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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Vivre avec sans - Adagio maladie

Anne Sultan

des femmes Antoinette Fouque

12 octobre 2023

58 pages

témoignage poétique

Chronique

30 juillet 2024

Adagio : 

Un adagio est une indication de mouvement comprise entre le lento (lent) et l'andante (en marchant).

Indication en début de la partition discordante sur laquelle Anne Sultan va devoir, pendant près de cinq ans, essayer de remettre sa tête, ses émotions, son corps en mouvement. 

Un ennemi s'est introduit dans sa vie, sous des dehors amicaux de fausse béquille, de remplaçant, de consolateur fourbe et destructeur : l'alcool. 


Comment vivre AVEC la pulsion de boire SANS alcool ?

Comment se tenir encore debout, ne serait-ce que debout, sans sa dose ? 

Comment émerger peu à peu du brouillard, du coton étouffant ?

Comment reformuler clairement sa pensée, ses envies, se repositionner face au monde, faire réentendre ses décisions et se réinscrire dans l'espace ? 

Oui, comment, lorsque l'on est recroquevillée à l'intérieur de soi, que tout nous parvient de très loin, que les phrases nous arrivent façon puzzle en désordre, que nous ne ressentons plus rien que le tangage interne de notre cœur passager d'un bateau ivre et lent ? Pas un brin de vent pour regonfler les voiles, pas une voix pour nous réveiller de ce cauchemar. 


C'est ce que l'on croit mais en réalité un entourage familial, médical, d'urgence est là, vigilant, prêt à intervenir sans juger, sans condamner. La mère est prête à tout pour relever sa fille à chaque rechute... Le chagrin est lourd encore, la petite fille pleure en l'adulte, ne lâchant pas prise. 

Mais peu à peu, elle sèche ses larmes, les phrases se restructurent, s'épanouissent. 

Le chemin s'ouvre à nouveau, les bras s'étirent, le sourire réapparaît, un pas de danse, puis un autre. 

Naissance à une autre vie enrichie d'une expérience du fond du gouffre puis de la remontée vers la lumière. 


Conséquence : ce texte singulier, incomparable, où Anne Sultan avec délicatesse, courage, sans aucune concession avec la vérité et elle-même, avec infiniment de pudeur, nous prend la main afin de nous faire toucher une certaine réalité, afin de nous aider à traverser le miroir des apparences. 

Nous sommes tous susceptibles de chuter soudain, de perdre l'équilibre, de danser à contretemps, décalés puis totalement arythmiques. Ce sont ces moments de suspension, de hors jeu, qui nous rendent plus humains, plus perméables aux autres, plus à même d'intervenir si quelqu'un chavire devant nous qui savons. 


Un récit poétique où les mots se bousculent, ou brillent par leur absence, hymne à l'empathie et l'acceptation de nos fragilités s'exprimant différemment d'un être à l'autre.

Danse, Anne, danse AVEC ton corps, ton âme SANS peur ni honte.






Quatrième de couverture

Une femme face à l’alcool jusqu’à la guérison.

Dans cette fiction poétique à la forme très originale, Anne Sultan, chorégraphe et danseuse, parle la maladie d’alcool jusqu’à sa rémission. Elle travaille la langue au plus près du corps et de la pensée. Langue du corps mais aussi corps de la langue, les mots se font chair pour saisir les moments de désespoir profond qui jalonnent la dépendance, la difficulté d’en sortir et l’immense courage qu’il faut pour l’affronter et en réchapper. Un texte d’une grande actualité sur un sujet rarement traité en littérature, celui de l’alcoolisme au féminin porté par une écriture poignante.

Vivre avec sans – Adagio Maladie a été porté sur scène au théâtre mais également à la radio (France Culture, Création on Air, 11 janvier 2018). Ce texte a été sélectionné par le Comité de lecture des Écrivains Associés du Théâtre et par la Comédie de Caen, Centre Dramatique National.

"Pieds nus sauf chaussons d’hôpital je déboule dans le parc voisin sans idée au départ et sans le sou non plus. Marcher. C’est ça que je voulais. Marcher libre dessanglée de tout. Ivre de vivre. Libre à l’air et plus rien plus que tout. Marcher sentir mon corps encore tout engourdi. Marcher simplement marcher là m’oublier au beau milieu des gens mais les gens me regardent. Ce beau jour de printemps attire aussi les gens. Et leurs regards avec. Ils regardent marcher cette femme en tenue d’hôpital et pieds nus sauf chaussons bleus plastiques. " A.S.

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