Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Le jour des morts
Nicolas Lebel
Marabout
2014
384 pages
Thriller et polar
Chronique
18 mai 2020
Tome 2 de la série consacrée au Capitaine Mehrlicht.
« [...] Mais reprend on, - il faut que la société se venge, que la société punisse. - Ni l'un, ni l'autre. Se venger est de l'individu, punir est de Dieu.
La société est entre deux. Le châtiment est au dessus d'elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger pour améliorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous y adhérons.
Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l'exemple. -Il faut faire des exemples ! Il faut épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui seraient tentés de les imiter ! ... »
Victor Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné (1832).
Quoi de mieux que ces lignes de Victor Hugo, fleuron des écrivains réalistes du XIXe siècle, tel Zola, Flaubert, Maupassant, Balzac, exemples parfaits de la littérature sociale « en prise avec le réel de la classe ouvrière, ses tourments et ses espoirs... ».
Cet extrait qui clôt se roman policier, deuxième de la série des thrillers, consacrée au capitaine Mehrlicht, illustre magnifiquement le thème de ce polar : la vengeance et la justice. Une vengeance glacée traversant les décennies mais qui n'apporte que fiel et violence pour tous.
Le mal que l'on fait ou qu'on perpétue est comme un boomerang qui retourne toujours à l'envoyeur ou les siens.
En cette Toussaint pluvieuse, l'équipe du capitaine Daniel Mehrlicht (alias Kermit, le Batracien ou Google), est cette fois au prise avec une empoisonneuse qui élimine des familles ou des individus n'ayant a priori aucun lien entre eux. En parallèle, nous suivons un bibliophile, Denis Leroy, dit le Rat, (en raison de son physique avantageux), chargé de constituer la collection de romans réalistes précitée pour le ministre Alexandre Farejeaux sous la présidence Hollande. Pour Leroy c'est une quête, pour Farejeaux un moyen de blanchir de l'argent sale.
Les moments les plus cocasses, drôles et tendres côtoient le drame, la fureur, l'ignoble.
Ajoutons à ce scénario déjà dense la question du nazisme d'hier et d'aujourd'hui qui se retrouve en ligne conductrice dans tous les opus de cette série par le biais du personnage du lieutenant Dossantos, ancien fasciste repenti.
Enfin, les derniers jours de Jacques Morel, collègue et meilleur ami de Mehrlicht, teintés de drôlerie et de tristesse, donnent lieu à des scènes réjouissantes ou bouleversantes.
Le rire accompagne toujours les larmes avec Nicolas Lebel, en même temps qu'une humanité et un sens de la justice. Il reprend le flambeau des grands écrivains qu'il admire, qui furent des lanceurs d'alerte, quant à la dénonciation politique et sociale, en y ajoutant une trame policière.
Un plaisir de lecture presque gustatif !