Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
La Cavale du Babouin de Denis Langlois paru aux Éditions La Déviation, 176 pages.
Denis Langlois
La Déviation
le 22 août 2024
176 pages
Roman
Chronique
22 septembre 2024
" La traque du babouin est ouverte en Essonne " Le Figaro
" Safari au Babouin en Essonne " Libération
" Triste fin pour le babouin " France-Soir
" Une autopsie devrait être pratiquée " Le Monde
Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Mais où est donc aller se fourvoyer Denis Langlois, avocat et écrivain des plus sérieux et respecté ? Comment peut-il espérer pondre un bon livre avec un postulat aussi loufoque ? Non mais, vraiment, la cavale d'un Babouin en 1995 !!!!!
Bon, il est vrai que, si le grand Clint Eastwood est capable de commettre un mauvais film à partir d'un bon scénario, rien n'est perdu !
Après tout l'histoire d'une apparition soudaine d'un être exceptionnel cela rappelle quelqu'un.... Je vous donne un indice : un Messie !?!?
"En vérité, en vérité je vous le dis", l'auteur ne s'est pas tant perdu en se décidant enfin, après 24 ans d'attente, à coucher sur le papier le récit de la fuite éperdue de ce babouin venu d'on ne sait où, apparu dans un jardin le 31 juillet 1995 à Lardy, situé 40 kms au sud-ouest de Paris en Essonne. La Beauce, doux pays de l'enfance de notre écrivain qui, pas si étrangement que cela, se trouve des points communs avec ce singe, ce primate loin d'être primaire, cet alter ego, ce camarade de lutte contre les autorités, militaires, gendarmes et, ici plus spécifiquement, groupe animalier des sapeurs pompiers.
Ainsi, pour enfin raconter la cavalcade d'est en ouest du département de notre Babouin, Denis Langlois décide de s'adresser au disparu, de le tutoyer évidemment, ne sont-ils pas amis à travers le temps et l'espace ? Ceci dans un style enlevé, joyeux, doucement ironique, drolissime, poétique, imagé, engagé, bouleversant, enchaînant les scènes loufoques, attendrissantes ou dramatiques avec un souci du détail et une volonté farouche de vérité. Car, cette cavale d'un innocent traité comme un potentiel coupable, à l'instar d'un individu dangereux, se termine par une tragédie encore incompréhensible : l'abattage pur et simple à Monnerville le 31 août 1995 de notre héros malgré lui.
Refaisant le chemin de croix du fusillé, l'auteur en remettant les pas dans ceux du Babouin, revient également sur les siens propres, et refoule les territoires de son enfance et jeunesse dans cette Beauce si plate, et cependant jamais oubliée. En cet hiver de la vie, il se sent lié à cet animal au destin tragique qui, comme un kangourou en juillet 1998 ou un python royal en juillet 2000, a soudain éprouvé le besoin de s'échapper.
Mais c'était sans compter avec le prédateur numéro 1 de notre planète : l'humain.
Sous la légèreté du ton, l'humour de façade, la formule réjouissante, (par pudeur certainement ou pour contrer une émotivité paralysante), l'on sent le désarroi et l'incompréhension de Denis Langlois face à la bêtise et la violence de ses congénères. Honte à eux ! La mort d'un animal n'est pas secondaire, non ! Elle mérite un livre et quel livre ! hilarant souvent, bienfaisant par son propos et sa verve, nécessaire quoiqu'il en soit.
Je suis heureuse de l'avoir découvert et d'avoir pu en lire un extrait en vidéo, car au plaisir de la lecture s'ajoute celui, gustatif, des mots qui claquent ou fondent en bouche. Un texte théâtral ou cinématographique à la Michel Audiard où résonne toute la beauté et la truculence de notre belle langue.
Merci à l'auteur pour cet ouvrage insolite, trésor précieux pour ma bibliothèque.