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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Le Portrait de mariage

Maggie O'Farrell

Belfond

24 août 2023

416 pages traduites par Sarah Tardy

Historique

Chronique

22 novembre 2023

Note historique En 1560, âgée de 15 ans, Lucrèce de Médicis quitta Florence pour entamer sa vie maritale auprès d'Alfonso Il d'Este, duc

de Ferrare. Moins d'un an plus tard, elle serait morte.Une « fièvre putride » fut officiellement désignée comme cause de sa mort, mais la rumeur courut qu'elle avait été assassinée par son époux.


« Peinte sur le mur, voilà ma dernière duchesse, Ne la croirait-on pas vivante ? » Robert Browning, « Ma dernière duchesse »


« Les dames [...] sans cesse contraintes de refermer en elles-mêmes leurs volontés et leurs désirs, esclaves des pères, des mères, dès frères, des maris, qui la plupart du temps les retiennent prisonnières dans l'étroite enceinte de leur chambre, où elles demeurent oisives, sont livrées aux caprices de leur imagination, qui travaille ; mille pensées diverses les assiègent à la même heure... » Boccace, Le Décaméron


Chronique d'un assassinat annoncé ou délires d'une très jeune femme paranoïaque à la trop vive imagination ?Thriller historique étouffant et terrifiant, drame psychologique domestique touchant une duchesse en devenir condamnée à n'être qu'une pouliche reproductrice à l'instar de sa mère, la duchesse de Florence.La moindre ombre, le plus petit craquement, l'infime détail anormal vous feront sursauter, frissonner, trembler pour l'héroïne malgré elle de ce complot ourdi par un homme omnipotent, son époux de fraîche date, pervers, narcissique, obsédé par sa future progéniture.


Lucrèce est celle qui remplace sa sœur aînée, Maria, promise au futur duc de Ferrare, morte soudain peu avant les épousailles, la mettant de facto sur la ligne de départ vers l'enfer.Une gamine vendue par ses parents, objet que l'on troque afin de nouer des alliances politiques. L'obéissance, l'humilité sont attendues de Lucrèce.Peine perdue : elle porte en elle la liberté sauvage d'une tigresse même enfermée dans une forteresse lugubre, même épiée nuit et jour par des gardes et espionnes à la solde du duc ou des sœurs de ce dernier.


L'enjeu est d'importance : Alfonso de Ferrare est dans une posture inconfortable, sa mère refusant de renier sa foi protestante, son pouvoir est sapé face à un pape exigeant l'obéissance des fidèles, mêmes des plus célèbres. Un héritier renforcerait et installerait à jamais son pouvoir.Se marier avec une des filles de Éléonore de Médicis, la très féconde, serait un gage de réussite. En effet, Alfonso n'a jamais eu d'enfant jusque là, pas un seul bâtard.... Son inquiétude se transforme en rage, en fureur... Remettre en question sa propre fertilité n'est pas envisageable, forcément la faute repose sur les femmes, sur sa trop jeune et inexpérimentée épouse, une gamine pourtant d'une grande maturité et endurance habituée depuis son enfance à la solitude et à l'ostracisme.Mais cela sera-t-il suffisant pour lui sauver la vie ?Bientôt, Alfonso commande un portrait de mariage de Lucrèce ; avec l'arrivée du peintre et de ses assistants entre un filet d'air de liberté....


J'admire profondément cette autrice qui réussit brillamment à recréer un décor, une ambiance, à nous plonger dans une atmosphère terrifiante et anxiogène. Malgré le soleil et la chaleur qui quelques fois plombent l'Italie, le tableau dépeint est crépusculaire, les ténèbres omniprésentes, la peur étouffante.Un récit situé à la Renaissance pourtant d'une actualité sidérante ; malheureusement les violences faites aux femmes sont toujours assénées selon un mode opératoire reconnaissable.


Les notes finales sont essentielles apportant un éclairage encore plus lugubre sur le sort qui attendit les femmes de la maison Médicis. Le plus insupportable étant la complicité et la participation de certaines d'entre elles à la destruction de leurs consœurs, de leurs filles....


Je vous recommande enfin la lecture dePerspective (s) de Laurent Binet, polar historique fabuleux se consacrant à la période précédant le mariage de Lucrèce et Alfonso, celle où Maria, encore en vie, était la promise du duc de Ferrare.

Quatrième de couverture

Après Hamnet, Maggie O'Farrell nous entraîne dans la Renaissance italienne pour redonner vie à une femme libre, rebelle, incomprise. Portée par une écriture d'une beauté inouïe, une œuvre lumineuse et poignante.
C'est un grand jour à Ferrare. On y célèbre les noces du duc Alfonso et de Lucrèce de Médicis. La fête est extravagante et la foule n'a d'yeux que pour le couple.
La mariée a quinze ans.

Rien ne l'avait préparée à ce rôle. Elle n'était que la troisième fille du grand duc de Toscane, la discrète, la sensible, celle dont ses parents ne savaient que faire. Mais le décès soudain de sœur aînée a changé son histoire.
La fête est finie, Lucrèce est seule dans un palais immense et froid. Seule face aux intrigues de la cour. Seule face à cet homme aussi charismatique que terrifiant qu'est son mari.

Et tandis que Lucrèce pose pour le portrait de mariage qui figera son image pour l'éternité, elle voit se dessiner ce que l'on attend d'elle : donner vie à un héritier. Son propre destin en dépend...

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