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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Danser dans la poussière

Thomas H.Cook

Seuil

Septembre 2017

355 pages traduites par Philippe Loubat-Delfranc

Thriller

Chronique

2 juin 2018

« Ce que nous pensons, ce que nous savons, ce en quoi nous croyons, n'a au final aucune importance. Ce qui compte, c'est ce que nous faisons. » John Ruskin, La couronne d'Olivier sauvage


« Les crimes au nom du mal sont très connus dans l'Histoire. Ce sont les crimes commis au nom du bien qui, le plus souvent, ne laissent pas de trace. » Martine Aubert, Lettre ouverte aux amis étrangers.


Sur les 25 romans policiers extraordinaires de cet auteur je viens donc d'en lire 5. Je suis une vraie admiratrice de cet écrivain, très bien traduit encore une fois, pour la beauté de la langue imagée et musicale, pour la profondeur de l'analyse psychologique des personnages, pour la magie et souvent l'empreinte surnaturelle de certains récits, pour la diablerie de la construction et du final de thrillers tel

« Sur les hauteurs du Mont Crève-Cœur » qui effectivement m'avait laissée bouleversée et bluffée.

Roman incroyable que celui-ci, extrêmement juste, sans concession et éclairant, sur la situation de la charity business organisée peut être avec les meilleures intentions du monde par les ONG, mais avec un tel paternalisme aveugle aux réels besoins des populations dans maints pays en difficulté, qu'elle en devient dangereuse.

On impose cette présence occidentale, cette pitié, qui à long terme ne fait qu'empirer les choses pour tous. On lance des projets de puits ou de culture du café dans des régions où les tribus sont nomades avec leurs troupeaux et savent parfaitement où aller pour trouver de l'eau, où les céréales cultivées depuis des millénaires ont empêché la famine. Les africains ne boivent pas de café ni de cacao d'ailleurs, pourquoi leur imposer ces cultures.


En voulant aider et certainement aussi redorer notre blason post colonialistes, sans demander aux habitants de ces pays d'Afrique ce dont ils ont vraiment la nécessité, dans le respect des traditions, coutumes, croyances, nous avons apporté le mal en voulant faire le bien.

Et le gouffre est plus profond de jour en jour, il suffit de suivre les infos africaines le samedi matin sur TV5MONDE pour en être frappé.


Je sors du livre traitant de ce sujet de géopolitique essentiel avec beaucoup de tristesse, de colère et de soulagement, constatant qu'un tel auteur aborde enfin ce thème extrêmement délicat de la présence encore des intérêts et ONG occidentaux sur les terres africaines. C'est à hurler ! L'africaine de cœur que je suis, par mon enfance en Côte d'Ivoire et le métissage de ma famille, serre les dents, sachant exactement l'origine et les conséquences de cette pensée blanche d'assistanat des pauvres noirs qui sont bien incapables de s'en sortir sans eux ! On cauchemarde ! Sans parler de l'intérêt financier à piller toujours les richesses minières et autres de ce continent. Je rêve d'une Union Africaine qui enfin se passerait de nous. Qu'elle nous oublie et réclame les fonds bloqués dans nos banques, notoirement en France. On verra alors qui doit être assisté !


J'ai aussi terminé ce thriller émerveillée et en amour pour le personnage central de Martine Aubert, blanche effectivement, mais Africaine par tous les pores de sa peau, fermière cultivant des céréales traditionnelles comme son père belge précédemment, venu s'installer du Congo sur ces terres voilà plus de cinquante ans.


L'action se déroule dans un pays fictif, le Lubanda, symbole bien trouvé de tout ce qu'on aime et déteste sur ce sol africain, qui dans les années 90 sera aux portes de l'enfer que créera un boucher tortionnaire et dictateur, aidé de ses troupes de tueurs. Dès lors la manne financière que représente l'aide internationale est détournée par ces hommes, le pays est mis à feu et à sang, gangrené par la corruption.


Les jours de Martine sont comptés, trop indépendante, contre la présence dangereuse des ONG qui accumulent les erreurs de jugement et financent indirectement les juntes militaires et les barbares à la machette facile. L'horreur se répand comme un feu gigantesque.


Dans ce contexte le narrateur, Ray Campbell, jeune idéaliste, débarque de New-York, envoyé par une ONG. Sa vision simpliste de ce que devrait être l'aide occidentale est en totale contradiction d'une part, avec la réalité du terrain, et d'autre part avec les convictions de la lubandaise Martine, s'appuyant sur son expérience et son appartenance à ce pays, femme dont il tombe amoureux dès le premier regard. Vivent avec elle à la ferme, Fareem son ami depuis l'enfance, et Seso l'interprète et boy de l'américain.


Vingt ans plus tard, patron d'une société reconnue d'évaluation des risques, new-yorkaise, idée assez savoureuse de l'auteur, Ray reçoit la visite de Bill Hammond, Directeur du Mansfield Trust, ayant des projets d'investissement au Lubanda. Ils se sont connus là-bas, et ont été tous deux touchés à des degrés divers par " l'incident", l'assassinat de Martine sur la route de Tumasi.


Aujourd'hui, c'est le cadavre de Seso qui a été retrouvé à New-York, après qu'il ait contacté Bill pour lui remettre des preuves liées au meutre de la jeune femme. Ray cette fois va se risquer à retourner sur place incognito, il le lui doit, il est responsable de sa mort..... Qu'a-t'il donc fait d'irréparable voici 20 ans ? Ce secret peut-il faire basculer l'avenir du pays ressuscité par l'arrivée d'un nouveau président ?


" Le ciel immémorial scintillait sous le rouge légendaire du couchant de cette région du monde alors que je mettais le pied dans le champ où l'on avait dispersé les cendres de Martine. ..... Mais je me rappelle encore - et ne l'oublierai jamais- que, à un moment donné, une rafale de vent a soufflé dans le champ et, sur ses ailes, un délicat nuage de poussière rouge s'est soulevé, a tournoyé et dansé comme une femme virevoltant autour du feu de camp lors d'une fête de village."

Livre saisissant, dramatique, engagé, une histoire d'amour à travers le temps...

Quatrième de couverture

Dans les années 1990, Ray Campbell s'installe au Lubanda, État imaginaire d'Afrique noire, pour le compte d'une ONG.
Sa vision de ce que devrait être l'aide occidentale ne rencontre pas l'approbation de Martine Aubert, née et établie au Lubanda, pays dont elle a adopté la nationalité. Elle y cultive des céréales traditionnelles dans la ferme héritée de son père belge, et pratique le troc. Tant que règne le bon président Dasaï, élu démocratiquement, Martine vit en harmonie avec la population locale. Mais tout bascule quand des rebelles instaurent un régime de terreur : elle devient alors une étrangère " profiteuse ". Sommée de restituer ses terres ou de partir, elle se lance dans une lutte vaine contre le nouveau pouvoir en
place avant d'être sauvagement assassinée sur la route de Tumasi. Campbell, amoureux transi de l'excentrique jeune femme, rentre en Amérique.
Vingt ans plus tard, devenu le florissant patron d'une société d'évaluation de risques, il apprend le meurtre, dans une ruelle de New York, de Seso, son ancien boy et interprète. Voilà qui rouvre de vieilles plaies et ravive plus d'un souvenir brûlant.
Ayant établi que Seso détenait des documents relatifs à la mort de Martine, il retourne au Lubanda pour confronter les coupables.

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