux l'enseignement nécessaire à la construction d'une société égalitaire et juste ? Amoureuse de sa région, l'Auvergne majestueuse et laborieuse, Véronique Chauvy nous colorise et nous restitue les sons et les voix de nos ancêtres, avec énormément de soin et de talent : ainsi le film de ces années 1871-1880 et plus, nous rend palpable et proche, dès l'ouverture de ce roman digne d'un opéra vériste, ce Paris à feu et à sang de la Commune puis, huit ans après, ce microcosme très particulier créé autour des mines argentifères de Pontgibaud. On découvre le lien existant entre cette région et l'Angleterre, les collaborations entre ingénieurs et financiers des deux côtés de la Manche, autour de l'exploitation de mines d'une importance capitale pour la survie et l'essor de ce bout de France. Également, en suivant les personnages principaux, en particulier la franco-anglaise, Anabella Wright, cherchant à connaître les circonstances exactes de la mort de son père ingénieur dans un des couloirs souterrains alors qu'elle était enfant, nous découvrons et apprenons quelles étaient les conditions de travail et de vie des mineurs, des familles françaises et anglaises. Nous assistons aux différentes étapes du labeur menant au fameux "Éclair d'argent" où enfin celui-ci se révèle, qui peut également figurer les éclairs de vérité absolue qui ponctuent nos vies et qui ne manqueront pas d'illuminer non seulement la jeune femme sur les pas de son père, mais aussi Julien, venu assouvir une vengeance. Certains réussissent à percevoir ce déclic qui peut changer toute leur vie, d'autres en sont incapables. Dans une société en mutation, où des premières interrogations écologiques se font jour, où les femmes sont encore sacrifiées sur l'autel du patriarcat, et ne sont encore que des êtres inférieurs sans droit de vote, assujetties aux hommes de leur famille, où les ouvriers, les artisans et les employés les plus modestes se soulèvent enfin contre l'injustice et prennent conscience de leurs droits, les destins qui nous sont contés avec tant de passion et d'humanité, sont des illustrations parfaites de ce tournant de cette fin du XIX ème siècle. Une grande réussite pour l'auteure qui, roman après roman, ressuscite le passé avec un soin particulier tout en nous faisant frissoner, victimes consentantes d'un suspense haletant. Quatrième de couverture Mai 1871, en pleine Commune de Paris, Julien, quatorze ans, assiste impuissant à la mort de son frère, tué par un soldat de l'armée versaillaise. Injustement condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie, il jure de se venger. De retour du bagne après l'amnistie générale votée en 1879, Julien part sur la trace du meurtrier de son frère, à Pontgibaud en Auvergne, où il se fait embaucher à la Compagnie qui exploite les mines de plomb argentifère. Dans le même temps, échappant à un mystérieux passé douloureux, arrive dans la cité auvergnate une Anglaise, Annabella Wright. Venue se recueillir sur la tombe de son père, un ingénieur tragiquement décédé alors qu'elle était enfant, elle est accueillie par ses compatriotes travaillant pour le compte de la société minière. Alors que des doutes l'assaillent sur les circonstances qui ont coûté la vie à son père, elle croise le chemin de Julien. Leur quête respective de la vérité les rapprochera-t-elle ? Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Toyer
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Toyer Gardner McKay Pocket 2013 768 pages traduites par Fabrice Pointeau Thriller Chronique 7 avril 2020 Thriller psychologique et analytique par excellence tournant autour de la personnalité psychotique d'un criminel qui ne tue ni ne viole ses victimes, « ses femmes », qui leur vole leur vie en les lobotomisant après avoir joué avec elles au propre comme au figuré. Mais tout est un jeu dans ce roman situé évidemment dans la cité des anges déchus, L.A., où les apparences sont reines, où chacun joue sa partition parfaitement selon les codes de cette société de l'image et de la désinformation. Et cela se traduit dans la mise en page par des chapitres en italique où la pensée réelle des intervenants nous est livrée, et ce n'est pas toujours joli joli, ni raccord avec la situation. Tout le monde porte des masque par convention, par peur, par stratégie, par obligation. Et Toyer n'est pas le seul à savoir travestir sa nature réelle, tous