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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les yeux de Sophie

Jojo Moyes

Bragelonne

Fin 2017

562 pages traduites par Odile Carton

Roman Feelgood

Chronique

6 janvier 2019

Titre original « The Girls you left behind ».

« J'ai cru que c'était la fin du monde. Que rien de bon ne pourrait plus m'arriver. Je ne mangeais plus, je ne sortais plus. Je ne voulais plus voir personne. Mais j'ai survécu. Contre toute attente, j'ai fini par surmonter l'insurmontable et, petit à petit, la vie m'a paru vivable. »


Et les yeux de Sophie n'ont pas lâché la rédactrice de ces lignes, lui insufflant son énergie et sa force à travers le temps.

Sophie Bessette, la narratrice, est une guerrière, partie de son village du nord de la France pour rejoindre Paris où elle monte les échelons au Bon Marché, le célèbre magasin, jusqu'à devenir vendeuse d'accessoires. Nous sommes en 1912.

Sa nouvelle existence est exaltante, elle demeure sur place comme nombre d'employées. Son destin va prendre un tournant étonnant sous les traits d'un grand "ours" charmant, drôle, qui revient plusieurs fois lui acheter des foulards. Edouard Lefèvre est peintre de l'école de Matisse et habite rue Soufflot. Un 14 juillet les voilà réunis par le hasard, leur couple naît ce jour là où "Les yeux de Sophie" est peint.


La grande Histoire les rattrape, Édouard part au front, Sophie rejoint sa sœur Hélène et ses enfants à Saint-Péronne pour tenir le bar- restaurant Le coq rouge. Nous les rencontrons toutes deux en octobre 2016, souffrant des restrictions et de la faim, en zone occupée. Les allemands sont partout, la population est terrifiée et inquiète, et comme toujours dans de petites villes, des mauvaises langues et donneuses de leçons font courir des ragots et médisances sur tous ceux qui collaborent de trop avec l'ennemi, telle Liliane, ses manteaux et chaussures neufs, paradant dans les rues, objet de toutes les haines. Des réseaux de résistance se sont mis en place pour apporter des informations fraîches du front et des hommes.


Le nouveau Kommandant Hencken vient de prendre ses fonctions, intelligent, éduqué, esthète, il voit et comprend tout. Sophie sait qu'il va falloir prendre des précautions avec cet homme loin d'être naïf. Celui-ci lui demande bientôt de cuisiner les dîners de ses hommes, de les accueillir après le couvre-feu et le départ des clients habituels. La populace jase, mais ont-elles le choix avec plusieurs enfants à protéger ainsi que des petits secrets à garder cachés comme un porcelet....?


Dès son entrée au Coq rouge, le Kommandant repère le tableau dont il reconnaît la qualité de la facture. Une étrange relation naît alors entre ces deux admirateurs de l'Art. Bientôt les nouvelles de Edouard parviennent, il est vraisemblablement dans un camps.... Alors naît un plan désespéré dans l'esprit malade de peur de Sophie.


Londres 2006, Liv Halston, veuve inconsolable depuis quatre ans, ne réussissant pas à faire face à ses difficultés financières, se retrouve piégée à un dîner organisé dans un restaurant par un couple d'amis, de bonnes âmes cherchant à la recaser à tout prix. Sauvée par un appel d'urgence, elle se rend dans l'arrière- cuisine mais il n'y a pas de téléphone ni d'appel, juste une fille étrange au look gothique... Celle-ci l'a tout de suite reconnue, ancienne copine d'école et a monté ce bobbard pour lui permettre de partir. De fil en aiguille, Liv invite Mo, sans domicile fixe, chez elle, ou plutôt chez son mari David, l'architecte de la maison de verre. La demeure aussi du tableau " Les yeux de Sophie" accroché face à leur lit matrimonial.

Ce cadeau de mariage qu'elle aime plus que tout, fut un témoin du bonheur trop court et un consolateur depuis le décès de David.


Une rencontre inattendue avec Paul, un bel américain, pleine de promesses, lui laisse entrevoir la fin du tunnel, mais malheureusement le mauvais sort va encore s'acharner sur la jeune femme qui va devoir se pencher plus sérieusement sur le périple exceptionnel de ce tableau depuis sa naissance en 1912 jusqu'à 2006, de Paris à Saint- Péronne, à l'Allemagne, aux USA, à l'Espagne et enfin à Londres dans la maison de verre.


Les vies de Liv et Sophie semblent inextricablement emmêlées, chacune va trouver assistance auprès de personnes inattendues, être trahie, trompée, va devoir aller au bout de ses forces et affronter ses propres monstres. " Une histoire merveilleuse sur le pouvoir libérateur de l'art et de l'amour." USA Today


Plus ma lecture avançait rapidement, plus j'étais passionnée par ce récit qui dans un premier temps peut apparaître faussement classique.

Imaginé à partir de la documentation ayant trait à la situation particulière et méconnue des villes et villages du Nord de la France de 1914 à 1918, de la déportation en camps de travail des soldats capturés mais également parfois de la population civile jusqu'en Allemagne, ce texte épique et très romanesque est original et éclaire un aspect de la première guerre mondiale avec beaucoup de talent. De plus, Liv l'une des héroïnes, se retrouve piégée dans un cauchemar horrible lorsque son cher tableau devient l'objet d'un procès monstrueux.


Pour une fois, le cadrage diffère quant à l'histoire de toutes ces œuvres d'art volées à des familles de vaincus, par les Allemands en particulier, pendant les deux guerres mondiales, et rendues à leurs vrais propriétaires. Ce thème de la restitution d'oeuvre d'art a donné lieu à bien des films et romans où les rôles sont presque toujours distribués de la même façon, les méchants étant ceux voulant garder une œuvre qui ne leur appartient pas, acquise malhonnêtement dans des conditions souvent atroces.


Un peu trop simpliste, et ce roman nous permet de tout envisager différemment. Avant de crier avec la meute, d'injurier et cracher sur les actuels propriétaires, avant de créer la confusion entre les deux guerres mondiales, avant de parler de fascisme à tout va, peut-être faudrait-il écouter attentivement ceux qui soudainement se retrouvent accusés de tous les maux.


Ce roman d'amour, historique, de guerre, juridique, m'a pleinement conquise et m'a appris énormément. Je le recommande vivement.... Il a sauvé un samedi bien gris et triste pour le colorer d'espoir.

Quatrième de couverture

« J’ai cru que c’était la fin du monde. J’ai cru que rien de bon ne pourrait plus m’arriver. Je ne mangeais plus, je ne sortais plus. Je ne voulais plus voir personne. Mais j’ai survécu. Contre toute attente, j’ai fini par surmonter l’insurmontable et, petit à petit, la vie m’a paru vivable. »
Paris, 1916. Sophie Lefèvre doit prendre soin de sa famille alors que son mari part pour le front. Quand la ville tombe entre les mains de l’armée allemande, au milieu de la Première Guerre mondiale, Sophie est contrainte de faire le service tous les soirs à l’hôtel où réside la Wehrmacht. À l’instant où le nouveau commandant découvre le portrait qu’Édouard a fait de sa femme, cette image l’obsède. Une dangereuse obsession qui menace la réputation, la famille et la vie de Sophie, et va la conduire à prendre une terrible décision.
Un siècle plus tard, à Londres, Liv Halston reçoit ce portrait en cadeau de la part de son mari avant de recueillir son dernier soupir. Sa vie est bouleversée de plus belle lorsqu’une rencontre fortuite lui permet de découvrir la véritable histoire de ce tableau.

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