top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Louis XIV L'Enfant Roi

François-Guillaume Lorrain

XO Editions

16 janvier 2020

327 pages

Biographie

Chronique

16 janvier 2020

« Ce noble chevalier avec beaucoup de gloire

Tiendra par la main la Victoire,

Ses faits effaceront son père et son aïeul :

Qu'il a de majesté, que sa grâce est extrême !

On le mène encore lui-même

Mais dans six mois il ira tout seul. »


« Le soleil me suit et c'est Louis. »

« Sur la cime des Monts, commençant d'éclairer, je commence déjà de me faire admirer." »


En cette période très particulière où enfin la voix des victimes s'élève après des décennies de silence, où enfin elles demandent à ce que leur parole, leurs mots soient pris en compte, respectés par la justice et la société, François-Guillaume Lorrain décide de nous faire écouter attentivement, précisément, le murmure qui deviendra plus tard déclaration et même déclamation, émis par Louis-Dieudonné, futur Louis XIV à travers les siècles.


Nous avions cru que depuis le XVIIIe siècle, le soin à apporter aux enfants, la protection de leur pureté, de leur innocence, étaient entrés dans les mœurs. Nous pensions, à tort semble-t-il aujourd'hui, que l'enfant était devenu une personne à part entière, méritant notre bienveillance, notre amour et notre soutien. Adieu donc maltraitance, tortures mentales et physiques, viols.... L'enfant avait gagné ses galons d'être humain, il n'était plus un bien qu'on échange, vend, cède, un motif de tractations, de trafics, il n'était plus un exutoire à la folie des adultes, une manière pour certains de se venger des sorts contraires. Enfin il pouvait vivre pour lui-même.


C'est ce que la société a présenté en vitrine depuis le Siècle des Lumières grâce à Jean-Jacques Rousseau et Cie, oui, hypocritement, pour se donner bonne conscience.... Mais actuellement, il n'en est toujours rien en cette Europe et cet Occident si "civilisés" et à l'étranger, où les enfants ne sont souvent ni plus ni moins qu'interchangeables et mis en esclavage...


Revenons donc à ce petit homme, Louis-Dieudonné : attachons-nous à lui, à ses pas d'enfant du XVIIe siècle. Faisons preuve d'empathie.... Ne voyons pas plus loin que la période de sa minorité jusqu'à 14/15 ans.


On se dit que lui au moins nait du bon côté de la barrière, il ne sera pas un traîne-misère ; nous sommes certains qu'on prendra soin de lui. Pensez donc, roi à cinq ans.... Le voici parti pour 72 ans de règne, pas moins.... On l'imagine entouré d'amour et d'affection réelle de la part de sa mère, Anne d'Autriche et de son parrain et mentor, Mazarin. Le rendez-vous affectif avec son père, Louis XIII, a été raté par manque de pratique des relations humaines de la part du roi, descendant d'une longue lignée d'handicapés du cœur. On ne sait dire les choses les plus importantes.


Et puis, le jeu est pipé dès le départ, Louis-Dieudonné sera son successeur, cela suffit à pourrir toute relation. On fait peser sur ses épaules fragiles des ambitions, des angoisses, des haines, qui ne sont pas les siennes. L'héritage est bien lourd pour un garçonnet. L'apprentissage de son rôle de futur maître de la France, auprès d'une meute de professeurs assoiffés de reconnaissance et de privilèges, et d'un Mazarin bien peu paternel, lui donne une envie irrépressible de s'amuser, d'être lui-même, et de se jouer des autres : entre paraître et être, Louis apprend à mettre en pratique, en place, consciemment ou non, des moyens de fuir, de se protéger, d'affronter le monde extérieur. Il va se dédoubler, se démultiplier, offrir aux autres le visage attendu. Il n'en pense pas moins.

Il a une qualité extraordinaire en plus de son intelligence : sa faculté d'indignation... Il est indigné par ses conditions déplorables de vie, dans la faim et le froid, alors même que son parrain vit dans l'oppulence dans le bâtiment en face du sien. Il s'indigne de l'absence d'amour et d'affection de cette mère comploteuse, calculatrice, toute occupée à asseoir sa régence, même au prix d'accords avec des aristocrates hypocrites et traîtres à la royauté. Il juge, tout en étant triste à pleurer, du peu de cas que l'on fait de ses sentiments lorsque l'on renvoie sa nurse et les femmes qui lui ont témoigné une réelle attention, tendresse...