ont des lignes de fracture qui peuvent se colmater ou au contraire s'approfondir. C'est un livre scénario, télégraphique et factuel avec quelques entorses parfois ; nous y sommes spectateurs, nous n'intervenons pas, nous sommes comme les victimes, sans possibilité d'influer sur le cours de l'histoire, piégés dans ces lignes droites, dans un décor aux angles aigus. Également les frontières entre chaque classe sociale sont très nettes, et curieusement les couples se forment par catégorie professionnelle : acteurs, journalistes, médecins. Les femmes, quand elles ne sont pas abaissées à un rôle de poupée, ont des métiers créatifs, de pouvoir, d'influence. Cependant, ce qui m'a paru très curieux et en même temps très juste, c'est que malgré cela, nous naviguons dans un monde totalement patriarcal et paternaliste où les hommes toujours dominent, jusque dans les scènes intimes, plus proches de la baise pure et dure que du partage. L'espèce de pic à glace utilisé par Toyer, le trocart, s'apparente au pénis violeur. Symboliquement c'est évident, pas original mais très efficace, comme tout ce récit vif, précis, saccadé, brillant. Un bémol, certains dialogues que j'ai trouvés très datés, verbeux comme dans les films en noir et blanc des années 1950. L'auteur décrit aussi le petit monde de la presse écrite, de l'édition, des acteurs de Los Angeles avec dureté, sévérité, amusement ou ironie teintée de dégoût. Vitriol pur pour dégommer tout ce qui pervertit notre société ou les rapports humains. Toyer va être seulement le révélateur des dysfonctionnements de notre univers moderne en devenir, étant donné que cela se passe à un moment où le téléphone mobile n'est pas encore dans chaque main ni les réseaux sociaux démocratisés. Gardner McKay est malheureusement décédé en 2001 après un parcours très atypique lui donnant toute légitimité quant à ses avis tranchés sur les microcosmes du cinéma, de la presse, de l'édition. Adapté par Philippe Djian pour le théâtre et par Brian de Palma pour le grand écran, ce livre est un des chef-d 'œuvres oubliés du thriller, paru aux États-Unis en 1999, publié en France en 2011. Quatrième de couverture Los Angeles est la proie d'un monstre très particulier. Un homme qui ne viole ni ne tue les femmes mais leur réserve un sort peut-être pire encore : il les séduit, les kidnappe, joue avec elles, puis les abandonne à l'état de mort cérébrale. Neurologue, Maude Garance est en charge des neuf victimes de celui que la presse a surnommé Toyer. Bouleversée par le sort de ces femmes, elle accepte la proposition que lui fait Sara Smith, une jeune journaliste ambitieuse : s'adresser directement au coupable par voie de presse. C'est le début d'une relation très particulière, par médias interposés, entre Maude et Toyer, qui bien vite passionne un lectorat avide de sensations. Grisé par une célébrité grandissante, Toyer commettra-t-il le faux pas qui permettra de l'identifier ? Alors que dans l'ombre Maude et Sarah continuent d'enquêter, elles ne tardent pas à réaliser que leur mystérieux interlocuteur est beaucoup plus proche d'elles qu'elles ne le croyaient. Avec ce thriller très stylisé, qui ne laisse pas une minute de répit au lecteur, Gardner McKay nous offre avec un art magistral de l'intrigue et du suspense une réflexion passionnante sur les relations entre le mal, la société et les médias. Sujet en or pour Brian de Palma qui a adapté Toyer au cinéma. « Los Angeles, la ville des masques, est le cadre idéal pour cette danse macabre et ambiguë entre un tueur et une neurologue. C'est une véritable descente effrayante dans les catacombes de l'esprit que nous offre ici Gardner McKay. » James Cameron Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- La race des orphelins
