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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

L'étrange destin de Katherine Carr

Thomas H.Cook

Seuil

17 janvier 2013

304 pages traduites par Philippe Loubat-Delfranc

Thriller

Chronique

3 juin 2018

« Tout dans la nature est art inconnu ;

Tout hasard, sens indiscernable ;

Toute discordance, harmonie incomprise,

Tout mal particulier, bien universel. »

Alexander Pope, Essai sur l'Homme.


Le titre est prémonitoire, je dirais même qu'il fait de notre vie, en écho à ces lignes par la lecture que nous en faisons avec notre vécu et notre empathie, un moment extra ordinaire.


Trois parties, trois histoires qui s'imbriquent l'une dans l'autre, un personnage central, le narrateur, l'écrivain journaliste voyageur George Gates, au début sur un bateau remontant un fleuve entre deux rives où s'étale la jungle. Lourdeur de l'air, chaleur poisseuse, un des passagers Mr Mayawati, vraisemblablement sans patrie, en mouvement constant, vient s'asseoir à côté de lui sur un transat.... Le temps s'étire.... Pour passer plus rapidement les heures de ce long périple, George se met à raconter un sombre mystère....

" Alors comme l'araignée lance le premier fil délicat de sa toile, je m'embarque dans mon récit."


Histoire de George donc, inconsolable depuis la disparition de Teddy son jeune fils et la découverte de son cadavre plus tard dans la rivière.... Il travaille depuis pour un journal d'une petite ville , Winthrop, en écrivant des biographies de personnalités locales. Il survit donc, la douleur et la haine au ventre car le coupable n'a pas été arrêté.


Pourquoi n'est-il pas allé chercher son fils à l'arrêt du bus comme promis ?


Jamais il ne se le pardonnera. Les nuits nombreuses d'insomnie, on le retrouve au bar près de la gare, le O'Shea's. Un ancien flic, Arlo, jadis spécialiste des disparitions, lui rapporte alors un cold case d'il y a 20 ans, Katherine Carr évaporée près d'une grotte non loin de la rivière. Poétesse et écrivaine, elle a laissé derrière elle des feuilles manuscrites remises à George comme un témoin dans une course épuisante et interminable.... Donc après la vie de notre héros, celle de Katherine vient s'y encastrer.


Toujours à la recherche d'un angle de vue original pour ses portraits, le journaliste est mis en contact avec Alice, douze ans, en fin de vie, atteinte de progeria, un vieillissement prématuré. C'est une enfant très intelligente, plongée dans les romans policiers dont elle réécrit les fins pour les améliorer.

Afin de trouver une connexion entre eux et instaurer un climat de confiance, il lui raconte le mystère Katherine Carr. Tous deux vont donc former un tandem improbable et touchant de non-dits, de pudeur, l'une orpheline, l'autre prêt à être encore un père.


Voici donc comment les destins de George, Katherine et Alice vont s'entremêler....


La disparition de la femme résonnera dans le cœur de George, ranimant sa soif de justice. Les écrits de Katherine sont prêtés au goutte à goutte ; peu à peu le brouillard se dissipe, éclaircissant un paysage flou et angoissant.

Un thriller à l'atmosphère surnaturelle et troublante. Le thème du Mal incarné par des coupables qui s'en sortent tout de même malgré les crimes commis, la notion de jugement immanent, la croyance en une double perspective des mondes, ne sont peut-être pas nouveaux, mais la construction en poupée russe si je puis dire, " de l'histoire dans l'histoire dans l'histoire", offre à l'auteur toute latitude pour nous perdre.


Les burannis pensent que "les choses non visibles de la vie étaient les plus puissantes de toutes. Pour eux, la Vie était invisible, comme la Mort, et on ne voyait pas davantage la force qui permettait à la douleur d'irradier d'une personne à une autre, et qui faisait qu'on ressentait la souffrance et le chagrin d'autrui."


Je sais intimement que reconnaître le Mal dans le regard d'un étranger est possible, le fait d'avoir survécu donne une prescience, on lit à livre ouvert dans ces êtres sans humanité, les frissons glacent à nouveau notre échine, on se remet immédiatement en état de dissociation, de repli, pour mieux analyser l'être face à nous et le danger potentiel qu'il représente immédiatement. On sait par toutes les pores de notre peau, de toute notre âme vibrante qui il est .... À partir de là, il faut agir...


Un très beau texte à découvrir avec beaucoup de patience, un livre très différent des cinq autres déjà lus et aimés. Celui-ci me trouble infiniment. Pas de pathos, pas de grandes explications, des demies teintes, de la délicatesse, de la pudeur...

Quatrième de couverture

Il y a sept ans, le corps de Teddy, le jeune fils de l'écrivain voyageur George Gates, a été repêché dans la rivière. On n'a jamais retrouvé le meurtrier. Depuis, Gates rédige des portraits de personnalités locales pour le journal de la petite ville de Winthrop où il s'est retiré. Et passe ses soirées au bar O'Shea's, accablé par le souvenir de cette journée terrible où il n'est pas allé chercher Teddy à l'arrêt du bus... Lorsqu'un flic à la retraite, jadis spécialisé dans les personnes disparues, lui parle de Katherine Carr, poétesse vue pour la dernière fois vingt ans plus tôt, près d'une grotte au bord de la rivière, il sort de sa torpeur. Katherine Carr s'est volatilisée, laissant un texte - fiction, expérience vécue? - qui va amener Gates à reconsidérer le drame de son fils et ses propres interrogations. Récit dans le récit où le surnaturel fait une incursion troublante, roman atmosphérique aux résonnances gothiques: L'Etrange destin de Katherine Carr donne des frissons dans le dos.

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