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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Portrait de groupe avec parapluie

Violette Cabesos

Albin Michel

2016

358 pages

Divers

Chronique

4 septembre 2018

Toujours la verve, l'humour, la causticité, l'intelligence, l'érudition au service d'un thriller drôle, passionnant, bien construit entre le Bateau-Lavoir de Montmartre et la Ruche de Montparnasse en passant par la Montagne Sainte Geneviève et la Butte-aux-Cailles. Plongée dans le monde des Arts, rencontre avec des peintres d'exception dits modernes, hautes figures du Fauvisme, du Cubisme, et de l'Expressionnisme, Derain, Picasso, Soutine, Modigliani entre autres, et tous ceux qui gravitaient autour d'eux, femmes, agents, galeristes, mécènes, critiques et vrais amis comme le merveilleux Guillaume Apollinaire, que je suis si heureuse d'avoir retrouvé après le livre « Gabriele » sur l'épouse de Picabia par ses descendantes les sœurs Berest.


Un mystérieux tableau, reprenant la Cène de Leonardo da Vinci est au centre de toute cette enquête à laquelle va bien devoir participer notre héroïne septuagénaire Marthe Bothorel. En effet, ayant décidé de prendre des cours d'histoire de l'art à la Sorbonne et de dessin et peinture à la Grande Chaumière pour enfin combler un manque de sa jeunesse d'apprendre et de s'adonner à sa passion, elle décide de participer à un concours pour amateurs à Provins. En cherchant un cadre original à son tableau, elle descend dans les sous-sols et trouve le premier cadavre d'une longue liste : une jeune fille rousse. Elle est très choquée mais comprend vite que c'est de l'art vivant, une copie en 3D de La Danseuse de Derain. Joseph Cointreau est chargé de l'enquête, une jolie rencontre pour nos deux passionnés d'art, pour le policier la musique surtout de Berg, Schoenberg, Prokofiev, Webern..


Marthe tait sa découverte, elle ne veut pas être mêlée à cette tragédie, son nom n'est pas divulgué à la presse. Ainsi le meurtrier n'est pas susceptible de savoir qu'elle a compris son mode opératoire.


Cependant elle en parle à ses copines de toujours, Jacote, une vraie parigote au verbe plus que fleuri et Nastia d'origine noble, russe. Elles ont été à l'école communale ensemble puis ont travaillé dans la même rue, Marthe dans sa droguerie et ses 2 camarades dans un café bistrot typique du quartier.


Elles se sont donc aidées, supportées, engueulées, adorées pendant soixante ans. Toujours voisines, toujours copines. Jacote est une obsédée de la propreté et du ménage toute maigre et en jean slim dernier cri et Nastia entourée de ses souvenirs de la Russie perdue mais geek à ses heures. Pour compléter ce trio n'oublions surtout pas Arthur, le bouledogue anglais, bavant, pétant, rotant, mais fidèle et très attachant qui saura se transformer en gladiateur au bon moment.


En face, nous pouvons suivre les méandres de l'esprit torturé du meurtrier, Étienne, de ce serial killer puisque les cadavres vont se multiplier, de la justification de ses actes, de son histoire et celle de Joséphine et Charles-Aimé ses grands parents, artistes, mais aussi de certains grands noms de la peinture moderne dans leur intimité. On en apprend de belles sur les uns et les autres, de leurs faiblesses, crimes, méfaits, du début du XX ème siècle aux années 50.


Récit d'une haine furieuse qui grandit, grandit pendant des décennies pour devenir un monstre gigantesque incontrôlable.


Un polar glaçant ou lumineux, tout en clair obscur, original et réjouissant, fascinant quant à la reconstitution de tout cet univers pictural de la première moitié du siècle passé, des personnages fabuleux qu'on aimerait réels, et en fin de compte une grande envie de retourner dans les musées ou de dessiner.


Le mot ultime à Jacote au mieux de sa forme lorsqu'elles seront mises en garde à vue :


« Coquefredouille mon Jo chéri, t'as lampé trop de schnick, t'as des feuilles bouchées ou des papillons sous l'abat-jour ? Tu piges que dalle à ce qu'on bonnit depuis des plombes : ton Kevin, il est inconnu au bataillon, ses vieux kif-kif, ta ruche, idem, et le 15e, c'est pas not'zone ! J'en ai sec... Comment tu peux croire que mézigue je pourrais bousiller un chiard ? »

Quatrième de couverture

Marthe Bothorel, soixante-dix ans, ancienne droguiste, s’est prise de passion sur le tard pour l’histoire de l’art et en particulier la peinture : de musées en cours de dessin, l’autodidacte découvre un univers qui la fascine. Un dimanche, lors d’un concours de peintres amateurs, elle tombe sur une stupéfiante scène de crime dans un souterrain de la ville de Provins… C’est la première d’une longue série ! L’enquête diligentée par l’extravagant commissaire Cointreau patine. Une seule certitude : le tueur est lié au monde de l’art.
Derain, Picasso, Apollinaire, Modigliani… Ce roman riche en rebondissements nous entraîne du Bateau-Lavoir de Montmartre à la Ruche de Montparnasse, en passant par le Lapin Agile et la Rotonde, sur les traces de ces génies du XXe siècle dont il dévoile anecdotes et histoires vraies. Cette ahurissante sanguine plonge le lecteur dans le for intérieur d’un psychopathe, dangereux tueur en série, dont l’énigmatique mobile nous fait voyager de l’époque contemporaine au temps de l’École de Paris. À ses trousses, dans une haletante course contre la montre, un flic mélomane affublé de trois mamies passablement déjantées : Marthe et ses deux vieilles copines Nastia et Jacote.

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