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires La race des orphelins Oscar Lalo Belfond Août 2020 288 pages Historique Chronique 23 mars 2021 Prix d'honneur de filigranes 2020 La forme en premier lieu, illustration du fond, d'où une mise en page particulière : « Peu de lignes par page. Déjà un miracle qu'il y ait ces mots sur ces pages que vous tenez entre vos mains. Vous auriez pu tenir du vide. Mon histoire n'a pas de début. Pas de chapitres non plus. J'ai perdu mon enfance. Ma vie, ce vide. » L'ouverture : « Je m'appelle Hildegard Müller. Ceci est mon journal. Je m'appelle Hildegard Müller. En fait, je crois que je ne m'appelle pas. J'ai soixante-seize ans. Je sais à peine lire et écrire. Je devais être là gloire de l'humanité. J'en suis la lie. » Parce qu'elle ne peut écrire elle-même son histoire ou plutôt sa non-histoire, une femme âgée souhaitant transmettre à ses enfants une vérité même parcellaire quant à leurs origines, autant de son côté que de celui de son mari Olaf, fait appel à un scribe. Le mot n'est pas anodin car littéralement il va graver pour l'éternité ce qui ne fut jusque là que du vent, de l'invérifiable. L'auteur dit avoir accouché de ce roman comme son personnage principal accouche d'elle-même. Je pourrais reprendre cette image concernant la rédaction de cette chronique. Mais ce serait tout de même fort peu modeste, même si effectivement, il y a une réelle douleur à écrire ce texte ; je sais que je ne serai de toute façon pas à la hauteur de la bravoure de l'auteur, remplissant sa part du travail de mémoire, et de celle de TOUS LES ENFANTS victimes du Reich, du Führer, de Heinrich Himmler. Je suis en deuil en fin de lecture, en deuil de ces enfances volées, sacrifiées sur l'autel des croyances nazies quant à une supposée race supérieure nordique. Pour remplacer tous les garçons et filles nés de parents inférieurs selon Hitler et son sbire, il faut créer une génération d'êtres parfaits. C'est le Programme Lebensborn, mot qui traduit signifie "source de vie". Vie - mort, mort - vie... Tout se mélange. Des milliers et des milliers d'enfants vont naître de géniteurs réputés bons aryens puis abandonnés dans des espèces de fermes ou règne "la rationalisation de cette industrie du bébé parfait". Une infirmière en remplacement d'une vraie maman, des repas protéinés, une éducation sans amour, tout n'étant que réduit à du "mesurable, quantifiable, identifiable." De "l'amour théorique. Un oxymore." Des innocents qui porteront dès leur conception la marque SS de leur père et le sceau de la collaboration supposée de leur mère. Les nazis détruiront toutes archives sur ce Secret monstrueux. D'où le vertige du vide ensuite pour les orphelins. L'enfer ne s'arrêtera pas pour autant avec la victoire des alliés. Tous ces enfants retrouvés dans les différents centres Lebensborn européens vont devoir expier la faute du père inconnu, et ils vont effectivement payer durement, injustement. Gamins torturés, maltraités, laissés à l'abandon, non éduqués ni alphabétisés, leur faiblesse les désigne comme cibles faciles, évidentes... Ce roman, sous la forme de ce journal ténébreux, terrifiant, nous raconte donc le calvaire intime dès la conception et toutes leurs vies, des enfants Lebensborn, tout en nous donnant les informations historiques sur ce programme infâme. De plus, l'auteur redonne ainsi à ces personnes leur place de victimes du nazisme auprès de tous les êtres torturés, assassinés, dans les camps ou ailleurs. Le parallèle avec Anne Frank est évident pour Hildegard Müller... elle pleure sur elle-même, sur les victimes, sans haine. Nous sommes alors, impuissants et sidérés, en mesure d'imaginer une infime partie des conséquences psychologiques dévastatrices sur ces orphelins de parents, de leurs origines, d'eux-mêmes. Un roman à la poésie crépusculaire qui pourtant débouche sur la lumière de la vérité. Quatrième de couverture « J'ai longtemps rêvé que l'histoire de ma naissance exhibe ses entrailles. Quelle que soit l'odeur qui en surgisse. La pire des puanteurs, c'est le silence. » Je m'appelle Hildegard Müller. Ceci est mon journal. Je m'appelle Hildegard Müller. En fait, je crois que je ne m'appelle pas. J'ai soixante-seize ans. Je sais à peine lire et écrire. Je devais être la gloire de l'humanité. J'en suis la lie. Qui est Hildegard Müller ? Le jour où il la rencontre, l'homme engagé pour écrire son journal comprend que sa vie est irracontable, mais vraie. J'ai besoin, avant de mourir, de dire à mes enfants d'où ils viennent, même s'ils viennent de nulle part. Oscar Lalo poursuit son hommage à la mémoire gênante, ignorée, insultée parfois, toujours inaccessible. Il nous plonge ici dans la solitude et la clandestinité d'un des secrets les mieux gardés de la Seconde Guerre mondiale. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Le syndrome Copernic
