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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Le Parvis des assassins

Patricia Rappeneau

La Bouinotte

2020

407 pages

Thriller

Chronique

15 juin 2020

Petites précisions quant au contexte politique et économique : Polar historique situé au début du XIV ème siècle, milieu du règnedePhilippeleBel,quinel'estpastantqueça,enréalité...Sesdétracteursdel'époquelebaptisaitàjustetitre "le Roi de fer". Comme son grand père, Louis IX, ou le malnommé Saint Louis ( décidément !!!), cet animal politique et stratège met en place ce que sera la monarchie absolue et la centralisation des pouvoirs entre les mains du seul souverain. Il va créer une royauté moderne et non plus moyenâgeuse.


Cette bascule vers un nouveau régime fait grincer bien des dents : celles du clergé, des nobles, des aristocrates, des bourgeois... Pour calmer la grogne, il met en place des états généraux donnant l'illusion à ces castes qu'elle participent aux décisions prises pour le pays de France... il n'en est rien, évidemment.


Ainsi, toujours à la recherche d'argent neuf, il a recours aux impôts constants, touchant tout le monde et il use et abuse du système de la mutation monétaire et de l'émission de nouvelles monnaies. Conséquences : les fluctuations permanentes du cours des changes ruinent soudain et souvent les français qui voudraient plus de stabilité monétaire.


Pour assainir ses comptes et également récupérer le Quercy aux anglais, Philippe le Bel prendra l'argent de l'Eglise catholique, des lombards, des juifs et enfin des Templiers, violemment, effrontément, abusivement. Il est le Roi de la

falsification pure et simple pour tous ceux qui se retrouvent appauvris du jour au lendemain.

C'est un visionnaire politique, un homme pieux, tant que cela sert ses intérêts, qui pense devoir sa victoire sur les Flamands à la Vierge Marie, à laquelle est dédiée Notre Dame, dans laquelle il fera ériger une statue équestre à son effigie, en remerciement.


Comme son aïeul Louis IX, qui vouait une haine immense et inconsidérée aux juifs, il fera déporter et exiler 100 000 d'entre eux en 1306 par un édit d'expulsion ; au passage, il leur confisquera tous leurs biens immobiliers et personnels.


Non, vraiment, un homme sympathique et bienveillant....


N'oublions pas que, lorsque ce roman débute, nous sommes à quelques mois des arrestations, tortures, massacres et exécutions de milliers de membres de l'Ordre des Templiers. Ceux-ci représentent une menace pour le souverain de par leur puissance et leur richesse, et contre l'avis de Rome et de tous, le Roi va élaborer un plan diabolique pour détruire ces moines guerriers et s'approprier leurs biens et trésors.


Pour compléter ce tableau : Dans les rues de Paris, l'on croise également des chevaliers teutoniques aux ordres de la Hanse, (contrôlant les marchés et échanges dans l'Europe du Nord), des forains, des commerçants se rendant aux grandes foires, des mendiants, étudiants, des prostituées, et tout un peuple bigarré contraint de s'adapter aux nouvelles décisions et lubies du Roi omnipotent.


C'est dans ce contexte que se poursuit la construction de Notre-Dame de Paris. Le chantier est un monde à part organisé en différentes confréries obéissant à une hiérarchie précise.


Notre jeune héros de douze ans, (la majorité était à quatorze ans pour les garçons et douze pour les filles) est un flamand, Erlend Goidenhove, fils du proviseur du trésor de la cathédrale Notre-Dame.


Cet un adolescent vif, intelligent, épiant et analysant tout ce qu'il voit, ayant le béguin pour Aude, une jeune demoiselle de bonne famille lombarde...


Or, un matin, en arrivant à la loge de son père sur le chantier de l'édifice, il trouve ce dernier devant un cadavre, un poignard à la main ! Immédiatement d'autres figures d'autorités ecclésiastiques ou judiciaires se présentent à la porte accompagnées de gardes. On arrive vite à la conclusion de la culpabilité du Proviseur qui met tous ses espoirs dans la sagacité et le courage de son fils à le sauver d'une comdamnation à mort. Déjà que son épouse, artiste et dessinatrice célèbre, a disparu voilà un an, il ne faudrait pas que lui aussi abandonne son fils, à son corps défendant.


Pour le moment, direction les geôles du Châtelet pour le père et le bureau paternel pour Erlend. Il veut être sûr de l'innocence de son parent. Il espère donc retrouver le poignard du proviseur à sa place en leur demeure. Chose faite, devant vite échapper aux représentants des diverses autorités de la ville et ainsi préserver sa liberté d'action, il se donne pour mission, au moment de fuir par les toits de la maison, de découvrir qui était la victime et les possibles motivations de son assassin.... Une course poursuite effrénée débute dans la capitale, jalonnée de rencontres plus ou moins heureuses, de coups de main bienvenus.... Bientôt, ce n'est plus seulement Erlend qui va enquêter et tirer des conclusions quelques fois scabreuses ou erronées du haut de ses douze ans, mais bien quatre enfants tous concernés par l'élucidation de ce meurtre.


Tous les points évoqués dans mon introduction seront des éléments essentiels des réflexions et théories de Erlend et ses camarades. Les jeunes vont se retrouver en conflit avec les adultes, avec leurs parents, leurs castes mais la vérité est à ce prix...


Ayez du souffle il vous en faudra car ils courent vite ces gamins....


Texte très alerte, on y sent la jubilation de l'auteure à les mettre en scène, à leur inventer des postures, des pensées, des dialogues.


Un polar juvénile qui nous permet de revisiter cette période essentielle de notre Histoire de France.... Le final est tout à fait insoupçonnable après nous avoir fait emprunter moult chemins et pistes. Mille péripéties vous attendent, on en sort avec le sourire.


Ce quatuor de Sherlock Holmes avant l'heure est bien attachant...À vous de courir, je vous passe le témoin... Bravo pour le lexique en fin d'ouvrage.


Seul bémol : j'aurais aimé une introduction qui recadre ce récit dans son contexte historique, comme le fait systématiquement, par exemple, Viviane Moore en début de chacun de ses polars historiques. D'autant plus pour les jeunes qui découvriront ce texte sans préparation ou connaissance de base.

Quatrième de couverture

1306. La construction de Notre-Dame de Paris n'est toujours pas achevée.

Un matin, un cadavre est retrouvé dans la loge du proviseur du trésor... Qui était cet homme ? Pourquoi l'a-t-on dépouillé et égorgé ? L'affaire prend une étrange tournure lorsque la foule, poussée par un abbé au comportement singulier, s'en prend à un innocent...
Pour sauver son père, Erlend ne voit alors qu'une solution : enquêter, démasquer et arrêter le véritable coupable, quitte à semer le trouble ! Pour déjouer secrets et complots, Erlend Goidenhove va vivre une grande aventure et devra discerner amitiés sincères et trahisons, jusqu'au bout du suspense.

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