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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Le Cheptel

Céline Denjean

Pocket

9 janvier 2020

944 pages

Thriller Polar

Chronique

4 janvier 2018

J'ai pris le temps de bien réfléchir, de bien décanter, avant d'écrire ce texte. Délicat, car j'ai aimé ce livre et voudrais vraiment rendre le plus fidèlement compte de mon ressenti sans trahir cette histoire dense, à la construction vertigineuse parfaitement maîtrisée, aux multiples couches et thèmes.


J'avais très envie de lire ce nouvel opus après le remarquable " La fille de Kali" . J'avais vu les retours des chroniqueurs ou des lecteurs tous positifs. Je n'ai donc pas lu la quatrième de couverture, une habitude maintenant, car je trouve que souvent il est donné beaucoup trop d'informations, qui nuisent au travail patient et ingénieux de l'écrivain à mettre tout doucement les choses en place, à créer la surprise, à nous faire entrer dans son univers.


Céline Denjean est très douée pour cela, plusieurs fois sur toute la longueur du livre, nous sommes retournés comme des crêpes. Elle est passée maîtresse dans ce jeu. Je ne peux que vous conseiller vivement d'entrer directement dans cette fiction, sans la case dos du livre, je vous promets beaucoup plus de plaisir ainsi à vous faire surprendre.


Je remercie d'ailleurs ceux dont j'ai lu les posts, qui ont écrit des retours personnels, pas des copiés collés du texte de l'éditeur, sans rien dévoiler tout de suite. Je ne comprends vraiment pas cette tendance à quasiment résumer l'intrigue au lieu de donner envie de la découvrir, de ménager le suspense. Donc je vais être très succincte quant à mon accroche.


Plusieurs mois avant le jour J. À 73 ans, Louis Barthes découvre dans les papiers de son père récemment disparu un certificat de décès à son nom, ou celui qui pensait être le sien. Il serait mort bébé. Le destin de ce notaire à la vie si réglée et prévisible change radicalement de cap, il est loin d'imaginer jusqu'où ses recherches vont le mener.

À J-1, nous sommes projetés dans un monde cauchemardesque, une rafle en pleine nuit, les boches font une descente sur le domaine où réside toute une communauté très organisée qui applique les mesures d'urgence en tel cas. L'auteure s'adresse directement à la jeune fille de quinze ans, Atrimen, par l'usage du "Tu", qui m'a beaucoup interrogée, et troublée. Serais-je concernée ? Les sentiments, terreurs, croyances aveugles de ce personnage seraient-ils aussi les miens quelque part ? Un bon moyen en tout cas d'accroître mon empathie pour lui.

Jour J nous assistons à l'assassinat d'une jeune femme pourchassée par des chiens et plusieurs personnes. Une balle en plein cœur, fini ! Les boches ont encore gagné.

Enfin, à J+1 nous rencontrons Mathieu Vicenti et sa collègue gendarme, la gigantesque et sculpturale Agathe Bordes, nouvellement mutée à la SR de Nîmes, sur la scène du crime. Plusieurs détails les font tiquer tous les deux : de son accoutrement à ses blessures, et l'évidence que cet endroit est juste la zone de largage du corps.


Voilà tout est en place, un notaire, une jeune fille membre d'un groupe mystérieux, des forces de l'ordre. Nous allons à partir de là les suivre parallèlement jusqu'à ce que tous les chemins se croisent enfin. Nous retrouvons des éléments et personnages principaux de " La fille de Kali" pour notre plus grande joie. Les clins d'oeil, l'humour sont au rendez-vous, et cela est nécessaire dans un contexte si brutal, violent, à la limite du supportable.


À nouveau Céline Denjean traitera courageusement et avec pertinence des croyances, de l'embrigadement, du librearbitre, de l'importance de certains faits historiques jusqu'à aujourd'hui, du devoir de mémoire, de la manipulation des consciences et de la pensée, de la force impressionnante des femmes qu'elles soient maléfiques ou justicières, de la mondialisation du crime.


Certains diront, je les entends déjà, que cette histoire est peu crédible au XXIeme siècle. Là encore l'auteure anticipe cet argument par la note finale aux lecteurs. Je me demande d'ailleurs si quelque part sur cette planète, une telle chose serait possible. Oui, en sortant de ce thriller, je m'interroge beaucoup sur les sujets abordés, c'est aussi cela l'intérêt de ce roman : la poursuite du questionnement et de la réflexion après le mot fin.


Belle réussite littéraire quant au style et à l'écriture qui ne nous laissent aucun répit, véritable tour de force sur 650 pages, un récit solidement bâti sur une documentation précise concernant le fonctionnement des forces de l'ordre, sur la psychologie des criminels, les techniques scientifiques et certains événements historiques.

Du bel ouvrage, j'aime les artisans d'art....

Le final ! Que dire ? Plongez dans les rapides, n'ayez pas peur !

Quatrième de couverture

Un vieux notaire résolu à percer le secret de sa naissance.
Un ado piégé en montagne, un jour de rando.
Une jeune femme soumise aux ordres d'une mystérieuse Grande Prêtresse.
Entre ces trois êtres si dissemblables en tout, il n'est qu'un seul point commun. Le Cheptel.
Intégrée à la cellule TEH d'Interpol – pour Trafic d'Êtres Humains –, l'équipe du capitaine Eloïse Bousquet remonte une piste rouge de sang. Celle d'un monde clandestin où l'homme n'est que bétail – une marchandise, un jouet – à la merci des vices des puissants...
Prix de l'Embouchure - 2018 ; Polar du meilleur roman francophone - 2018

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