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Le syndrome Copernic Henri Loevenbruck Flammarion Thriller 2007 448 pages Divers Chronique 27 décembre 2017 Après un prologue qui vous happe immédiatement comme pris dans la déflagration d'une bombe, la première partie s'intitule: Le murmures des ombres « Toi, tu rêves ; souvent du fond des geôles sombres, sort, comme d'un enfer, le murmure des ombres. » Victor Hugo, les Châtiments, livre 7 Thriller scientifique et d'action avec des parfums de SF ; on le voudrait bien, mais non, c'est réel. Depuis la sortie du livre, les évènements à Paris, Nice, et ailleurs, nous ont rappelé que l'indicible était possible. Nous n'en sommes pas encore à l' Etat Islamique en 2006 lorsque la rédaction du livre fut terminée, mais tout se met en place depuis déjà des années pour son émergence. Ce roman n'est donc pas une fiction complète et s'appuie, comme toujours avec cet auteur, sur une érudition formidable résultante d'une immense curiosité pour les sciences, l'histoire mondiale, les figures célèbres à travers les siècles. Et en particulier un homme à part Copernic, génial révélateur de l'héliocentrisme. Pendant des années, il criera la vérité, mais comme Cassandre, il ne sera pas cru. Évidemment, les autorités voudront classifier cette obsession et la nommer : Syndrome de Copernic ; "trouble qui fait que vous vous mettez au centre d'un événement exceptionnel, comme acteur principal. Vous vous placez au cœur de l'attention du monde entier. Et quand ce trouble se double du sentiment que personne ne veut vous croire, on parle alors de ce syndrome Copernic" ( résumé de quelques lignes pages 98) . Notre héros est Vigo Ravel, il est schizophrène, a un travail de saisie de données des plus faciles dans une entreprise parisienne, et tous les lundis, il se rend au quarante quatrième étage de la Tour SEAM, à la Défense, pour son rdv avec son psychiatre le Dr Guillaume qui lui fait sa piqûre habituelle. Nous sommes donc le lundi 8 août, un peu après huit heures du matin, il fait une chaleur torride. Soudain, Vigo entend un message dans sa tête, et inexplicablement se rue vers la sortie, quand à trente mètres de la tour..... À vous de lire la suite.... Ce qui est confondant avec Henri Loevenbruck c'est sa capacité à nous mettre en empathie avec son héros, qui de prime abord n'en a pas les caractéristiques loin s'en faut, ( malade, amnésique, cassé, sous médication, avec la larme facile et une attitude infantile). Dés les premiers mots, on est pris dans son histoire sans fond. Et même si les thèmes évoqués l'ont été par d'autres, il réinvente le style, nous plaçant au plus près de Vigo, presqu'à le toucher. C'est imparable ! De plus de péripéties en rebondissements avec quelques digressions scientifiques ou historiques pour le plaisir, le sien et le nôtre, plus qu'utiles, on découvre peu à peu un nouvel homme, un vrai premier rôle. Intéressant aussi est le stratagème de passer le témoin entre plusieurs personnages secondaires pour que Vigo soit toujours aidé dans sa quête de lui-même et de vérités. L'une d'entre elles est qu'il sait très vite que les voix qu'il entend ne sont pas des hallucinations, mais bien les pensées intimes des personnes qui l'entourent.... Un très bon thriller d'action, scientifique en premier lieu, touchant également à notre histoire et notre destin commun, à certaines questions philosophiques et déontologiques et évidemment, à la géopolitique. Complet donc, avec un héros troublant dans ses interrogations et ses imperfections. J'ai également énormément aimé tous les passages écrits dans ses carnets de moleskine noir où il note tout, et particulièrement ceux où il pense perdre la tête, la conscience de la réalité. Là stylistiquement je dis chapeau maestro ! Les jeux de mots répétés, transformés, détournés, génial ! Grand plaisir donc de lectrice fan mais aussi critique, à la recherche d'un beau moment de littérature pure. Mission totalement remplie. Quatrième de couverture Ils lui avaient dit qu'il souffrait d'une schizophrénie paranoïde aiguë. Mais Vigo Ravel le sait : les voix qu'il entend dans sa tête ne sont pas des hallucinations. Ce sont les pensées des gens. Les vôtres. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Femmes sans merci
