Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
L'Apothicaire
Henri Loevenbruck
Flammarion
13 novembre 2012
608 pages
Divers
Chronique
11 mars 2017
Adoncques j'ai fini L'Apothicaire de Henri Loevenbruck hier soir.
La mémoire est très curieuse, j'ai été irrésistiblement attirée par ce roman, le cherchant dans les bibliothèques sauf que je l'avais déjà lu ! Tout me revenait au fur et à mesure.
Ayant souffert d'une amnésie de 25 ans, ce nouvel oubli était un peu déstabilisant, comme pour le héros central de ce récit, l'Apothicaire Andréas Saint-Loup. Il découvre le 11 janvier 1313 une pièce dans sa maison dont il avait oublié l'existence, un tableau dont un personnage est effacé.
Lui le scientifique un peu pédant et caustique ne comprend pas, et cela lui est insupportable. Nous sommes aux temps où voici un an Les Templiers ont été massacrés sur ordre de Philippe Le Bel aidé par l'inquisition, un temps où toute avancée scientifique, toute interrogation sur les textes sacrés est sacrilège et vous condamne comme hérétique au bûcher. Un temps où peu de possibilités étaient offertes aux femmes pour peu qu'elles aient de l'ambition. Un temps où pour remplir les caisses du Trésor royale on pille les juifs de France, on vole les biens des Templiers, tout est bon pour que les puissants rois, l'Église basée en Avignon s'enrichissent.
Deux poids, deux mesures. Une france de privilège et une France d'en bas, que l'on découvre dans la rue Saint Denis où se situe l'apothicairerie de Andréas, mais aussi la maison des fillettes ou tapineuses, au vocabulaire truculent et imagé avec en tête la belle et courageuse Magdala ; ainsi allons nous suivre le parcours initiatique de Andréas suivi par son nouvel apprenti Robin Messenier et Magdala mais aussi de Aalis Nouet. Les uns partent de Paris en suivant le chemin de Compostelle, l'autre de Béziers. Tous sont poursuivis pour des crimes présumés ou réels et ce bel ensemble se formera à Bayonne pour poursuivre ce long voyage intérieur et épique jusqu'à Pampelune, St Jacques de Compostelle, le monastère sainte Catherine du Mont Sinaï.....on retrouve les accents gourmands de la langue comme chez Rabelais, on lit un conte, une légende en quête d'un objet sacré comme à la recherche du saint Graal.
On découvre les villes, les campagnes, les paysages du XIVème siècle, on redécouvre l'immense érudition des gens de lettres ou de science, on se rappelle que le Moyen Âge n'est pas un temps obscure mais de lumières, de cosmopolitisme, de voyages aux confins des terres. Très beau livre, le 13eme de l'auteur, qu'il a porté en lui longtemps et lui a demandé beaucoup de recherches et de documentations. Une réussite que je conseille absolument....