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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les Caves du Potala

Dai Sijie

Gallimard

Septembre 2020

192 pages

Historique

Chronique

5 mai 2022

Je lisais ce texte et résonnait en moi le deuxième mouvement de la symphonie numéro 3 de Henryk Górecki, joué par un orchestre à cordes, interprété par une soprano, dont le texte est une prière gravée sur le mur d'une prison où étaient enfermées des victimes du nazisme. Des tessitures les plus graves à la lumière resplendissante des aiguës.

Une splendeur ! Une révélation !


La beauté et la foi plus fortes que la barbarie, armes douces pour vaincre l'inhumanité, l'indicible, le Mal.


Le chemin fut long pour Bstan Pa, petit garçon aux dons de dessinateur hors du commun choisi pour suivre l'enseignement d'un maître, peintre du sacré honorant dans ses œuvres les déités et Bouddha. Un parcours ardu, initiatique, vers la sagesse, vers la maîtrise totale de son art qui consiste à peindre des représentations sacrées... Il est nommé peintre du Dalaï lama, a toute sa confiance, et est le témoin privilégié des évènements qui vont secouer le Tibet, le menant sur les routes, dans d'autres pays, auprès d'autres souverains, dans divers temples, jusqu'à ce jour fatidique de 1968 qui marquera le début de son calvaire dans les caves du Potala où peut s'exprimer toute la haine, la bêtise, le sadisme de son bourreau, un jeune des brigades communistes rebaptisé le Loup.

Plus la fureur se déchaîne, plus Bstan Pa s'envole vers ses souvenirs, bien au-dessus de ces sous-sols. Un monde d'harmonie, de beauté, de recherche de perfection, obéissant à des rites ancestraux, baigné de magie et de spiritualité nous est alors offert par Dai Sijie, écrivain cinéaste, grâce à des descriptions d'un esthétisme et d'une finesse inégalés. La sensualité n'est pas absente de la vie ascétique de notre peintre, chaque mouvement de son pinceau est autant de caresses données à nos âmes, chaque regard est un frôlement, chaque couleur une vibration. Nous nous détachons peu à peu avec lui du charnel pour atteindre un autre niveau de compréhension de l'univers, bien au delà des contingences matérialistes, temporelles et anecdotiques qui animent tous les dictateurs, destructeurs de nos sociétés.L'horizon s'élargit brusquement pour devenir infini, espace de tous les possibles.


Oui, un roman aussi puissant, bouleversant, essentiel que le deuxième mouvement de la Symphonie n°3 de Henryk Gorecki.

Quatrième de couverture

« 1968, palais du Potala au Tibet. L'ancienne demeure du dalaï-lama est occupée par une petite troupe de très jeunes gardes rouges fanatisés, étudiants à l'école des beaux-arts, menés par un garçon particulièrement cruel, "le Loup". Dans les anciennes écuries du palais, Bstan Pa, ancien peintre du dalaï-lama, est retenu prisonnier. Le Loup veut lui faire avouer sous la torture ses crimes contre-révolutionnaires. Alors que les jeunes gardes rouges profanent les plus hautes oeuvres d'art bouddhique, le vieux peintre se remémore une existence dédiée à la peinture sacrée. Il se souvient de son apprentissage auprès de son maître, des échelons gravis grâce à son talent exceptionnel jusqu'à approcher les plus hautes autorités religieuses et participer à la recherche du nouveau tulkou, l'enfant appelé à succéder au défunt dalaï- lama. Que peut la violence des hommes contre la beauté ?

Dai Sijie nous fait pénétrer dans un univers d'harmonie et de méditation, nourri par l'évocation d'une tradition séculaire très raffinée que l'écrivain connaît à la perfection. Empreint d'une sensualité étonnante dans la description de l'art tibétain, ce nouveau roman de l'auteur de Balzac et la Petite Tailleuse chinoise procure un sentiment de dépaysement absolu dans l'espace et dans le temps. »

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