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Femmes sans merci Camilla Läckberg Actes Sud Actes Noirs 2020 143 pages traduites par Rémi Cassaigne Thriller Chronique 30 septembre 2020 Toujours pour illustrer le phénomène #MeToo l'auteure a décidé de revenir sur un passage de son précédent roman « La cage dorée » : des femmes témoignaient sur un numéro d'appel des maltraitances, violences, crimes et délits dont elles étaient victimes au quotidien. Dans ce nouvel opus plus proche du format « nouvelle » , Camilla Läckberg pousse le curseur plus loin en détaillant en trois parties la vie, la prise de conscience et le passage à l'acte de trois femmes. Tout est parfaitement détaillé dans la quatrième de couverture ci-dessous. Le postulat est la vengeance ici jusqu'à la mort des maris. Bon ! C'est bien mené, on le lit vite... Je suis mitigée. J'avoue que je ne vois pas très bien l'utilité de ce roman surtout aussi court. Il n'ajoute rien à ce qui a déjà été évoqué dans le dernier opus. J'aurais préféré un vrai scénario long, bien tordu, qui soit plus axé sur la justice et non la vengeance. Un peu léger à mon goût. À vous de voir. Quatrième de couverture Prisonnières de leur mariage, trois femmes qui ne se connaissent pas échangent des confidences sur un forum internet. Ingrid, qui a sacrifié sa carrière de journaliste au profit de celle de son mari, découvre que ce dernier la trompe sans scrupules. Et n'aspire qu'à se venger. Birgitta se sait malade depuis plusieurs mois mais n'a cessé de repousser le moment de consulter un médecin. Les ecchymoses qui couvrent son corps pourraient trahir les violences qu'elle subit dans l'intimité ; or Birgitta a jusqu'ici préservé l'unité de son foyer. Victoria a quitté sa Russie natale pour venir s'installer en Suède avec un homme dont elle a fait la connaissance sur un site de rencontres. Mais il n'est en rien le mari qu'elle imaginait. Sa nouvelle vie a tourné au cauchemar. Humiliées, battues, blessées, elles échafaudent ensemble un plan. Et le mettent en œuvre. Un procédé imparable, sans mobiles apparents. Pour libérer chaque femme, il faut supprimer son bourreau. En réussissant des meurtres parfaits... Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Roues libres
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Roues libres Jean Bertolino De Borée 4 novembre 2021 320 pages Biographie Chronique 18 novembre 2021 « Toute ma vie, l'un de mes désirs les plus ardents a toujours été celui de voyager, de nager dans des mers inconnues, parcourir le monde, voir chaque chose pour la première et dernière fois. » Nikos Kazantzakis Le voyage, partir, s'oublier ailleurs, ouvrir les yeux, contempler, comprendre, échanger avec le reste de l'humanité.... Ô combien je fais mienne cette déclaration ! Avec originalité et drôlerie, en attachant nos pas ou plutôt nos roues à celles des vélos et d'une 2 CV, destriers des plus cocasses que le reporter choisit pour affronter les routes du monde pendant des mois, Jean Bertolino nous fait découvrir les coulisses, les chemins de traverse du Vietnam, du Cambodge, du Liban, de la Syrie, du Kurdistan, les ruelles de Jérusalem, de Ninive, Bagdad, Damas, les jardins de Babylone, l'intimité des habitants touchants, bouleversants, courageux, évanouis aujourd'hui dans les fumées des guerres, des attentats, tués, détruits, transformés pour certains en victimes pour d'autres en guerriers sans pitié, tous sacrifiés sur l'autel du profit, du pouvoir, de l'ambition démesurée et criminelle de dictateurs et grands chefs d'entreprise. C'est un monde disparu que l'auteur nous offre, c'est le cadeau de la mémoire afin que nul ne soit oublié, que les clichés, les textes restent comme gravés pour l'éternité. En ces temps de désinformation, de contrôle de l'opinion publique, il est bon de rappeler ce que représente le métier nécessaire et périlleux de grand reporter et de photographe de terrain. Certains indépendants continuent à rapporter les faits, à nous communiquer la vérité semaine après semaine, ils sont les dignes héritiers de l'auteur. Jeune homme tenace, d'un milieu très modeste, avec ses amis ils se débrouillent pour avoir des bécanes, pour sillonner les routes, pour admirer les paysages. Son premier souvenir date de 1943 alors même que la France est sous occupation allemande.... Petit garçon dans la tourmente déjà.... " Toute mon existence, je l'ai vécue en roue libre." Quelle magnifique première ligne ! Et sa vie entière, accompagné de Constance l'infatigable, l'entêtée, au regard tendre, acéré, ironique et toujours bienveillant et émerveillé, puis par leurs trois enfants, il sera fidèle à cette