Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Une femme dans la guerre 1970-2016
Christine Spengler
Editions des Femmes Antoinette Fouque
31 août 2023
1 h 32
Autobiographie
Chronique
20 septembre 2023
Enregistrement sous les directions éditoriale de Carmen Fernández et artistique de Francesca Isidori :
Le coffret comprend un livre audio + un livret de 32 pages en couleur.
« Le témoignage d'une des plus grandes photoreporters de guerre.»
Mon conseil : écouter ces textes en regardant attentivement chaque photographie du livret.Cette voix, ce timbre et ce débit particuliers, nous donnent l'impression réelle que Christine Spengler est assise à côté de nous et raconte l'impensable, l'extraordinaire, le profondément humain, l'intime émergeant de l'Histoire.
J'ai été particulièrement touchée, concernée par ces fragments de vie offerts ainsi par le biais de cet enregistrement précieux et singulier. Un destin hors du commun pour une spectatrice et actrice du monde, pour une combattante dont l'arme est son appareil photo brandi avec courage, panache, acuité, contre toutes les barbaries, les atrocités, les injustices ...De moments tragiques à pleurer surgit pourtant une poésie ineffable, un sourire triste mais aussi un sentiment de victoire sur le Mal, de revanche. Une mission accomplie pleinement : celle de donner un visage aux invisibles, aux êtres emportés dans la tourmente.
L'omniprésence tutélaire également du frère aimé, disparu trop vite, nous brise le cœur.
Le premier cliché donne le ton : deux combattants toubous, de dos, se donnant la main dans la palmeraie de Bardaï en partance vers une mort certaine ; geste de tendresse entre hommes immortalisé par la toute jeune femme qu'est alors Christine Spengler, au Tchad. Cette image aura valeur de révélation. Une vocation naît à cet instant éphémère et cependant éternel.
Tchad en 1970, Irlande en 1972 et 1987, Viêtnam en 1973, le Sahara occidental de 1976 à 1981, l'Iran en 1979, le San Salvador et le Nicaragua en 1981, Beyrouth en 1982 et 1994, l'Irak en 2003....Enfin la jungle de Calais en 2016 où des peuples se retrouvent naufragés en enfer, où des colombes blanches tentent de s'envoler sur la toile d'une tente, œuvre d'un jeune migrant afghan :
« Malgré sa détresse il a encore le courage de survivre. »
La bravoure et les rires de tous ces hommes, femmes et enfants transparaissent dans chaque cliché de Christine Spengler. Et puis... un autoportrait comme un .... pied de nez. Rions, profitons et restons en vie : là est la victoire face à l'oppresseur, le dictateur, le criminel. Et aussi un habillage musical de toute beauté.Sublime. Gratitude.