Sa vie appartient aux autres, tout est mascarade, théâtre. Pas d'intimité, pas de secret.... Même jusqu'à ses premières amours contrôlées par Anne d'Autriche qui joue les maquerelle en le faisant déniaiser à treize ans par une dame de la cour, une adulte. Un viol ni plus ni moins orchestré par une personne ayant autorité.... La peine serait, j'espère, lourde si cela passait aujourd'hui en justice.... Rien n'est moins sûr....


Vous me direz, c'était un autre temps.... Vraiment ? Mais lui, comment l'a-t-il vécu cette enfance maltraitée, épouvantée, dans la terreur générée par la Fronde, par tous ces ennemis autour du couple Anne d'Autriche-Mazarin... Et lui au milieu, leur enfant de substitution, ce Louis si indispensable à leur dessein, à leur destin....


Il y a donc d'une part cette enfance sacrifiée et de l'autre cette question de l'héritage. Ce rôle de roi dans une France en grande souffrance, due à la disette, la famine, les impôts.... Louis XIII et Richelieu ont façonné une nouvelle manière de gouverner, l'idée d'absolutisme est là, exercé à deux... D'où révolte de tous : population, parlementaires, aristocrates.... Les futurs régicides se profilent déjà à cette époque, naissent de cette Fronde qui ne trouvera sa résolution qu'à la fin de la minorité du jeune roi. On a cru que la régence affaiblirait le pouvoir royal, mais Mazarin et son surintendant des finances, Particelli, veillent aux grains. Les caisses doivent se remplir pour financer la guerre contre l'Espagne qui assombrira les premières années de règne de Louis. Celui-ci va apprendre son métier en pleine tourmente, pourchassé de châteaux en maisons par ses ennemis, par sa propre famille, les d'Orléans, par le Grand Condé et le Cardinal de Retz....


La leçon va être comprise au-delà même de ce qu'espéraient Mazarin et Anne d'Autriche. Cela se retournera contre eux....

On lui a appris la duplicité, qu'il en soit ainsi.... Il deviendra le meilleur acteur et metteur-en-scène de sa vie et de sa cour.

On lui a volé son intimité, sa dignité, il imposera une étiquette à tous les courtisans. Il va les faire danser Sa chorégraphie.

Plus d'ombre, une pleine lumière sur chacun. L'absolutisme, oui, mais à sa sauce, seul, omnipotent ; l'état c'est lui, le soleil au firmament, c'est encore lui. Quant aux femmes, il les consommera comme on l'a consommé. Un retour à tous les envoyeurs.... A-t-il eu le choix ? Peut-on le juger ? A-t-il dans sa vie eu un véritable ami, un véritable amour ? N'est-il pas resté finalement cet enfant trop sérieux toute sa vie ? Il l'a jouée, mais l'a-t-il vécue ?


Un roman historique fabuleux comme une psychanalyse et plus encore, une réflexion en profondeur sur la place et l'héritage que nous laissons aux enfants de demain..... Incontournable !

Quatrième de couverture

On connaît le Roi-Soleil, mais comment le jeune Louis est-il devenu ce monarque qui fit briller si haut la grandeur de la France ?

L'enfance de Louis XIV est aussi romanesque que douloureuse. Écrasé de professeurs, surveillé par Mazarin qui l'initie aux intrigues et à l'art d'être roi, fouetté par sa mère Anne d'Autriche, qui ne lui passe rien, il reçoit une éducation qui s'apparente à un dressage.

Souverain à cinq ans, il se retrouve projeté dans l'une des périodes les plus tourmentées de notre histoire, la Fronde. Le parlement le malmène, les princes le défient, le peuple envahit son palais. Louis est à la fois un enfant, capricieux, buté, et un jeune roi qui doit subir en silence le mépris de ses aînés.

Parce qu'il fut humilié, Louis XIV ne songera ensuite qu'à démontrer sa toute puissance. Avant que le soleil ne se lève, il y avait un « petit homme ». Et c'est à cette intimité que François-Guillaume Lorrain, en romancier passionné d'histoire, redonne vie sous nos yeux.

bottom of page