indépendance, à cette liberté de penser, à cette envie irrésistible de présenter les faits dans leur vérité absolue, sans concession, impartial... Un témoignage précieux qui nous rend nostalgique d'un passé, d'un monde disparu à l'instar des chefs-d'œuvre et monuments détruits ou volés par les extrémistes, par les forces armées américaines également. On pleure tout en remerciant tous ceux qui ont capturé les images de tous ces lieux sublimes violés, anéantis... Jean Bertolino a été un témoin de l'Histoire, il en a aussi été un des acteurs par certains de ses reportages marquant ou réveillant les consciences, ayant une influence indéniable sur cette fameuse opinion publique. À la lecture de sa biographie officielle exhaustive, on est très impressionné, et lorsqu'on lit ce livre, notre admiration s'accroît devant tant de simplicité, d'amour des autres, d'intelligence du cœur. Un très beau recueil de souvenirs, un témoignage précieux et essentiel en ces jours d'obscurité. Quatrième de couverture Gamin d'origine modeste, initié très tôt au goût de l'effort par sa passion de la bicyclette, Jean Bertolino réalise son rêve sous nos yeux de lecteurs : devenir grand reporter. Car les roues auront porté Jean Bertolino très loin, à vélo, en auto-stop ou au volant d'une increvable 2 CV. Ainsi a-t-il parcouru dans les années 60 des milliers de kilomètres à travers les pays de l'Extrême et du Moyen-Orient et rencontré des personnages fabuleux. Plus tard, en France, mais à vélo encore, l'auteur explore quelques-unes de nos plus belles régions. La fin du parcours nous mène à Antibes, où rêveries se confondent avec souvenirs de baroudeur, à l'ombre d'un micocoulier. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs
- Un crime sans importance
Éva a lu pour vous .. Chroniques littéraires Un crime sans importance Irène Frain Seuil Août 2020 256 pages Biographie Roman Chronique 20 janvier 2021 Un crime sans importance est lauréat du prix Interallié 2020. Quel courage a-t-il fallu à Irène Frain pour rédiger ce texte si délicat, si difficile, si intime au cœur même de la douleur et de la tourmente puisque rien n'est fini ? Je suis profondément admirative de la force couplée au talent de l'auteure dans la nécessité incontournable, inévitable de dire, de raconter, de dénoncer aussi .... Un fait divers pour certains, un drame inacceptable toujours. Un texte qui reste volontairement indéfini, distancié au départ. Les faits, rien que les faits... Et puis le réveil, la souffrance de la perte mais aussi causée par l'absence de réponse des forces de l'ordre, des enquêteurs, par le parcours du combattant imposé aux proches de la victime de ce crime barbare, brutal .... l'incompréhension n'est pas supportable, il faut savoir... Il faut analyser la scène de crime, la ville, la société, dresser le portrait de la disparue... Le tout avec pudeur, respect, par touche.... Mais surtout rompre ce silence meurtrier pour la seconde fois, assourdissant, anxiogène pour les proches mais aussi pour toute la cité. La disparition brutale, l'assassinat d'une personne concerne sa famille mais aussi toute la collectivité. À lire absolument et à suivre dans les mois qui viennent. Quatrième de couverture Les faits. Le peu qu'on en a su pendant des mois. Ce qu'on a cru savoir. Les rumeurs, les récits. Sur ce meurtre, longtemps, l'unique certitude fut la météo. Ce samedi-là, il a fait beau. Dans les commerces et sur les parkings des hypermarchés, on pointait le ciel, on parlait d'été indien. Certains avaient ressorti leur bermuda et leurs tongs. Ils projetaient d'organiser des barbecues dans leur jardin. L'agresseur, a-t-on assuré, s'est introduit dans la maison de l'impasse en plein jour. On ignore à quelle heure. Pour trancher, il faudrait disposer du rapport du policier qui a dirigé les investigations. Malheureusement, quatorze mois après les faits, il ne l'a toujours pas rendu. " Face à l'opacité de ce fait divers qui l'a touchée de près – peut-être l'œuvre d'un serial killer –, Irène Frain a reconstitué l'envers d'une ville de la banlieue ordinaire. Pour conjurer le silence de sa famille, mais aussi réparer ce que la justice a ignoré. Un crime sans importance est un récit taillé comme du cristal, qui mêle l'intime et le social dans des pages tour à tour éblouissantes, drôles ou poignantes. Précédent Suivant < Retour < Vers les auteurs < Vers les éditeurs