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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Nos Âmes au diable

Jérôme Camut et Nathalie Hug

Fleuve

17 mars 2022

374 pages

Thriller

Chronique

17 septembre 2022

« À l'insouciance des jeunes filles,

Aux femmes qu'elles deviennent

Aux photos en noir et blanc qui témoignent

À Rosemarie Checking et à Elisabeth Soulès"


Le hasard des emprunts en bibliothèque m'ont fait lire l'un après l'autre le dernier titre de Olivier Norek, "Dans les brumes de Capelans" et celui-ci : il semble que le thème traité soit d'actualité car dans ces deux romans la trame, dans ses grandes lignes, est la même, à quelques détails près qui font tout de même que j'ai eu autant d'intérêt à lire l'un comme l'autre de ces thrillers psychologiques très réussis. Barbara Abel également avait eu le courage d'aborder magistralement ce qui est, dans notre société, un véritable tabou.


Premier livre de ce tandem pour moi qui ne sera pas le dernier, je pense, tant le tout est bien écrit, mené, développé jusqu'à un final attendu et cependant bouleversant.

En trois parties, (l'enlèvement de la fillette à proprement dit et ses conséquences immédiates, puis six ans après la disparition, et enfin deux heures après le kidnapping de la mère), ce récit présente, sans concession mais sans être gratuitement trash, tous les aspects matériels, psychologiques de ce qu'un tel événement traumatique peut générer pour une famille mais aussi pour les forces de l'ordre, les proches, toute la société, symptôme d'une maladie systémique dont on ne veut pas parler et qui pourtant est bien réelle.


La mère de Sixtine, Jeanne, est narratrice d'une partie du drame et nous guide auprès d'autres parents victimes directes de l'indicible, du silence, de l'ignorance quant au sort réservé à leurs enfants. Une analyse poussée des différents types de réactions face à cela nous est offerte, de l'écroulement, à la lutte, à la lâcheté, à l'aveuglement.


Le huis clos de la troisième partie nous fait nous diriger adroitement, en des chapitres extrêmement courts, vers une conclusion dévastatrice et... incontournable d'une certaine façon. C'est un récit qui brise le cœur, qui nous remet en mémoire tous ces visages de petits disparus, tous ces cris de parents qui ne se résignent pas, qui voudraient au moins pouvoir enterrer leurs petits...


Très bon thriller ténébreux et profondément humain, traversé d'instants de joie, d'amour, de solidarité, d'amitiés...

Quatrième de couverture

Il vaut parfois mieux ignorer la vérité...
Mi-juillet, Sixtine, dix ans, disparaît sur une plage de l'île d'Oléron. Pour Jeanne, sa mère, c'est tout son monde qui s'écroule. Elle s'en veut d'avoir été trop accaparée par son métier. Elle en veut à son mari, qui aurait dû surveiller leur petite brune aux yeux bleus, mais qui a failli, trop occupé à donner un énième coup de canif dans leur contrat de mariage.
Lorsque les recherches conduisent finalement à un multirécidiviste connu par la justice pour le viol de quatre fillettes, Jeanne comprend que rien ne sera jamais plus comme avant. Et son travail de résilience s'annonce d'autant plus long que le corps de Sixtine n'a jamais été retrouvé.
Une absence qui laisse planer comme une incertitude... Et si la vérité s'avérait plus sordide et glaciale encore que la mort d'un enfant ?
Les auteurs se livrent :
Avec Nos âmes au diable, vous abordez un sujet très sensible, à savoir la disparition d’un enfant, et vous nous ouvrez ainsi les portes de l’insoutenable, vous poussez le lecteur dans ses derniers retranchements. Comment vous est venue l’idée de ce roman ?
Regarder les gens vivre, c’est la base de notre travail. Pour animer des personnages de papier, les rendre attachants, terrifiants ou détestables, il faut connaître la nature humaine. Et dans cette espèce qu’est l’humanité, il y a des individus dont le devenir nous préoccupe particulièrement, ce sont nos enfants. Comme beaucoup de parents, il nous arrive de penser à un monde où ils n’existeraient plus, et cette idée nous est insupportable.
Pour poursuivre sur la genèse de ce roman, écrire permet de vivre par procuration, de déposer un fardeau, d’approcher l’insoutenable sans jamais vraiment s’y exposer. L’idée naît en partie de la volonté de nous confronter dans l’écriture à ce que l’on ne supporterait pas dans la vie.
Mais pas uniquement. Ces dernières années, de nombreux crimes ignobles ont impliqué des enfants et des adolescents. Nous nous sommes demandé où les proches trouvaient la force de continuer à vivre, et pour certains d’accorder leur pardon aux coupables. Tant de gens différents sont impactés par ces affaires. Les victimes elles-mêmes, leurs proches,
leurs amis, les enquêteurs, mais aussi les familles des assassins.
Et puis, nous avions également envie de créer le personnage d’une mère, une femme qui bascule dans l’horreur et qui se relève pour être à nouveau confrontée à l’indicible. Comment traverse-t-on ce que l’on imagine de pire ? Plusieurs fois ? Et comment ressort-on d’une telle épreuve ?
L’idée de Nos âmes au diable, c’est un peu tout ça à la fois.

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